Les start-ups et jeunes sociétés en création, le plus souvent dans les domaines innovants et dirigés par les générations Y et Z, font appel au crowdfunding depuis un bon moment déjà. Mais pour la plupart des PME établies, ceci reste en général un moyen de financement non exploité et plutôt exotique… Alors qu’en est-il ?
Le principe du crowdfunding ou financement participatif est de financer un projet, sans l’intermédiaire des banques, en s’adressant directement « à la foule », autrement dit, à des particuliers. Mais, selon le type de crowdfunding choisi, le fonctionnement est radicalement différent d’une plateforme à l’autre.
Le modèle le plus connu du grand public est le reward-based crowdfunding ou le financement participatif fondé sur la récompense. On distingue clairement 2 types de projets dans ce modèle :
- -Pour les projets associatifs, culturels ou artistiques, les financeurs sont plutôt des mécènes qui se contentent d’une contrepartie symbolique telle que la mention de leur nom dans l’affiche de l’événement.
- -Pour les projets industriels, le financeur est un client consommateur potentiel. Dans ce cas, par leur participation, les financeurs sélectionnent et valident les produits qu’ils consommeront demain, et la récompense sera un type de (pré)vente du produit concerné.
C’est ce modèle qu’utilisent les plateformes comme Ulule, Kickstarter, Indiegogo ou KissKissBankBank.
Un autre modèle est celui du equity-based crowdfunding ou financement participatif fondé sur l’achat des parts sociales ou des actions. Les financeurs deviennent donc actionnaires de la société qu’ils financent. Ce type de financement participatif attire surtout des investisseurs qui souhaitent se créer un portefeuille d’actions et qui ont des connaissances économiques et financières assez pointues. Exemples de ce type de plateforme sont Crowdcube et Wefunder.com, voire Anaxago.com, qui se spécialise dans les projets immobiliers.
Finalement, il y a le modèle du debt crowdfunding, crowd lending ou prêt participatif. Dans ce cas, les financeurs prêtent de l’argent à l’entrepreneur, qui leur paiera un taux d’intérêt prédéfini et leur remboursera à un moment prédéfini. Lendingclub.com se focalise sur ce modèle-ci.
Les avantages du crowdfunding sont nombreux :
- –Le plus grand mérite du crowdfunding est de vous libérer de la dépendance à l’égard des banques, surtout pour des besoins d’apport relativement petit. La banque veut limiter ses risques et se concentre donc sur les chiffres. Avec le crowdfunding, le principe veut que beaucoup de financeurs apportent un petit montant, ce qui signifie un petit risque pour chacun. Dans ces conditions les financeurs se laisseront plus guider par la présentation du projet et leurs sentiments, que par les tableaux financiers.
- -C’est aussi un outil de marketing numérique très puissant. Pour amener des internautes à soutenir votre projet, vous allez devoir communiquer. Mais vos financeurs se feront ensuite ambassadeurs de votre projet, ils en feront part à leurs connaissances. Si votre financement approche de son but, la plateforme vous mettra elle aussi en avant. Cette spirale virtuelle peut créer un buzz rapidement. Vous, et votre marque gagnerez ainsi en notoriété et en visibilité.
- -C’est un processus assez rapide. Généralement, une campagne de crowdfunding se tient sur une durée allant de 20 à 90 jours maximum.
- -Dans le cas du reward-based crowdfunding, la campagne vous permet d’évaluer votre produit et votre prix de vente final, et de réaliser des préventes.
Mais comme toute solution, le crowdfunding présente des inconvénients :
- -Une campagne de crowdfunding demande beaucoup d’énergie : vous allez devoir communiquer beaucoup, bien avant et tout au long de la campagne. Comme on joue sur l’attrait visuel, il faut investir dans des vidéos et de belles photos… ce qui n’est pas forcément la zone de confort d’une PME traditionnelle. Vous allez aussi devoir puiser les premiers adhérents dans votre propre cercle, qui doit donc être conséquent, pour créer vous même le début de cet effet boule de neige virtuel.
- -Dans le cas de crowd-equity, il y a dilution des parts sociales et vous perdrez une partie de votre contrôle et de votre liberté.
- -Dans le cas du reward-based crowdfunding, il faut être en mesure de livrer le produit dans les délais stipulés. S’il s’agit d’une première production, ceci s’avère parfois problématique.
- -La plupart des plateformes travaillent sur le principe du tout ou rien. Soit vous atteignez l’objectif de financement et vous touchez la somme intégrale financée. Soit vous n’y arrivez pas, et vous ne toucherez rien du tout.
- -Le crowdfunding est plus coûteux que l’emprunt bancaire : la commission de la plateforme varie de 5 % à 12 % du montant des fonds levés et les intérêts offerts dans le cas de prêts doivent être attractifs par rapport à d’autres solutions de placement moins risquées.
- -La réglementation est très floue. En tant que chercheur de fonds, on ne sait pas trop ce qui est dû en cas d’échec du projet et l’idée commerciale pourrait être copiée. En tant qu’investisseur, peu de plateformes font de la « due diligence » sur les projets soumis. D’autre part, le FINMA s’inquiète sur les possibilités de blanchir de l’argent par le biais du crowdfunding. Et sur le plan fiscal, il n’est pas toujours clair de savoir si on parle de fonds propres, de dettes ou de chiffre d’affaires réalisé.
Donc, en théorie, le crowdfunding pourrait financer parfaitement des besoins d’apport en argent pour les PME. Cela vaut surtout, par exemple, pour l’acquisition d’un véhicule de transport, pour lancer un nouveau produit et sa production, pour la rénovation d’un laboratoire de fabrication, pour financer l’ouverture de nouveaux points de vente ou pour développer de nouveaux marchés. Autrement dit, pour tous les événements importants de la vie d’une entreprise. On peut même très bien faire un mix des 3 modèles. Aujourd’hui, le financement participatif est une véritable alternative au financement bancaire. Mais, pour réussir, mieux vaut s’entourer d’experts.