Forte croissance des plus grandes entreprises pharmaceutiques en 2015

31 mai 2016

Forte croissance des plus grandes entreprises pharmaceutiques en 2015

Les 21 plus grandes entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques ont réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de EUR 429 milliards dans les thérapies et les médicaments, soit une hausse de 3,7 % par rapport à l’année précédente. La rentabilité continue, elle aussi, à progresser, selon une analyse récente d’EY : la marge moyenne a augmenté d’un point de pourcentage, à 26 %. Si les deux grands groupes suisses ont enregistré une forte hausse de leur chiffre d’affaires et de leur résultat, les effets de change y ont contribué pour beaucoup. Au niveau des dépenses de recherche, Roche et Novartis sont au premier rang. Les principes actifs anticancéreux, qui demeurent les principales sources de revenus, ont nettement progressé, Roche en étant de loin le leader mondial. Les stratégies de recentrage de portefeuilles se poursuivent également durant l’année en cours : les grands groupes pharmaceutiques n’ont pas vraiment d’autre choix, s’ils entendent suivre le rythme de croissance du secteur et résister à l’essor fulgurant des grandes sociétés de biotechnologie.

Le secteur pharmaceutique a surmonté sa phase de faiblesse et affiche une forte croissance : les 21 plus grandes entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques ont de nouveau enregistré une hausse sensible de leur chiffre d’affaires et de leur résultat opérationnel en 2015. C’est ce qui ressort d’une analyse exhaustive menée par la société d’audit et de conseil EY. Le chiffre d’affaires pharma des sociétés a ainsi progressé de 3,7 % et ce, hors effets de change (contre 4,2 % l’année précédente), pour atteindre le niveau record de EUR 429 milliards. En 2013, la branche était encore en proie à la stagnation. Parallèlement, la rentabilité des entreprises s’est encore améliorée. Le résultat opérationnel (EBIT) a connu une hausse sensible de 6,8 %, entraînant une amélioration de la marge EBIT (rapport entre le résultat d’exploitation total et le chiffre d’affaires total), qui est passée de 24,9 % à 26,0 %. Au total, les sociétés étudiées ont enregistré un chiffre d’affaires de plus de EUR 147 milliards grâce aux médicaments et thérapies.

Les dépenses de recherche et développement (R&D) ont bondi, ce qui laisse prévoir une poursuite de la croissance à l’avenir. S’établissant à EUR 79,8 milliards, elles ont ainsi progressé de 3,1 % et ce, hors effets de change. Les dépenses de fusions et acquisitions (F&A) sont également restées à un niveau élevé en 2015 : les grands groupes ont investi au total USD 168 milliards dans des opérations de F&A (compte non tenu du rachat avorté d’Allergan par Pfizer). Le montant de ces transactions atteint pour la deuxième fois un niveau record depuis 2014.

Croissance de l’industrie sur tous les fronts

« L’année dernière a été entièrement placée sous le signe de la croissance pour les grands groupes pharmaceutiques et biotechnologiques. De manière générale, les chiffres d’affaires, les bénéfices tout comme les investissements ont connu une trajectoire ascendante », déclare Jürg Zürcher, responsable du secteur des Sciences de la vie chez EY Suisse, en commentant ces chiffres. « L’industrie a de toute évidence le vent en poupe. Toutefois, la croissance est répartie de manière inégale. D’une part, ce sont surtout les grandes entreprises de biotechnologie qui portent la croissance. Leurs produits innovants et leurs thérapies efficaces ont été autorisés à l’échelle mondiale et contribuent à diminuer durablement les coûts de santé. En revanche, les grandes entreprises pharmaceutiques se focalisent avant tout sur le recentrage de leurs portefeuilles. Cette stratégie demeure nécessaire, car la croissance de leur chiffre d’affaires ne suffit pas à combler l’écart de croissance par rapport au marché mondial des médicaments. De plus, une partie de la croissance est attribuable aux effets de change. »

Les grandes entreprises de biotechnologie dominent sur le plan de la croissance du chiffre d’affaires : entre 2013 et 2015, Gilead Sciences a enregistré une croissance moyenne annuelle de 70,7 %, Biogen de 24,6 % et Novo Nordisk de 13,6 % – et ce, hors effets de change. Premier groupe pharmaceutique à leur succéder, Bayer arrive à la quatrième place, avec un taux de croissance moyen annuel de 10,8 %. Roche a enregistré une légère croissance. En revanche, à taux de change constants, le chiffre d’affaires de Novartis, comme celui des géants de l’industrie, Pfizer et GlaxosSmithKline, se sont inscrits en recul.

Les entreprises pharmaceutiques bâloises dans le top 5 en termes de bénéfices

Au niveau du bénéfice réalisé (EBIT), les deux groupes bâlois arrivent certes en troisième (Roche), respectivement cinquième (Novartis) position en chiffres absolus, mais ils ont enregistré un recul de leur marge EBIT, compte non tenu des effets de change. Ce repli a atteint 7,3 % chez Roche et même 9,1 % chez Novartis. L’ensemble du secteur affiche une marge EBIT de 26,1 % en 2015. Celle-ci a été alimentée par les grandes entreprises biotechnologiques qui ont toutes atteint des marges supérieures à 40 %. Autant Roche s’est clairement inscrit au-dessus de la moyenne (31,1 %), autant Novartis s’est retrouvé en dessous (20,0 %). Les deux géants pharmaceutiques ont enregistré un recul de leur marge EBIT.

« Même si d’autres branches n’oseraient jamais imaginer de telles marges, ces groupes doivent constamment travailler à leur rentabilité. C’est pourquoi ils se recentrent sur leurs compétences clés et investissent dans la recherche et le développement. Mais les portefeuilles doivent encore être élagués », explique Jürg Zürcher. Le groupe américain de biotechnologie Gilead Sciences en fait actuellement la meilleure démonstration : Gilead est le leader du marché des médicaments contre le VIH et l’hépatite C. En se recentrant sur ces groupes de produits, il a fait un bond de la neuvième à la quatrième place en 2015 dans le classement des entreprises affichant les plus gros chiffres d’affaires.

Aucune autre entreprise que Gilead ne réalise son chiffre d’affaires si exclusivement grâce aux médicaments phares (blockbuster, chiffre d’affaires annuel supérieur à USD 1 milliard). La part de ces médicaments dans son chiffre d’affaires total était de 92,2 %. On retrouve des proportions similaires chez les deux autres géants du secteur que sont Novo Nordisk (90,7 %) et Amgen (88,0 %). Au total, la part des médicaments phares était de 60 %, soit deux points de pourcentage de plus qu’en 2014.

Les principes actifs contre le cancer et les maladies auto-immunes prédominent

Les groupes pharmaceutiques ont surtout développé leurs chiffres d’affaires dans les principales indications thérapeutiques, c’est-à-dire des médicaments contre le cancer et les maladies auto-immunes. Dans ce segment, ils ont généré au total EUR 115,8 milliards (contre EUR 94,1 milliards en 2014). Roche vient clairement en tête dans les anticancéreux, avec un chiffre d’affaires de EUR 27,0 milliards. Novartis a réalisé un chiffre d’affaires de EUR 14,1 milliards et arrive en troisième position, directement derrière AbbVie. Par ailleurs, le secteur a de nouveau davantage misé sur les médicaments traitant les maladies cardiovasculaires et les troubles du métabolisme, le chiffre d’affaires progressant dans ce domaine de EUR 74,1 milliards à EUR 84,8 milliards.

3770 principes actifs dans le pipeline

Grâce aux pipelines de produits en développement, les groupes peuvent espérer poursuivre leur trajectoire de croissance dans les années à venir. Au total, 3770 principes actifs étaient dans le pipeline des sociétés en 2015 (soit une hausse de 12 % par rapport à l’année précédente). Le nombre de médicaments se trouvant dans les phases ultérieure
s de développement a lui aussi progressé, après avoir connu un recul en 2014.

Pour Jürg Zürcher, la croissance du pipeline est un bon signe pour l’industrie : « La qualité des médicaments dans ces phases ultérieures est très élevée. Grâce à de nouvelles méthodes telles que les biomarqueurs ou les outils de diagnostic, les projets voués à l’échec peuvent être identifiés et arrêtés plus tôt de nos jours. Ceci explique pourquoi les entreprises ont étudié un nombre nettement plus important de principes actifs ces deux dernières années. La hausse du nombre de médicaments dans les phases ultérieures montre que l’on peut compter sur des produits de grande qualité qui apportent un véritable bénéfice aux patients. »

 propos de l’étude

L’analyse menée pour cette étude portait sur les secteurs pharmaceutique et biotechnologique des 21 entreprises cotées affichant les plus forts chiffres d’affaires à l’échelle mondiale. L’entreprise familiale allemande Boehringer Ingelheim a été ajoutée à l’analyse, ce qui a eu pour effet de modifier les chiffres de l’exercice précédent. Aucune activité étrangère à ce secteur n’a été prise en compte dans l’analyse. Les informations sont tirées des rapports annuels et des communiqués de presse des entreprises ainsi que des documents publics de la Securities and Exchange Commission (autorité américaine de surveillance des marchés boursiers); elles se rapportent aux exercices 2013, 2014 et 2015.

 

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