La voiture du XXIe siècle

4 mars 2021

La voiture du XXIe siècle

Photo © LFDE

Par Rolando Grandi, gérant du fonds Echiquier Artificial Intelligence

Au 19e siècle, l’essor de l’industrie pétrolière et le développement du moteur à combustion ont engendré l’une des plus grandes révolutions économiques, technologiques et sociales de l’Histoire, ainsi que l’apparition de moyens de transports modernes : voitures, avions, bateaux à moteur thermique…

Icône de cette deuxième révolution industrielle qui a transformé le monde, la voiture, cet « objet parfaitement magique »[1] a remplacé le cheval. Une banalité pour nous aujourd’hui, une mutation à l’époque. Les voitures se cassaient fréquemment, l’infrastructure était inexistante, l’essence rare et chère. C’est l’apparition du fordisme et le développement des infrastructures qui ont favorisé la percée de l’automobile dans le quotidien des populations. En l’espace de 10 ans, les villes se sont adaptées, reléguant les chevaux au rang de loisir.

A notre tour de vivre une révolution, celle du digital qui métamorphose l’économie grâce à l’avènement de l’Intelligence Artificielle (IA), qui impactera progressivement tous les secteurs. Nos voitures n’y échapperont pas, alors que la course à l’autonomie accélère.

WAYMO est aujourd’hui la société la plus avancée sur ce sujet, avec déjà plus de 32 millions de kilomètres effectués en conditions réelles et plus de 15 milliards de kilomètres virtuels. Cette filiale d’ALPHABET, société mère de GOOGLE, développe des taxis intelligents dépourvus de chauffeur humain et dotés d’une myriade de capteurs permettant à l’IA de piloter la voiture en toute sécurité. Aujourd’hui, à Phoenix, Arizona, vous pouvez les tester par vous-même ! Lors du dernier voyage de l’équipe de gestion à San Francisco en 2019, nous avons pu observer de nombreuses voitures autonomes sillonner la ville, où WAYMO propose depuis février 2021 un service de robots -taxis. D’autres marques comme ZOOX (rachetée par AMAZON) ou UBER (en cours de cession) sont en lice. Sans oublier APPLE, la plus grande entreprise du monde, qui développe des projets liés à la voiture autonome, et négocie avec des constructeurs automobiles coréens pour fabriquer leurs voitures autonomes.

Les bienfaits sont nombreux. Le désengorgement des villes en sera un majeur. En orchestrant le flux des voitures au sein des villes, le système devient plus efficient et devrait réduire drastiquement les bouchons. La sécurité devrait également y gagner. Les voitures pourront communiquer entre elles, les algorithmes d’IA devraient se révéler plus réactifs que l’être humain, ne seront jamais fatigués, ni distraits. Enfin, les conducteurs seront libérés de la conduite, transformant la voiture en espace de travail ou de détente. Ce qui explique les investissements massifs actuels dans l’infotainment, qui fera de la voiture un espace de convivialité avec musique, écrans et connectivité. Il n’est pas anodin qu’une société comme SAMSUNG ait acheté HARMAN KARDON en 2016 afin d’avoir un pied dans la voiture de demain et vous permettre de la contrôler via votre smartphone.

D’ici 2040, 55 millions de véhicules sans chauffeur devraient être en circulation le monde[2] et leur adoption massive est prévue en 2050 selon le cabinet de conseil McKinsey. Le chemin est encore long, mais viendra le jour où chaque voiture devra être dotée d’un certain niveau d’intelligence pour avoir le droit de circuler.

Et comme pour les chevaux du XXe siècle, il y aura toujours à proximité des (smart) villes des circuits, où les passionnés de conduite pourront s’adonner à leur passe-temps favori.

[1] Roland Barthes, Mythologies

[2] Think-thank Idate

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