Le Monde Economique Genève à récemment accueilli son premier Salon International du Chocolat. Quel bilan dressez-vous de cette première édition ?
Lise Luka Le bilan de ce premier Salon International du Chocolat est très bon, tant du point de vue de l’expérience qu’il nous a fait vivre que du point de vue des visiteurs. On a eu plus de 6000 personnes qui sont venues visiter ce nouveau salon et c’est pour nous un beau succès. Les organisateurs sont ravis, même si on reste conscient que c’est certainement l’attrait de l’innovation qui a attiré un tel public.
Le Monde Economique Comment le public a-t-il accueilli cet événement ?
Lise Luka Le public était au rendez-vous. Nous avons eu beaucoup de feedbacks positifs et même les visiteurs, qui payaient entre 18.- et 22.- CHF y ont trouvé leur compte. La gratuité jusqu’à 10 ans a permis également aux familles de profiter de cette magnifique « vitrine » chocolatée.
Le Monde Economique A l’étranger, l’image de la Suisse est le plus souvent associée aux montres et au chocolat. Alors que les salons de l’horlogerie existent depuis plusieurs décennies, on est surpris de constater qu’en Suisse rien n’avait encore été fait autour du chocolat. Est-ce un oubli ou un manque d’intérêt ?
Lise Luka Ce n’est en tout cas pas un oubli car il y a eu par le passé plusieurs tentatives mais aucune n’a abouti. Et ce n’est pas non plus un manque d’intérêt, parce que la Suisse souhaite garder sa réputation d’excellence en matière de chocolat. Le gros problème, auquel on a aussi été confronté, a été de fédérer les chocolatiers, de trouver des partenaires et de créer ce salon dans un lieu central. Monter un tel salon n’est vraiment pas facile et il y a largement de quoi en décourager plus d’un.
Cependant, on a pu constater qu’il y avait un manque au niveau Suisse d’un tel évènement et c’est pour cela que nous avons voulu réaliser ce projet.
Le Monde Economique Si Genève ne disposait pas encore d’un réel salon dédié au chocolat, c’est aussi à cause des échecs que certains organisateurs ont essuyé par le passé. N’est-ce pas osé là ou plusieurs personnes ont échoué ?
Oui, dans un sens. On a pris beaucoup de risques pour organiser cette manifestation. Non seulement des risques financiers, mais aussi des risques auprès des chocolatiers qui se sont déplacés. Ce n’est pas facile pour eux de décider de participer à un tel salon car nous n’avons pas de recul, et le passage des douanes est décourageant pour les étrangers ! Mais, ma foi, on n’obtient rien sans risque. Ainsi, quand on voit le résultat obtenu, on ne peut être que fier d’avoir réussi.
Le Monde Economique Cette première édition a accordé la part belle aux artisans chocolatiers pourtant la réputation du chocolat Suisse est due aux industriels. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Lise Luka Tout dépend de quel point de vue on se place… Pour moi, il n’y a pas de paradoxe car les gros chocolatiers ont, à la base, créé la réputation de la Suisse dans ce domaine. Nos industries chocolatières sont d’une grande qualité, et c’est cela qui a contribué à la création des notes de noblesse du chocolat suisse. Mais ce qui fait toute la différence, c’est qu’en Suisse, la plupart des artisans chocolatiers travaillent avec la masse de cacao créée par ces mêmes industries. C’est grâce à la qualité de la matière première que les petits chocolatiers arrivent à de si grands résultats aujourd’hui ; ils peuvent exceller dans leur domaine pour le plaisir de tous. On voulait, avec ce salon, mettre ce côté-là en relief : ne valoriser les industries qu’en tant que partenaires et laisser le devant de la scène aux artisans mais tout en sachant que rien n’existerait si elles ne produisaient pas la matière première de tous les artisans.
Le Monde Economique A la fois piquant et fruité avec une touche d’amertume, le chocolat vénézuélien est d’une qualité rare et unique. Il semblerait qu’il est votre préféré. D’où vous vient cet amour du chocolat ?
Lise Luka Il est vrai que le chocolat vénézuélien est mon préféré. Mais c’est un choix, une préférence, car je ne peux pas dire que je n’aime pas les autres pour autant… L’amour du chocolat, il est en chacun de nous depuis notre enfance : les barres de chocolat au goûter etc… Mais le réel intérêt que j’ai pour le chocolat, il est apparu il y a sept ans. Mon goût s’est affiné avec le temps et j’ai pris de plus en plus de plaisir à déguster ce met au fil des rencontres avec d’autres passionnés. Enfin, l’amour du chocolat m’est aussi venu avec mon mari qui m’a fait découvrir le chocolat et je partage maintenant cette passion en famille, aussi avec mes enfants.
Le Monde Economique En raison de ses propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires, des études ont montré l’influence positive du chocolat sur la santé et l’an dernier en suisse, sa consommation par habitant était estimée à 12 kilos en moyenne. Quelle est la meilleure façon d’apprécier le chocolat tout en se faisant du bien ?
Lise Luka Il y a en effet bon nombre de « bonnes choses » dans le chocolat, mais surtout dans le chocolat noir. On y trouve des antioxydants, des oligo-éléments, comme le magnésium qui est antidépresseur, et la consommation de chocolat permettrait de baisser le risque de problèmes cardiovasculaires. On a récemment aussi découvert que le chocolat avait un effet sur la peau, et qu’il pouvait réduire les risques de coups de soleil.
Pour apprécier les bonnes choses, il est, à mon avis, important de savoir les consommer avec modération.
Le Monde Economique Devrions-nous nous attendre prochainement à une deuxième édition ?
Lise Luka La deuxième édition est déjà planifiée, elle se déroulera les 5, 6 et 7 octobre 2012 au Bâtiment des Forces Motrices à Genève. Nous allons agrandir la surface d’exposition et améliorer la dose de conférences. Et nous allons aussi créer un espace spécialement pour les enfants afin de les initier dès le plus jeune âge aux plaisirs gustatifs du chocolat. Notre but est de faire de ce salon genevois une adresse d’excellence dans le domaine du chocolat en remettant encore le prix de Genève et le prix du public aux chocolatiers présents sur place. Enfin, nous allons peut-être dès l’année prochaine, avoir la joie de pouvoir présenter des innovations technologiques du monde de la chocolaterie au grand public.
Interview réalisée par Romain Wanner/ Rédacteur chez Le Monde Economique