Interview de Quentin Randaxhe, responsable de développement au sein de la UBIS University à Genève.
Monde Economique : UBIS University a ouvert ses portes il y a 10 ans à Genève. Quelles sont les disciplines qui y sont enseignées ?
Quentin Randaxhe : Notre Université propose des programmes classiques de type Bachelor et Master en Business Administration et en Relations Internationales. A cela s’ajoute des formations de courtes durées dispensées sur une durée de 3 mois ou moins, destinées aux professionnels désireux de se reconvertir dans certains secteurs d’activités spécifiques, comme les organisations internationales, les banques et le secteur de l’énergie. En règle générale notre préoccupation majeure c’est l’optimisation de l’employabilité de nos étudiants. C’est pour cela que l’ensemble de nos cours sont dispensés par des professionnels expérimentés, encore en activité, qui partage au quotidien leur savoir-faire avec nos étudiants. Cette stratégie poursuit deux objectifs le premier inculquer très tôt à nos étudiants les us et coutumes ainsi que le langage spécifique à certains secteurs d’activités, le deuxième faire à découvrir à nos étudiants les pays émergents qui sont les nouveaux marchés porteurs de demain. C’est pour mener à bien ce programme que nous avons signé des accords de partenariat avec des universités installés dans ces zones géographiques. Nous sommes convaincus que les échanges réguliers entre les étudiants issus des pays développés et ceux issus des pays émergents contribueront à faire émerger de nouvelles opportunités d’affaire.
Monde Economique : En suisse on trouve de bons enseignants dans les universités privées, mais malheureusement les diplômes ne sont pas reconnus. Pensez-vous qu’une réforme s’avère urgente en ce domaine ?
Quentin Randaxhe : D’un point de vue pratique les diplômes délivrés par les universités privées en Suisse sont reconnues par le monde du travail. Seuls les diplômes délivrés par les universités publiques bénéficient d’une reconnaissance étatique. En ce qui nous concerne ce problème nous affecte peu, car l’ensemble de nos diplômes bénéficient d’une reconnaissance internationale et locale. Au niveau Suisse nous bénéficions de l’accréditation Eduqua et de la certification ISO29990. Sur le plan international tous nos programmes sont reconnus par IACBE. Par ailleurs nous proposons des cursus débouchant sur l’obtention d’un double diplôme. Par exemple depuis huit ans dans le cadre du partenariat que nous avons avec l’université du Potomac, nous délivrons en Business Administration des diplômes de type Bachelor et Master, assortis d’un stage en entreprise aux Etats Unis. Il en est de même avec la Geneva School of Diplomacy, avec laquelle nous délivrons un master en relations internationales.
Monde Economique : Vous avez signé plusieurs accords de partenariat avec des universités étrangères installées dans pays émergents. Quel est l’objet d’une telle stratégie ?
Quentin Randaxhe : En effet, nous avons choisi d’orienter notre action vers les pays émergents en créant un réseau comprenant une trentaine d’universités : Pologne, Inde, Emirats Arabes Unis, Iran, Tunisie, Myanmar, Kazakhstan, Laos etc.
L’objectif est double. D’une part, les étudiants suivent un double enseignement (suisse et local) : ils se familiarisent ainsi avec d’autres recettes de management et d’entrepreneuriat et sont mieux à même d’identifier les opportunités d’emploi à l’international avec ou dans les pays partenaires. D’autre part, ils apprennent à développer des stratégies marketing de différenciation pour décrocher plus facilement un poste une fois diplômés.
La promotion de la carte suisse va dans le même sens. UBIS profite de la bonne image de la Suisse dans les pays partenaires, à commencer par le Myanmar, pour aider ses étudiants à construire un réseau qui leur permettra d’être perçus différemment lorsqu’ils poseront leur candidature à un emploi, ou tout simplement développeront leurs affaires à l’international. Nous avons plus de 100 étudiants à Yangon et développons un projet éducatif révolutionnaire dans la nouvelle capitale, Naypyidaw. Nous avons également lancé un MBA « Pays émergents » avec un programme réparti sur 3 sites : Genève, Bangkok (siège de l’ASEAN) et un pays émergent laissé au choix des étudiants en fonction de leur sujet de thèse. Cette formule leur permet de prendre des contacts avec des entreprises locales pour trouver un emploi sur place ou en lien avec le pays d’accueil une fois rentrés en Suisse. Ces programmes ont un effet positif sur la qualité des thèses qui sont rédigées qui ont un aspect beaucoup plus pratique. Ce qui les rend sponsorisables par le monde par les entreprises.
Monde Economique : Selon plusieurs enseignants le Master n’est plus un talisman contre le chômage. Etes-vous de cet avis ?
Quentin Randaxhe : À l’heure où des contenus théoriques de qualité sont disponibles en ligne (Harvard, Berkeley…), la question se pose : pourquoi les étudiants devraient-ils payer très cher pour acquérir un diplôme ou une certification d’université privée qui ne leur garantissent en rien de trouver un emploi. Dans ce contexte des plus mouvants, nous voulons faire en sorte que nos étudiants se différencient de par leur expérience et leur approche. En 2010 les dix jobs les plus demandés n’existaient pas cinq ans auparavant. Même constat en matière de technologies : les iPhone et les iPad n’existaient pas il y a 8 ans alors qu’ils représentent aujourd’hui 72 % du chiffre d’affaires d’Apple. UBIS est donc confrontée à la quadrature du cercle : former des gens à des jobs qui n’existent pas encore en utilisant des technologies encore à inventer pour anticiper les solutions à des problèmes encore inconnus ! Plus que des connaissances, c’est donc une attitude qu’elle transmet, à savoir une flexibilité et une capacité à saisir les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter.
Monde Economique : De plus en plus d’universités ou d’écoles de commerce développent des départements spécialisés dans le conseil. Quel est l’intérêt d’une telle démarche selon vous?
Quentin Randaxhe : L’activisme d’UBIS en matière d’emploi ne saurait faire oublier une autre de ses activités : la recherche appliquée. À ce titre, elle intervient dans trois grands domaines : les pays émergents bien sûr, en collaboration avec le Future Work Forum (un groupe de réflexion international sur l’évolution du travail et du management de demain) ; la performance des entreprises, étudiée par un laboratoire dédié, en partenariat avec l’organisme Glandois GPS (pour Global Performance System) ; et l’éducation online à distance (dans un souci d’efficacité et de transmission des contenus adaptée à ce nouveau média). En plus de cela nous accueillons plusieurs fois par an des entreprises pour de la formation en interne ce qui nous permet également d’être au plus près dans la compréhension des soucis dont elles font face sur le moment. Les derniers exemples : le département de la loterie nationale thaïlandais, la plus importante entreprise pétrolière Kazakh, des délégations d’entreprises Chinoises ou Vietnamiennes, qui attendent de nous une expertise et un conseil stratégique grâce à l’expérience encore une fois de nos professeurs.