« Si poussées qu’aient été nos études, rien ne nous reste acquis, que ce que nous avons mis en pratique. » GOETHE
Lorsque l’on entreprend de formuler et d’organiser selon une technique certains principes de la méthode de travail en entreprise, on s’attaque inévitablement à cette question :
« Pourquoi un salarié de talent aurait-il besoin d’une méthode ? »
A ce genre de question, je ne peux répondre que par une autre question :
« Pourquoi un enfant intelligent a-t-il besoin d’aller à l’école? »
« Pourquoi l’homme civilisé a-t-il besoin d’une culture ? »
La première crainte ou la première explication du « déclin » actuel d’un salarié, ne peut être, que d’ordre émotionnel. Il aurait pu échouer, dans un premier temps, dans la stéréotypie et la routine, se laisser envahir par la « rouille », c’est-à-dire ne plus être, ne plus entretenir son talent, se figer et ainsi détériorer l’essence même de son rôle au travail. Cela aurait entraîné, je suppose, une chute en disgrâce. Les raisons d’une chute en « disgrâce » ne sont-elles pas d’un autre ordre, de l’ordre de « l’ardeur », à savoir le désir de travailler, resté le même ?
Comment faire de son travail une vie intérieure sensible et paisible ?
Comment agrandir indéfiniment par soi-même l’instruction reçue avant d’intégrer le monde du travail, ou plutôt transformer cette instruction en une sensibilité et la laisser s’épanouir ?
La formation du salarié est un tout. Et nous savons bien que, la formation de l’esprit, ne va pas sans celle de l’âme, et l’une et l’autre doivent s’appuyer sur le développement harmonieux de l’esprit et du corps.
La formation pour l’épanouissement au travail n’est donc rien de moins qu’une formation totale et il n’est pas de tâche plus grande. L’âme au travail est quelque chose qui a rapport non seulement à la connaissance, à l’action et à la sensibilité.
Peut-il y avoir une réflexion de la place de l’individu au travail sans une transformation essentielle dans la sensibilité dans la pratique du travail ? Et cette transformation n’aura-t-elle pas une portée à l’égard des circonstances les plus ordinaires de la vie de chacun ?
Réunir sensibilité et intelligence permet de changer son attention et sa perception au travail, offrir des stimulants qui poussent à vaincre la paresse ou l’épuisement et ainsi éviter cette monotonie si redoutées des salariés pour l’ennui et le dégout qu’elle engendre.
La réussite au travail ne serait-elle pas se sentir bien en soi dans une satisfaction totale dans ce que l’on est, dans ce que l’on fait et dans ce que l’on apporte ?
Pour bons nombres de personnes, l’entrée dans l’entreprise est vécue comme une blessure douloureuse. Du jour au lendemain, on devient qu’une ombre qui obéit. La plupart des salariés ont subi au moins une fois dans leur vie cette impression de ne plus exister, accompagnée d’une sorte de vertige intérieur. Ce choc peut imprimer pour la vie et rendre parfois l’amour du travail en entreprise définitivement impossible.
Aujourd’hui, la grande œuvre à commencée : l’avenir d’une entreprise est pour nous tous une large part de ce que nous en faisons, de ce que nous nous faisons, tout ce qui nous détermine ou nous contraint = elle est notre AAAvenir.