Fruits de technologies de pointe, de très nombreux billets de banque utilisés quotidiennement en Europe sont fabriqués par Oberthur Fiduciaire. Cette entreprise française fait ainsi partie d’un cercle très fermé. Voici pourquoi.
Onze imprimeries réparties sur tout le continent se partagent l’impression et la sécurisation des billets de banque que nous utilisons tous les jours. Peu connu du grand public, ce monde à part obéit aux règles les plus strictes. Les fabricants de billets de banque sont même devenus de véritables orfèvres. En effet, le design est à la fois complexe et esthétique, visant à refléter l’identité commune d’une Europe unie. Joignant art et technologie, ils suivent plusieurs processus d’impression (offset, taille-douce, transfert à chaud pour les hologrammes, sérigraphie pour les couleurs changeantes) ce qui leur permet d’embarquer plusieurs dispositifs anti-falsification. Puis ils subissent de nombreux tests avant d’atterrir dans notre portefeuille. Dans le cercle très fermé de ces fabricants, une entreprise française historique s’est taillé une solide réputation : Oberthur Fiduciaire.
C’est à François-Charles Oberthur que l’on doit la création de l’imprimerie, en 1842. Un siècle plus tard, l’entreprise commence son partenariat avec la Banque de France pour imprimer des francs. Mais le vrai tournant de l’ère moderne intervient en 1984 quand Jean-Pierre Savare rachète cette société rennaise. Depuis, François-Charles Oberthur Fiduciaire a connu une croissance exceptionnelle, travaillant en Europe mais aussi à l’international, pour la production de billets de banque sécurisés. Aujourd’hui, l’entreprise est un fleuron technologique français avec trois sites de production en Europe, une capacité de production de cinq milliards de billets, et 1300 employés hautement qualifiés.
Avec l’arrivée de l’euro en 2002, les deux dernières décennies ont assis la position d’Oberthur sur la scène européenne et internationale. L’entreprise fiduciaire – fiducia signifie confiance en latin – fait désormais partie du Top 3 mondial et exporte son savoir-faire dans plus de 70 pays à travers le monde. Et ce n’est pas par hasard. Dans un domaine aussi sensible que l’industrie fiduciaire, les fabricants comme Oberthur doivent montrer patte blanche et respecter des normes draconiennes. Il en va de leur réputation et de la confiance que leur accordent les plus scrupuleux des clients : les banques centrales.
Pour tous les acteurs de cette industrie, la question des certificats internationaux est donc cruciale : « Il est essentiel d’adopter des standards internationaux établis par des tierces parties en qui tous les acteurs ont confiance, assure Thomas Savare, PDG d’Oberthur Fiduciaire. A cette fin, nous nous sommes alignés sur les normes ISO, leur mise en place est à mes yeux un argument bien plus pertinent que toutes les déclarations d’intention que nous aurions pu faire. » Oberthur n’a donc lésiné sur aucun effort pour donner tous les gages d’assurance sur la qualité de ses services et de ses produits : qualité (ISO 9001 et label Entreprise patrimoine vivant), sécurité (ISO 14398, OEA-Full), environnement (ISO 14001, ISO 50001), santé et sécurité des personnes (ISO 45001), éthique commerciale anti-corruption (ISO 37001), RSE (ISO 26000) et sécurité de l’information (ISO 27001). Tout y est.
Oberthur Fiduciaire n’a pas bâti sa réputation du jour au lendemain. L’entreprise a beaucoup investi en recherche et développement pour hausser les standards de production et de qualité. Elle a par exemple breveté quelque 17 innovations, toutes essentielles pour garantir à la fois la pérennité des billets et leur inviolabilité : parmi elles, un traitement antiviral (Bioguard) notamment efficace contre la Covid-19, des fils 3D nouvelle génération (Relief), des fils de sécurité à mouvement (Pulsar), des fonds de sécurité anti-scanner (Labyrinth), des éléments de sécurité à base de cristaux liquides (Starsheen) ou à effet moiré avec irisation des couleurs (Arc-en-ciel). Ce sont toutes ces technologies de pointe qui font de chaque billet de véritables petites œuvres d’art.
Les clients de l’entreprise – les banques centrales donc – ont effet un objectif essentiel : la sécurité. Certains dispositifs mis au point par Oberthur sont très prisés, leur performance assurant un niveau de sécurisation inégalé face aux risques que représentent encore les faux-monnayeurs. Le PDG d’Oberthur est catégorique : « Nous ne devons pas seulement conserver une longueur d’avance sur nos concurrents, mais également sur les contrefacteurs et les faux-monnayeurs contre lesquels nous sommes engagés dans une véritable course de vitesse. Certes, la monnaie papier existe déjà depuis des siècles, mais les billets d’aujourd’hui n’ont presque plus rien de commun avec ceux de jadis. Ce sont de véritables condensés de technologie et le fruit d’une innovation permanente. » Fière de ses innovations justement, l’entreprise française met par exemple en avant des éléments de sécurité uniques au monde comme Avalon, SecuriCoatUltra ou encore HD Vision.
Toutes ces innovations technologiques s’alignent également sur les impératifs de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) désormais incontournables. Ce qui constitue un autre levier de confiance pour les clients de l’entreprise française. Outre le label ISO 26000, Oberthur Fiduciaire a mis en place un système de gestion durable baptisé Earth 265, inspiré des normes les plus contraignantes en termes de développement durable. « Profondément ancré dans notre histoire et nos valeurs, et attesté par des labels internationaux, notre engagement RSE est présent partout dans le groupe, poursuit Thomas Savare. Il est au cœur de notre management, de notre démarche anti-corruption, de notre politique sociale, et bien sûr, de nos actions environnementales. » Entre 2014 et 2021 par exemple, l’empreinte carbone de la production de billets a ainsi baissé de 60%.
C’est aussi par souci environnemental qu’Oberthur continue sa production de billets à partir de fibre de coton et non en polymère comme certains de ses concurrents : « Cela aurait été à l’encontre de notre engagement pour l’environnement, estime Etienne Couëlle, directeur général de l’entreprise. En termes simples, le polymère est du plastique. Il est donc très difficilement recyclable et ne possède pas de propriétés intrinsèquement supérieures à celles du papier. Fabriqué à partir de matières premières renouvelables d’origine végétale, le billet papier peut être recyclé en toute sécurité. » Le recyclage est en effet l’un des domaines où l’entreprise a accentué ses efforts, 80% des déchets de l’usine de Rennes étant d’ailleurs recyclés.
Fabricant nº1 des billets en euros, l’entreprise française est pleinement consciente de la responsabilité qui est la sienne dans le paysage monétaire du Vieux continent. Depuis la mise en circulation de la monnaie unique en 2002, l’euro a été un gage de crédibilité financière, pour l’Europe comme pour le reste du monde. « Les billets en euros sont là pour rester, assure Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE). Ils sont un symbole tangible et visible que nous sommes solidaires en Europe, en particulier en temps de crise, et ils sont toujours très demandés. » Et la BCE prévoit aussi de leur donner un petit coup de jeune : « Il est temps de revoir l’apparence de nos billets de banque pour les rendre plus accessibles aux Européens de tous âges et de tous horizons », a également précisé Christine Lagarde en décembre dernier. Ces six derniers mois, les spéculations sont donc allées bon train concernant le prochain design des billets européens, la BCE évoquant Leonard de Vinci et Simone Veil, le concepteur autrichien de première version des billets, Robert Kalina, pensant quant à lui à Mozart ou Beethoven. « Nous voulons mettre au point des billets en euros auxquels les Européens peuvent s’identifier, et qu’ils seront fiers d’utiliser comme monnaie », confirme Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE. L’occasion d’organiser un concours de graphisme afin de rapprocher les billets de banque un peu plus des citoyens. Faites vos jeux…
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