Photo © Reign Investments
Interview de Joseph Barnett, CEO Reign Investments par Nathalie Kemadjou
La dernière rencontre du Global Family Office Investment Summit qui s’est déroulée à Monaco du 30 juin au 2 juillet a réuni les investisseurs privés, les familles royales et d’importants Family office, avec comme thème principal l’amélioration du monde de demain par le biais de l’investissement.
Pouvoir identifier les stratégies efficaces générant des rendements à faible taux, assurer le transfert de richesse, mettre en place des stratégies d’investissement, effectuer le rééquilibrage de portefeuilles en vue du maintien sur le long terme de la stratégie d’allocation d’actifs, acquérir de manière efficiente l’expertise technologique, tels sont les principaux challenges au quotidien des Family office. Malgré l’orage, les Family office continuent leur lancée face à l’incertitude liée au contexte géopolitique et économique, tout en s’adaptant à un monde en constante mutation. L’entrée vers cette nouvelle décade s’est faite avec optimisme et confiance, n’éludant pas les nouveaux défis auxquels ils devront faire face, à l’instar de la cyber sécurité, des nouveaux paradigmes de gouvernance et de communications.
Monde Économique : L’assertion suivant laquelle la philanthropie revêt un caractère stratégique, qu’est-ce que cela signifie, et quelles sont les différentes tendances en matière de philanthropie et d’investissement d’impact ?
Joseph BARNETT : La philanthropie à caractère stratégique est souvent l’apanage de personnes dotées d’une bonne situation financière ou habitées par un état d’esprit consistant à donner une légitimité à leur acte, leur don de bienfaisance, également par ceux qui souhaiteraient évaluer l’impact de leur don. En outre, un stratège de la philanthropie octroie généralement ses dons vers des organisations appartenant à sa sphère d’intérêt et en retour, il peut ainsi mieux développer une approche stratégique qui orienterait efficacement son action philanthropique.
L’investissement d’impact est l’acte consistant à réaliser des investissements dans un but précis, des investissements nécessaires à l’accomplissement de bénéfices sociaux et environnementaux générant in fine un rendement financier. Dans son acception large, cela renvoie à tout investissement au sein d’entreprises avec une mission explicite en accord avec ses valeurs, évitant ainsi l‘inclusion d’entreprises qui ne remplissent pas ces critères. L’investissement d’impact peut globalement se définir comme l’action qui consiste à effectuer des dons vers des organisations à but non lucratif et orienté vers des projets qui combinent ces fonds caritatifs aux capitaux d’investissement, ceci dans un but de soutenir d’importants projets, voire à risque plus élevé qui autrement pourraient ne pas être financièrement viables.
Monde Économique : Dans le champ de la philanthropie, de l’investissement socialement responsable, comment la philanthropie se transforme en investissement d’impact ? A-t-il été plus durement touché ou alors s’est-il manifesté une meilleure résistance face à la crise ?
Joseph BARNETT : Bien que l’investissement mondial ait été considérablement impacté l’année dernière en raison de la pandémie de la COVID-19, le financement de projets qui conduit à un impact social ou un environnement positif, ainsi qu’à un retour financier devrait rester relativement stable, et pourrait jouer un rôle clé dans la reprise des économies de pays émergents.
Monde Économique : De ce fait, quel a été l’impact de la pandémie sur les Family office?
Joseph BARNETT : La pandémie de la COVID-19 n’a pas uniquement affecté la santé de la population et le bien-être de la société, mais elle a également eu un impact direct sur les marchés financiers et mondiaux, ainsi que sur les entreprises, les Family office ayant également été touchés. De plus, les défis sont d’autant plus importants au sein des Family office intégrés où une infime partie reçoit à la fois un soutient familial qu’entrepreneurial. De nouveaux processus décisionnels et des opérations quotidiennes liées à l’infrastructure accompagnant le travail à domicile, les Family office ont été testés au travers des mécanismes de gouvernance mis en place en vue de la prise de décision, la communication, ceci pour une évaluation de la pérennité des infrastructures numériques et humaines, et tester également l’efficacité de leurs plans d’urgence.
Monde Économique : Les récentes analyses du Fonds monétaire international pour l’année 2021 mettent en exergue une incertitude persistante quant à une atténuation des crises et aux perspectives d’une reprise mondiale, ceci dans tous les pays. Comment les principaux investisseurs mondiaux déploient leur capital et leur stratégie afin de protéger leurs portefeuilles ?
Joseph BARNETT : Les investisseurs mondiaux, sous cette période post-covid se sont adaptés à la crise en investissant dans les marchés émergents à partir de l’investissement d’impact et en procédant à une diversification. La blockchain et d’autres technologies numériques dans le domaine de la crypto-monnaie sont également devenues un outil émergent afin de neutraliser les pertes et les revers générés par la crise.
Monde Économique : La Blockchain identifiée comme levier de business. Comment la blockchain et les outils numériques peuvent-ils venir à l’accomplissement d’objectifs pérennes en matière de business ?
Joseph BARNETT : La plus grande caractéristique de la blockchain réside dans la transparence des adresses ouvertes au public. Au sein des systèmes financiers et des entreprises, cela confère une responsabilité supplémentaire sans précédent, tenant chaque secteur de l’entreprise responsable d’agir avec intégrité pour la croissance de l’entreprise, ajoutant ainsi un profond aspect de transparence et de responsabilité.
La blockchain est un système de stockage et de transmission d’information, une base de données distribuées car chaque nouvelle transaction est cryptée et liée à la transaction précédente, ce qui induit un haut niveau de sécurité. De ce fait, cette nature immuable et incorruptible de la blockchain la met à l’abri des informations falsifiées et de piratage. Sa nature décentralisée lui confère également la qualité unique d’être « sans confiance », ce qui signifie que les parties n’ont pas besoin de confiance pour effectuer des transactions en toute sécurité. Chaque fois qu’un échange de marchandises est enregistré sur une blockchain, une piste d’audit est présente pour retracer la provenance des marchandises. Cela améliore la sécurité et empêche la fraude dans les activités liées à la Bourse, tout en vérifiant l’authenticité des actifs négociés.
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