2016 : ESSAI DE BREF BILAN D’UNE ANNEE PAS COMME LES AUTRES

24 janvier 2017

2016 :  ESSAI DE BREF BILAN D’UNE ANNEE PAS COMME LES AUTRES

Il y a un an, on l’avait accueillie avec le traditionnel et inévitable pour l’occasion « Bonne et heureuse ! », on l’avait saluée comme il se doit à une « Nouvelle année » – tout cela sans se douter à quel point elle allait vraiment être nouvelle !

Pour être précis, 2016 est devenue nouvelle à partir du moment où elle a commencé à vieillir – en entrant dans sa deuxième moitié. C’était comme si le début même de l’été astronomique, fin juin, était devenu le signal d’une série d’événements qui allaient faire de cette année une année sans cesse nouvelle, surprenante, inédite. Le 24 juin, les Britanniques votaient pour la sortie du Royaume- Uni de l’Union Européenne provoquant un séisme dans une construction supranationale bâtie avec ténacité tout au long des derniers soixante-sept ans. C’était parti pour une deuxième moitié 2016 pleine de surprises et de mises en échec de toute prévision – une deuxième moitié où l’année, déjà sur son déclin, a bien paradoxalement inauguré sa réputation d’éternellement nouvelle. Et si, au milieu d’un été marqué par le séisme européen, en Amérique les sondages avaient encore toute leur force de persuasion pour donner Hilary Clinton largement favorite dans la campagne présidentielle et pour réconforter les nombreux détracteurs de l’imminent looser Trump ; si, d’autre part, ce rapport des forces (et des faiblesses) est resté en apparence inchangé jusqu’aux élections même en automne, on sait en revanche tout ce qui s’est passé le jour du fatal mardi, 8 novembre. 2016 a de nouveau totalement renversé la donne, de manière plus spectaculaire même que lors du Brexit. Renversement de donne, retournement de situations, inversion des rôles : elle était vraiment nouvelle et très, très différente des autres, l’année où Donald Trump fut élu président !

Mais si dans ce souffle de renouveau qu’a apporté 2016 il y a beaucoup de fraîcheur et un soupçon d’espoir de voir le régime de la pensée unique enfin battu en brèche, il n’en reste pas moins que l’ébranlement des certitudes et la mise en déroute du pouvoir de prévision sont de nature à induire quelques peurs. Dans ce sens, en dehors de la grave problématique socio-politique qu’ils soulèvent, les mouvements migratoires, les déplacements de populations entières qui ont continué en 2016, sont devenus les symboles d’un monde en mouvement, d’une réalité en mutation où plus rien n’est stable et plus rien n’est sûr.

Face à l’incertitude, on a tendance à se replier sur soi. Cela explique le grand succès, en 2016, de certains trends de style de vie qui notamment essaient de conférer un soft irrésistible et une élégance douillette à ce repli. Le « hygge », l’étonnante recette danoise de bonheur qui enseigne l’isolement moelleux, une tasse de boisson fumante entre les mains et le dos tourné à un monde extérieur en proie au froid ou à la tempête, a fait des adeptes partout en Europe. Plus d’une douzaine de livres lui ont été consacrés en 2016 parmi lesquels un vrai best-seller – « Le Petit livre de Hygge » de Meik Viking.

Face à l’inconnu – une « hygge » attitude.

M. Viking qui, entre autres, est directeur de l’Institut de la recherche sur le bonheur à Copenhague, tient à préciser qu’il ne s’agit pas uniquement de la joie de savourer les choses simples de la vie : le « hygge » prend sa véritable signification par le contraste qui s’établit entre le bonheur vécu dans un cadre chaleureux, familier et intime, et un monde extérieur hostile, sombre et froid. Le « hygge » est à adopter au sens propre comme au figuré, il est à la fois style et philosophie de vie. Ainsi, en ce mois de janvier si froid, on peut pleinement adhérer à l’ambiance scandinave de confort intimiste sur fond de lumière tamisée et de tasses fumantes tout en sachant que ce modèle est quelque chose de plus que la recette de bonheur d’un soir. Il fonctionne aussi comme une formule universelle de félicité et de bien-être : en temps de crise, de chamboulement des certitudes et des valeurs, on doit chercher l’équilibre dans un certain isolement en fermant la porte au monde extérieur et en se laissant bercer par les simples joies de la vie. Plus encore – il faut s’ingénier à faire de ce monde hostile et morose la parfaite toile de fond de son bonheur intimiste vécu soit en une sereine solitude soit dans le cercle restreint de la famille ou de quelques amis.

Le succès de cette formule est tel que le mot hygge est sacré l’un des « mots de 2016 » par le dictionnaire d’Oxford. Comme quoi, l’année qui vient de s’écouler, aussi nouvelle et pleine de surprises qu’elle fût presque jusqu’à sa fin, a en même temps marqué un retour à des joies authentiques et traditionnelles et transmis à 2017 une lueur d’humanité – un petit clin d’œil joyeux comme celui des bougies utilisées pour faire « hygge » dans la pénombre d’un soir d’hiver.

 

Recommandé pour vous