Babette Keller Liechti – La fibre au corps

24 octobre 2021

Babette Keller Liechti – La fibre au corps

Photos Keller © Trading

Par Sylvie Macquet

Très jeune, elle trouve un produit révolutionnaire qu’elle commercialise encore aujourd’hui : la microfibre. Rencontre avec Babette Keller Liechti, la fibre de l’entrepreneuriat chevillée au corps. Et, surtout, une personnalité hors norme.

Devenir dirigeant s’apprend, pas entrepreneur ! On naît tous avec un cadeau. Le mien, c’est la capacité à entreprendre. » Babette Keller Liechti est à la tête de Keller Trading, une entreprise qu’elle a créée très jeune, devenue le leader mondial de la microfibre de haute qualité. Pourtant, Babette n’entrait pas dans le moule des études, comme disaient ses parents. Elle voulait être décoratrice, son père la destinait à devenir vendeuse de chaussures, elle deviendra… entrepreneur !

Sa vie est une succession d’intuitions. D’abord, à l’âge de 17 ans, elle commence par découvrir l’Asie à bord du Transibérien. Elle se marie et accouche de son premier enfant. Elle n’a que 21 ans quand son père lui propose de coudre mille petits étuis en coton pour des boîtiers de montre. Il lui suggère de baptiser ses étuis « Keller Trading ». La première pierre de son édifice est scellée.

200 commandes sur 200 horlogers démarchés !

En mère de famille très occupée, Babette coud la nuit. L’année suivante, rebelote, pour deux fois plus d’étuis. La troisième année, encore plus. Elle démarche sa banque pour acheter une machine à coudre plus performante. On lui refuse le prêt, sous prétexte qu’elle ferait mieux de s’occuper de ses enfants ! Il ne lui en faut pas plus pour piquer sa détermination. Elle relèvera ce nouveau défi. Elle demande au commerce Bernina de lui vendre une machine avec paiement à soixante jours. Ni une, ni deux : avec sa nouvelle Rolls-Royce, elle travaille trente nuits d’affilée. Elle doit coudre une serviette provenant d’Inde, la Selvyt, qui fait énormément de poussières et la ralentit. Elle se met alors à la recherche d’un nouveau textile et trouve son bonheur au Japon : une microfibre de haute qualité que Keller Trading utilise toujours aujourd’hui. Babette sent qu’elle dispose d’un produit révolutionnaire.

« Pour moi, c’est toujours plus facile de descendre une montagne que de la gravir. Alors j’ai tapé haut : j’ai envoyé une serviette en microfibre aux 200 meilleures maisons horlogères. Et j’ai reçu… 200 commandes ! » Les fondations de Keller Trading sont posées. Et la société court toujours aujourd’hui. Babette a su lui faire prendre les virages, comme pendant la pandémie avec la fabrication de masques en microfibre bien plus confortables et sûrs que la plupart des autres. Elle se dit fière de son entreprise, fière de ses collaborateurs fidèles « qui m’ont vu rire et pleurer pendant toutes ces années ! »

En 2009, Babette Keller Liechti reçoit le prix Veuve Clicquot

Babette Keller Liechti est une personnalité hors norme. Pleinement dans l’instant présent : « Je vis chaque jour comme s’il était une vie ». Chaque rencontre est un cadeau. Elle transforme chaque point faible en point fort. « Quand j’ai un rendez-vous, je m’apprête toujours. Ce n’est pas du temps perdu, mais l’occasion de préparer ma journée. »

L’année 2009 est un tournant pour elle. L’élection de Barack Obama la marque. Elle reçoit le prestigieux prix Veuve Clicquot* qui la force à se retourner sur sa carrière, elle qui regarde toujours devant. Et puis, surtout, avec un fils engagé auprès de Greenpeace, les questions écologiques la font s’interroger sur ses pratiques.

Pourtant, la vie ne lui a pas fait que des cadeaux. Un grave accident de la circulation la rend invalide pendant un certain temps. Et la maladie de Horton la laisse KO pendant quelques années. Un maître du Reïki la sauve. Finalement, elle remercie la maladie qui lui a tant appris. À nous de vous remercier, Babette, pour la lumière que vous dégagez, pour ce que vous donnez. Du bien, tout simplement.

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