Désormais, même la faillite d’une entreprise représente une formation enrichissante à en croire certains entrepreneurs. On connaissait depuis longtemps les réseaux pour nouer des contacts afin de lancer sa start-up ou tester une idée innovante. Il suffit pour s’en convaincre de constater la multiplication des Failcon. Cet acronyme, né de la contraction de Failure Conference, littéralement Conférence de l’échec, représente la dernière tendance à la mode dans les congrès réservé à l’entreprenariat ou encore dans les salons traitant du monde de l’entreprise sous toutes ses formes. Le collaboratif et le participatif s’immisce dans tous les pans de nos économies modernes, et désormais l’échec de l’entrepreneur est rejoint par cette mode du « tous ensemble pour progresser ».
A une époque, où les réussites éclairs, les start-up célèbres et les self-made-men devenus millionnaires sont célébrés et imités, il n’empêche que les Failcon attire un public de plus en plus nombreux. Des entrepreneurs, ayant connu les affres de la faillite, viennent raconter leur lente et douloureuse descente aux enfers. Le phénomène de ces conférences de l’échec nous vient bien évidemment des Etats Unis. Dès 2013, les premières Failcon étaient alors organisées en Suisse (théâtre de Rigiblick à Zurich), en France (Centre de conférences à Issy les Moulineaux), et dans la plupart des pays d’Europe.
Ces conférences, même si elles peuvent connaître des adaptations pour s’ajuster au marché, se déroulent toujours de la même manière. Des entrepreneurs malheureux viennent se dévoiler en détails, expliquant la disparition de leur entreprise. Il leur est également demandé d’en expliquer, selon eux, les raisons mais aussi d’avancer les éventuelles mesures, qui auraient pu permettre une telle issue fatale. L’exercice est d’autant plus difficile, qu’il se fait devant des dizaines voire des centaines d’investisseurs, de futurs créateurs, d’institutionnels, …
Pour l’acteur de cet échec, l’objectif est d’identifier ses erreurs afin de pouvoir rebondir. Et pour rebondir, quoi de mieux que de nouer des contacts avec des acteurs du monde de l’entreprise. Les bénéfices d’une telle intervention sont aussi d’ordre plus psychologiques, puisqu’il faut alors dépasser ses peurs et surmonter ce traumatisme de l’échec.
Mais quel est alors l’intérêt des chefs d’entreprise ou des entrepreneurs en herbe de venir se confronter à l’éventualité d’un échec ? Certains apprécieront la possibilité d’identifier les causes multiples de ces échecs afin de pouvoir s’en prémunir. Mais en la matière, la diversité des entreprises rend la prévention plus difficile. Et si les Failcon n’attirait les entrepreneurs que pour les aider à bien préparer …leur échec ? Des conférences pour apprendre à (bien !) échouer ou des séminaires pour prévenir les défaillances ?