Dans son rapport qu’elle a publié le 09 septembre, l’organisation internationale Oxfam fait des révélations surprenantes sur l’économie en période covid19. Des entreprises auraient en réalité fait de bons chiffres au grand bonheur de leurs riches actionnaires. C’est une information qui contraste avec la morosité économique généralisée créée par la pandémie. Quelles sont alors ces entreprises et quelle a été la clé de ce succès étonnant ?
Pendant que partout dans le monde, les actions de soutien pour la relance aux entreprises se discutent, des informations rapportées par Oxfam créent la surprise. On réalise que toutes les entreprises n’ont pas été si tant affectées. Le rapport en effet intitulé « Covid19 : les profits de la crise » révèle que 32 grandes entreprises multinationales du monde ont engrangé de gros profits. Leur bénéfice aurait en réalité dépassé le bénéfice moyen qu’elles ont réalisé les quatre dernières années. Ces entreprises seraient entre autres : Microsoft, Intel, Apple, Walmart, UnitedHealth, Facebook, Google, BHP, Nestlé, Merck & Co, CVS Health, Cisco Systems, Procter & Gamble, Visa, Johnson & Johnson, Home Depot, Roche, Oracle, Deutsche Telekom, Reliance Industries…
Si le rapport montre que tout n’est pas si noir pour l’économie en Covid19, c’est la redistribution des bénéfices qui attire l’attention des observateurs. Le choix fait par la plupart de ces entreprises est de reverser des dividendes exponentiels à leurs actionnaires déjà bien riches. On note en effet que Toyota par exemple a versé 200 % de bénéfices à ses actionnaires et que l’allemand BSAF leur a octroyé près de 400 % de bénéfices. En France, malgré la crise le CAC 40 aurait distribué 37 milliards de dividendes en dépit des appels à modération du gouvernement. C’est pourquoi la branche française de l’ONG recommande d’ailleurs que le gouvernement et les parlementaires français posent des conditions socio-écologiques assez strictes pour l’octroi des crédits de relance.
Ce rapport d’Oxfam dévoile par ailleurs, une économie à double vitesse. Les actionnaires de ces grosses boîtes se frottent les mains alors que la grande masse de l’économie que sont les travailleurs est en souffrance. L’Organisation internationale du Travail (OIT) révèle en réalité que près de 400 millions de personnes ont perdu leur emploi du fait de la crise. Dans le même temps, l’OIT estime que près de 430 millions de petites entreprises sont en difficulté. Le contraste est d’autant plus grand que selon les prévisions, les 500 plus grosses fortunes du monde auront une croissance de plus de 3 % de leur patrimoine au cours de cette année. Pendant ce temps, des estimations les plus optimistes envisagent une baisse de 3 % du PIB par habitant en Afrique subsaharienne.
Ces révélations produisent inévitablement des chocs et font réaliser que les inégalités entre les riches et les pauvres sont toujours plus croissantes. Ces inégalités tournent frisent presque l’injustice quand les misères humaines comme celles qui découlent de la crise de la covid19 dévastent les couches les plus défavorisées, mais profitent gracieusement aux plus riches. Que la majorité de ces entreprises qui se sont enrichies aient plutôt choisi de verser des dividendes allant jusqu’à 400 % aux actionnaires plutôt que de revaloriser les salaires des employés, s’écarte du bon sens.
Néanmoins cette information vient à la bonne heure où les plans de relance se discutent encore. Les pouvoirs publics gagneraient donc à privilégier les PME, les plus impactées par la crise sanitaire dans leurs différentes politiques de relance.
Au-delà du rapport d’Oxfam qui indexe l’inégalité croissante de l’économie mondiale, il convient de s’intéresser aux atouts de ces rares entreprises qui ont connu un essor malgré la crise mondiale. Intéressons-nous d’abord aux géants du web (Microsoft, Apple, Google ou Facebook…) qui ont sans surprises tiré leur épingle du jeu. Ils ont en effet su tirer profit du recours forcé aux TIC créé par la généralisation du télétravail. Microsoft a fait par exemple plusieurs centaines de milliards grâce à son application Teams. Apple doit son succès aux ventes d’Iphones, Ipad, Ipod et aux services numériques avec Apple Music ou iCloud. Les firmes du commerce en ligne comme Amazon ont tout autant profité du flux de demandes d’approvisionnement en ligne qu’a créé le confinement. D’aucuns qualifient la réussite d’Amazon d’insolente.
Certaines d’entre elles ont eu de gros revenus alors que les transports ont été le secteur le plus affecté par la crise. Le géant japonais Toyota sortait en réalité d’un long travail de réorganisation commencée depuis la fin des années 2000. Même s’il a donc été secoué, il a pu quand même dégager 4 milliards d’euros de profits au cours des deux premiers trimestres de cette année. La palme d’or revient surtout à Telsa qui surfe en tête des réussites automobiles au cours de cette sinistre période. Son secret est d’avoir développé un système de livraison sans contact. A l’analyse de ces exemples de réussite, on peut retenir que certaines entreprises ont su intelligemment profiter des opportunités que leur a créées la crise et que d’autres ont eu du succès dans leur résilience en adaptant surtout leurs services aux contraintes imposées par la crise.
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