Facteur d’une « augmentation » temporaire de l’être et d’une amplification de ses capacités.
La consommation de café fait partie intégrante de notre quotidien socio- professionnel, et c’est le moindre que l’on puisse dire. Plus qu’un geste habituel sur le lieu du travail, avaler cette boisson est devenu un réflexe, un tic pour des millions d’employés toutes cultures nationales et tous niveaux hiérarchiques confondus. Le café rassure, redonne de l’énergie et permet un « re- start » des activités. Après avoir trempé ses lèvres dans la boisson couleur brun chaud, on se sent plus performant, on voit plus clairement dans les tâches à accomplir et, de surcroît – on se découvre des liens renforcés avec ses collègues et avec son lieu de travail. Surtout à l’heure de la pause- café.
Certes, le rôle du café et de la pause- café comme facteur de cohésion et de renforcement des liens dans l’entreprise n’est pas unanimement reconnu, un certain nombre de dirigeants et de cadres supérieurs ayant tendance à interpréter cette petite évasion en termes de perte de temps et de risque de baisse de la productivité (nous nous référons Décalage certes il y a mais on peut dire que, globalement, les bienfaits de la sombre boisson chaude sont salués même sur les sommets de la hiérarchie.
Après une première sensation très « soft », transmise par son odeur suave, de confiance renouvelée, de sécurité et de douceur de vivre, le café passe à l’essentiel de son action et c’est alors ce sentiment d’acuité mentale, d’amplification subite de la concentration et de la mémoire, de lucidité et d’éclaircissement, que toute personne active recherche pour pouvoir poursuivre son travail. On a beau savoir que cette concentration rehaussée ainsi que la sensation de bien-être sont éphémères et illusoires : on découvre à chaque fois, inaltérable, le même bonheur de se sentir mentalement « augmenté », aux commandes de ses propres destinées, au contrôle de ses activités et responsabilités.
Pourtant, attention : quand nous venons chercher dans cette boisson étrangement sombre un surcroît de lucidité et un éclaircissement de la vision des tâches à accomplir et des objectifs à réaliser, admettons un moment qu’il y ait des risques à prendre en compte et des effets secondaires à subir. Substance addictive et psychoactive, la caféine peut induire dans les eaux troubles de la dépendance, dans la spirale de l’augmentation progressive des doses. Cela amène à son tour une pléthore de problèmes dont la gravité varie et va de l’augmentation du cholestérol aux problèmes cardiaques en passant par des déviations psychiques et comportementales.
Le café est-il favorable au processus de prise de décision ?
Risques pour la santé en général, mais aussi, en particulier – pour les capacités intellectuelles. Certes, au plus fort de l’action de la caféine, la concentration et la mémoire semblent être aiguisées et fonctionnent à merveille. Toutefois, aussi importants ces deux paramètres puissent être, ils ne déterminent pas à eux seuls – ils en sont plutôt les outils, les instruments – l’intelligence humaine. Celle-ci se mesure avant tout à la capacité de lecture des faits et des événements de la réalité environnante, à la faculté de discernement, de jugement et finalement de prise de décisions. Il est légitime de se demander si, en entreprise comme ailleurs, une consommation intense de café n’altère pas ces facultés et si elle ne gêne pas le processus décisionnel. La surexcitation provoquée par la caféine quand elle est au pic de son action cadre mal avec le calme et la souplesse d’esprit et de pensée nécessaires à tout bon discernement tandis que, dans le cas contraire – celui de la phase de « manque » et d’influence affaiblie du café sur le cerveau, une respiration gênée allant parfois jusqu’à l’impression d’étouffement peut causer une mauvaise oxygénation du cerveau et devenir ainsi responsable d’un raisonnement altéré, déformé. Alors, le café serait-il à recommander aux salariés de type « exécutants » dont il encouragerait la productivité et l’efficacité et au contraire – à déconseiller aux décideurs qui auraient un devoir de sobriété d’esprit et de discernement ?
Une chose est sûre : chez les uns comme chez les autres, on doit chercher à identifier et à respecter la juste mesure. Loin des différences hiérarchiques, celle-ci diffère d’un individu à l’autre et peut varier d’une seule tasse à 3 voire 4 tasses par jour.