Interview de Sophie Lambert: Le temps d’un chef d’entreprises étant compté, il est impératif d’optimiser les contacts

18 août 2016

Interview de Sophie Lambert: Le temps d’un chef d’entreprises étant compté, il est impératif d’optimiser les contacts

Interview de Sophie Lambert fondatrice de SL Consulting une agence de relations publiques et de conseil en image et présidente de « l’Entreprenariat au Féminin ».

Monde Economique : Le 8 octobre 2015 vous avez créé, « L’Entreprenariat au Féminin » une plateforme d’échange dédiée à la création d’entreprise par les femmes. Comment cette idée vous est venue à l’esprit ?

Sophie Lambert : Je dirai que j’ai créé le club de « L’Entreprenariat au Féminin », suite à un constat. Quand j’ai créé mon entreprise, j’ai dû initier une campagne de prospection pour développer ma notoriété et mon portefeuille clients. Pour se faire je me suis tout naturellement rapproché de diverses organisations professionnelles qui proposaient des évènements propices au réseautage. Très vite, j’ai été déçue puisque la plupart du temps je me retrouvais au milieu d’un apéritif dinatoire ou d’un business lunch entourée de personnes nullement intéressés par mes services mais davantage intéressée par la récolte de cartes de visite. Quand je rentrais chez moi mes poches étaient pleines de contacts complétement inutiles. A force de perdre du temps et de l’argent, petit à petit j’ai commencé à comprendre que bon nombres des organisateurs de ces moments ignoraient que le réseautage était une activité qui ne s’improvisait pas. En effet tout comme le speed dating, le réseautage est une méthode de recherche de partenaires qui nécessitent un minimum de préparation en amont et en aval de la part des organisateurs. Le temps d’un chef d’entreprises étant compté, il est impératif d’optimiser les contacts et de créer de la valeur dans les échanges. Je pense que nos évènements ont du succès car en sus de l’atmosphère conviviale qui y règne on peut y faire des contacts utiles par les mises en relations personnalisées que l’on propose.

Monde Economique : Nombreuses sont les femmes détentrices d’un talent ou d’un savoir-faire particulier qui ont du mal à se lancer dans l’entrepreneuriat. Cette incapacité à prendre des initiatives serait-elle due à une carence du système éducatif ?

Sophie Lambert : Pour bien appréhender la situation actuelle de la femme en Suisse, il faut se replonger un peu dans l’histoire. Chez nous contrairement à certains de nos voisins européens le principe de l’égalité entre homme et femme est une notion relativement récente, puisqu’il n’a été inscrit dans la constitution fédérale qu’en 1981. Pour mémoire jusqu’en 1976 une femme mariée ne pouvait exercer une activité professionnelle sans l’accord de son époux. Même si les femmes ont obtenu le droit de vote en 1971, dans le subconscient populaire, la femme a encore été très tard celle qui gérait le foyer et qui éduquait les enfants et l’homme celui qui le finançait. Même si c’est une croyance qui commence à s’estomper, les mentalités changent gentiment. La pénurie de crèche en suisse est la preuve indéniable de la persistance de cette croyance. Dans un tel contexte il va de soi qu’une femme peut difficilement mener de front une vie de mère de famille en parallèle avec une fonction d’entrepreneuse. D’ailleurs pour faciliter la vie des mères de famille faisant partie de nos membres, nous préférons organiser nos rencontres à l’heure du déjeuner et non le soir. Au cas où nous serions amenés à organiser des évènements le soir nous envisageons d’organiser un système des crèches itinérantes afin que certaines femmes puissent venir accompagnées de leur époux. Pendant que leurs parents feront du réseautage les enfants se verront proposer des activités d’éveil. Ainsi nous pensons contribuer à ce que la réussite d’un époux ou d’une épouse ne se fasse pas au détriment de leurs conjoints respectifs. Pour en revenir au système éducatif, tout ce qu’on peut lui reprocher c’est de ne pas inciter les jeunes à sortir de leurs zones de confort, afin qu’il puisse se lancer dans l’entrepreneuriat.

Monde Economique : Parallèlement à votre activité de promotion de « l’Entrepreneuriat au Féminin » vous avez créé une activité d’accompagnement et de conseil. Cela voudrait-il dire que pour réussir dans les affaires de nos jours, il faut obligatoirement se faire aider par un mentor ?

Sophie Lambert : Nous avons constaté que beaucoup de chefs d’entreprises avaient du mal à rentabiliser leur activité à cause de leur incapacité à identifier leurs avantages concurrentiels ainsi que leur utilité sociale. C’est pour cela qu’en sus de nos prestations dans les domaines du développement d’image, de notoriété et de mise en relation pour développer leur portefeuille client, nous nous sommes associés avec un magazine économique afin d’offrir des cours de média training et de gestion de projets. Nous proposons également des séances de formation sur l’analyse et la synthèse documentaire. Tous ces services que nous proposons nous les avons testés nous-même. Cela nous a été très bénéfique pour asseoir notre encrage dans le tissu local et international. Selon nous un chef d’entreprise doit développer en permanence sa capacité à observer le marché et à interpréter les différents signaux qu’il émet. C’est grâce à ces efforts préalables qu’il pourra faire reconnaitre son expertise ainsi que la qualité des produits et services qu’il propose.

Monde Economique : Aujourd’hui les places de marché ont tendance à devenir de plus en plus virtuelles. Pensez-vous que ceci est un obstacle à la création d’entreprises pérennes ?

Sophie Lambert : Les places de marché officielles et reconnues sont des espaces idéals pour que les acheteurs et les vendeurs puissent réaliser des transactions en toute sécurité. C’est aussi des lieux où l’on peut obtenir des informations fiables sur la nature des produits et services qui y sont vendus, et le sérieux de ceux qui les proposent. Aujourd’hui elles sont de deux types physiques et virtuels, très souvent elles ont tendance à se spécialiser sur un seul secteur d’activité. Evidence de la chose jamais on ne verra une entreprise spécialisée dans la vente de vêtement de luxe en Europe aller proposer ses produits sur la place de marché physique d’un village. Cela ne fera pas crédible aux yeux du consommateur, puisque dans son esprit ce lieu est dédié essentiellement à la vente de denrées agricoles ou alimentaires. Cette nouvelle tendance a fait que peu à peu les places de marché physiques ont tendance à refléter de moins en moins l’ensemble des produits et services disponibles au sein de la cité ou du village. C’est pour venir en aide à tous ceux qui étaient exclus de ces espaces que peu à peu certains opérateurs se sont lancés dans la création de places de marchés virtuelles sécurisées elles aussi. La virtualisation des places de marché n’est pas un obstacle à la pérennité des entreprises, au contraire puisqu’en leur donnant accès à un marché de dimension mondial, elles permettent à des quantités de PME de trouver rapidement des clients afin de devenir rentables. Malheureusement c’est le drame de notre époque, l’usage des places de marché virtuelle n’est pas encore entré totalement dans les mœurs par peur de l’insécurité qui pourrait y régner. C’est pourquoi nous souhaitons créer grâce aux rencontres entre nos Membre et Ambassadeurs une place de marché physique sécurisée dédiée aux entreprises de service. Cette dernière à l’occasion de l’expansion internationale de notre club aura vocation à devenir progressivement une place de marché digital également.

Monde Economique : Pour le moment «
l’Entreprenariat au Féminin » est un concept purement suisse. Est-il de vos intentions de l’étendre à d’autres parties du monde ?

Sophie Lambert : Forcément puisque la Suisse est un petit marché dont les acteurs économiques ont toujours eu une longue tradition d’ouverture vers l’extérieur. Qui dans le monde ne connait pas les marques Rolex, Swatch et Nestlé etc. Par ailleurs la Suisse est réputée dans le monde pour disposer d’une industrie fabriquant des biens et services de qualité mais aussi pour être de bon conseil. J’avoue qu’au début notre intention n’était pas de nous développer immédiatement à l’international. Nous voulions simplement créer d’abord un réseau d’affaire purement local. Cependant nous devons admettre que la bonne réputation de la Suisse dans le monde a fait que très vite nous avons été victimes de notre succès. Aujourd’hui nombreuses sont les femmes à travers le monde qui ont entendu parler de nous et qui veulent développer des filiales du club « l’Entreprenariat au Féminin » (BCEF). A l’heure actuelle nous ne pouvons pas répondre favorablement à leur requête, tant que nous n’aurons pas mis en place un système d’information nous permettant de contrôler notre croissance, sans être dépassé par les évènements. Nous tenons à rester fidèle à nos principes, à savoir du Business oui mais, dans un espace sécurisées pour tous.

 

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