Interview de Laura Dubois: le Care Management devrait faire partie des fonctions supports de l’entreprise

22 février 2017

Interview de Laura Dubois: le Care Management devrait faire partie des fonctions supports de l’entreprise

Interview de Laura Dubois fondatrice de « LD Coaching » un cabinet de conseil spécialisé dans la gestion de la pression inhérente à la quête de Résultat

Monde Economique : Après une longue carrière dans le secteur bancaire, vous avez décidé de devenir coach. Qu’est ce qui a été à l’origine d’une telle décision?

Laura Dubois : J’ai décidé de devenir coach suite à une expérience personnelle. A l’époque, j’avais une fonction commerciale et managériale, et pour atteindre mes objectifs de chiffre d’affaire, je m’investissais énormément dans mon travail. Pendant dix ans tout m’a souri, je suis passée du poste de chargée d’accueil à celui de directrice d’agence. Durant tout mon cursus professionnel, la pression des résultats faisait partie intégrante de mon quotidien puisque j’ai eu en charge l’animation de plusieurs forces de vente. Au début, je ne me rendais pas compte, mais par la suite, cet engagement professionnel fort s’est avéré avoir des conséquences sur mon corps physique. Les choses se sont confirmées le jour où j’ai voulu avoir un enfant. En effet, pendant un peu plus de deux ans, alors que rien ne s’y opposait sur le plan médical, j’étais incapable de devenir maman. A cela une raison très simple, je mettais tellement d’énergie au service de mon mental pour atteindre mes objectifs professionnels que j’ai fini par développer physiquement, une forme de stérilité d’origine psychosomatique. C’est à l’occasion de ma quête de guérison que j’ai découvert le pourquoi de ma souffrance et le métier de coach. Aujourd’hui je suis une coach Certifiée en Neurosciences Motivationnelles.

Monde Economique : Dans notre société de consommation le stress est omniprésent et peut revêtir diverses formes. Sous quelle forme se manifeste le stress lié aux résultats ?

Laura Dubois : Effectivement ce type de stress se vit différemment selon le statut que l’on occupe au sein de l’entreprise. Par exemple, pour les managers ou les dirigeants le stress lié aux résultats se manifeste par une vie de folie. Ils s’investissent dans leur travail au détriment de leur vie privée. Fréquemment ils s’alimentent de manière pas toujours équilibrée. Il leur faut manger vite pour gagner du temps car ce dernier est synonyme de gain financier. A cela peut s’ajouter une absence d’activité physique. Cette façon de vivre impacte directement leur santé physique et mentale et engendre chez eux un sentiment de mal être permanent, qui les mène à l’épuisement professionnel. Chez les collaborateurs, le stress lié aux résultats se traduit par un manque d’engagement et de motivation. Bien souvent, l’origine de ce stress vient du manager qui communique inconsciemment son mal être ou ses peurs à ses collaborateurs. Cela peut aussi venir des conditions de travail, qui ne sont pas toujours soucieuses du bien être des salariés. Dans un tel contexte, il est donc important de former les managers afin de mettre à leur disposition des outils efficaces leur permettant de maintenir et renforcer la motivation ainsi que l’engagement de leurs collaborateurs. Ils devraient également apprendre à mieux gérer leur propre pression.

Monde Economique : Vous organisez des ateliers au sein des entreprises à destination des managers et de leurs équipes. Sur quoi insistez-vous lors de ces séances ?

Laura Dubois : Pour les équipes commerciales je propose un atelier intitulé « propulser les ventes par l’écoute ». J’ai eu l’idée de cette formation, après m’être rendu compte que souvent à l’origine du stress qui affectait les forces de vente, il y avait une utilisation non optimale du CRM, une absence d’écoute active et une méconnaissance de la cartographie des besoins clients. Prenons l’exemple des appels entrants dans une entreprise. La plupart des commerciaux ne sont pas entrainés à détecter les signaux faibles qui pourraient se transformer en opportunité commerciale. Dans un grand nombre d’entreprises, on ne voit pas les appels entrants comme une source d’opportunités commerciales susceptibles de contribuer de manière confortable et sans stress à la réalisation des objectifs de ventes. Mais on les voit plutôt comme un élément perturbateur qui fait perdre du temps. Pour moi un bon commercial doit se tenir régulièrement informé de tous les évènements qui peuvent impacter la vie de ses clients. C’est en appliquant ces techniques très simples que j’ai pu développer avec succès les différents fonds de commerce qui m’ont été confiés. Le tout avec comme préoccupation première la satisfaction de mes clients. Le modus operandi auquel j’essaie de convertir les commerciaux qui me consultent est le suivant : toujours identifier avec précisions les besoins du client, afin de lui proposer des produits et services qui lui sont réellement utiles. C’est à ce prix que l’on peut gagner sa confiance et construire une relation commerciale à long terme avec lui.

Monde Economique : Le nombre de professionnels affirmant guérir du stress est impressionnant. Que faut-il savoir afin d’éviter les erreurs de casting lors du choix de son thérapeute ?

Laura Dubois : Petite précision, je ne suis ni médecin ni thérapeute. Mon intervention se focalise sur l’accompagnement et la prévention afin d’éviter que le problème ne s’installe. J’interviens en amont des conséquences liées au stress au travail, en formant les personnes pour qu’elles apprennent à se protéger contre ce fléau social. Sous certains aspects mon travail s’apparente à celui d’une mentore. Au quotidien ma mission consiste à assister mes clients afin qu’ils puissent en s’inspirant de mon expérience solutionner par eux-mêmes une problématique que je connais très bien pour l’avoir vécu. Pour en revenir au choix du thérapeute, principe de précaution oblige, je pense qu’avant de se lancer dans une thérapie, il faut d’abord aller consulter son médecin traitant afin de voir si son mal être ne relève pas d’une cause purement médicale. Pour moi, la meilleure façon de choisir un bon thérapeute est la recommandation. Ensuite, il faut mettre à contribution les premières séances pour voir si l’on se sent à l’aise avec lui. Si ce n’est pas le cas il faut en chercher un autre.

Monde Economique : Pour veiller au bien être de leurs employés sur leur lieu de travail, certaines entreprises font appel à des care managers externes. Pensez-vous qu’on devrait faire de même pour lutter contre le stress?

Laura Dubois : A mon avis, le Care Management devrait faire partie des fonctions supports de l’entreprise au même titre que les ressources humaines, ainsi que l’ensemble des métiers ayant pour mission de veiller au bien être collectif. Concernant la gestion du stress je pense qu’il devrait en être de de même car sans s’en rendre compte, certains managers, avec la pression des résultats peuvent se transformer en véritable tortionnaire. Mais le plus grave, très souvent par peur de représailles ou du chômage, personne n’ose le leur dire. Le plus souvent, c’est le jour de leur départ de l’entreprise qu’il le découvre.

Selon moi la pression inhérente à la quête de résultat est une dimension du management d’entreprise qu’on ne devrait pas ignorer. En effet comme l’histoire l’a démontré plus d’une fois, dans de nombreux secteurs de l’économie c’est elle qui été à l’origine de comportements délictueux.

LD Coaching Manager

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Email : ld@coaching-manager.ch

Tel : 075 418 30 31

 

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