Photo Urs Burger directeur Emil Frey aux Vernets © Emil Frey
Monde Economique : comment se présente le marché de l’automobile Suisse après le confinement lié au Covid-19 ?
Urs Burger : Nos showrooms ont ré-ouvert le 11 mai, après près de 2 mois d’inactivité, et les premières semaines furent plutôt calmes. De juin à juillet, nous avons pu noter une certaine euphorie, avec de bons volumes de ventes sur cette période. Malheureusement, cette situation n’a pas duré, les ventes sont retombées en août et septembre et nous avons senti les clients indécis. Il faut aussi noter qu’il y a de grandes différences de situations entre les marques. Certaines vont plus mal que d’autres, comme Smart, Opel et Honda, tandis que d’autres sortent du lot, comme Peugeot, mais aussi Toyota et Lexus.
Monde Économique : Les mesures de soutien de la Confédération dans le domaine de la réduction des horaires de travail et des crédits transitoires ont-elles aidé votre garage à éviter le pire ?
Urs Burger : Dans un premier temps, nous avons dû réduire les soldes de vacances et les heures supplémentaires de nos collaborateurs, pour réduire les frais. Nous avons ensuite demandé du soutien par la RHT jusqu’au mois de mai, ce qui nous a naturellement aidé à faire face à la situation immédiate du lock down. Mais dans notre cas particulier, si nous avons du travail au service après-vente, la vente de véhicules souffre toujours beaucoup et il n’y a malheureusement pas de RHT pour compenser le volume réduit des ventes et, par conséquent, le chiffre d’affaires qui manque aujourd’hui.
Monde Économique : Au début de l’été, « Auto-Suisse » déclarait que l’achat d’un véhicule ne figurait pas parmi les priorités des Suisses. Y a-t-il eu des changements ? Entre neuve ou occasion, vers quels modèles se porte le choix de ceux qui achètent ?
Urs Burger : Fin septembre, le marché a perdu plus de 27 %. On peut donc en déduire que l’achat d’un véhicule n’est toujours pas la priorité des Suisses aujourd’hui. Certains clients prennent tout de même le parti de changer pour un véhicule neuf, souvent plus écologique, comme un modèle hybride ou électrique. D’autres attendent parce qu’ils voient le futur trop incertain. Parmi eux également les entreprises, qui repoussent ou renoncent au renouvellement de leur parc automobile. La vente des véhicules d’occasion, surtout bon marché, se porte quant à elle, plutôt bien dans l’ensemble.
Monde Économique : Dans ce contexte de crise, quelles sont les perspectives pour le marché automobile suisse ?
Urs Burger : Nous pouvons directement lier les perspectives à l’évolution de la crise actuelle. Si la population constate une amélioration et peut à nouveau se permettre de consommer sans crainte, l’économie se portera mieux et le pouvoir d’achat des privés comme celui des entreprises sera assuré pour investir dans l’automobile. Si la crise s’aggrave ou qu’un second lock down se met en place, les perspectives seront plutôt moroses.
Retrouvez l’ensemble de nos Interviews ici