Photo Rémy Rochemont
Par Eugénie Rousak
Après une carrière de 25 ans comme manager puis directeur Supply Chain dans des entreprises multinationales, Rémy Rochemont lance son activité indépendante « c2mr » en 2017, puis devient coach professionnel certifié. Il intervient en anglais et français et se déplace sur toute la Suisse. Cet ancien responsable opérationnel se concentre sur l’essentiel, mais insiste toujours sur l’indispensable « connais-toi toi-même ! » avec ses clients.
Monde Économique : Quel est votre parcours et pourquoi avoir eu envie de vous tourner vers le coaching ?
Rémy Rochemont : Jusqu’au tournant des années 2010, j’ai beaucoup appris et aussi profité d’un certain confort offert au sein des multinationales. Les conditions se sont ensuite dégradées, heurtant de plus en plus souvent les valeurs du leader que j’étais devenu. À titre plus personnel, mes besoins de liberté, de goût du risque et de créativité, mis sous le boisseau pendant (trop) longtemps, se sont rappelés à moi : il fallait tourner la page. J’ai assez vite compris que ce qui me plaisait et avait fait ma réputation durant 15 ans, c’était le développement des process, des managers et des équipes. Il m’a fallu cependant 2 ans, tout d’abord pour me « dé-formater », puis me lancer comme coach et partager ma vision « d’un monde plus détendu » !
Nous sommes beaucoup plus libres que nous le pensons, mais il faut en avoir d’abord le désir, puis le courage pour le devenir
Monde Économique : Quelles sont les valeurs que vous mettez en avant dans votre pratique du coaching ?
Rémy Rochemont : Tout d’abord la liberté, qui reste pour moi LE défi d’une vie. Nous sommes beaucoup plus libres que nous le pensons, mais il faut en avoir d’abord le désir, puis le courage pour le devenir. Ensuite, l’humilité : accepter ses limites, oser dire « je ne sais pas » renforce la crédibilité et la fiabilité du « je sais ». Enfin, la simplicité, qui nous oblige à revenir au pourquoi des choses, loin de la novlangue des derniers concepts à la mode. En pratique, cela implique tout d’abord de fixer des objectifs réalistes. Si le client souhaite modifier son comportement au travail, il faut identifier une compétence particulière à développer, et mettre en place des actions concrètes « dès le lendemain ». S’il s’agit d’une perte de motivation, il est possible de travailler sur ses habitudes et sa relation aux autres pour augmenter son bien-être immédiat, stratégies bien plus payantes que l’atteinte d’un bonheur hypothétique. En parallèle, un travail de découverte des besoins profonds du client sera systématiquement conduit, lui permettant, à moyen terme, de devenir davantage responsable de ses choix.
Monde Économique : Quels sont les types de problématiques pour lesquelles les professionnels font appel à vous ?
Rémy Rochemont : Les entreprises me contactent pour des compétences de management à développer, pour la préparation à des postes demandant plus d’autonomie, ou pour des problèmes de motivation. Même s’il s’agit d’un problème d’équipe, je privilégie toujours une approche individuelle, pour pouvoir par la suite mieux valoriser collectivement ces ressources. D’ailleurs, en me basant sur mon expérience de TQM® et 6-Sigma®, je développe actuellement une offre de « culture de coaching » par capillarisation, en travaillant avec des groupes de volontaires autour d’objectifs concrets. Quant aux demandes individuelles, elles proviennent de professionnels qui veulent examiner leur situation en toute indépendance, le déclencheur est souvent une remise en cause professionnelle. Enfin, les dirigeants, que mon profil et mon esprit libre intéressent, peuvent faire appel à moi comme sparring-partner pour confronter leurs idées.
Monde Économique : Quelles sont les méthodes que vous utilisez ?
Rémy Rochemont : L’écoute et le travail de connexion au corps sont essentiels. J’ai une prédilection pour les outils transpersonnels et de programmation neurolinguistique (PNL). Idéalement, mon client doit trouver par lui-même à la fois, et ses solutions, et les ressources personnelles pour les mettre en place. Mon passé professionnel et mon intuition me permettent cependant de proposer des options : quand la réalité (le temps) le demande, j’assume de « souffler » au cas par cas les chemins possibles. La gestion de cet équilibre entre le temps nécessaire à l’auto-apprentissage et l’arrivée de ma suggestion est de ma responsabilité. Je taquine souvent mes clients en leur disant que j’adore les voir patauger, tout en leur assurant que je ne les laisserai pas tomber. Dès qu’ils se prennent au jeu, ils passent à l’auto-coaching : ce sont alors des coachs en devenir et mon but est atteint, comme il l’était jadis avec mes managers.
Je développe actuellement une offre de « culture de coaching » par capillarisation, en travaillant avec des groupes de volontaires autour d’objectifs concrets
Monde Économique : Comment voyez-vous le coaching aujourd’hui ?
Rémy Rochemont : Dans ce XXIe siècle de l’hyperconnexion, les outils de base du coaching deviennent aussi importants que les bonnes manières ou les langues étrangères. Le coaching est aujourd’hui à la portée de toutes celles et ceux qui veulent gagner en autonomie. S’il est important de s’occuper des collaborateurs les plus prometteurs, il me semble néanmoins primordial d’offrir également ces outils de développement aux autres employés fidèles qui détiennent la mémoire et le savoir-faire de l’entreprise ; ils nous en seront reconnaissants.
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