Par « The Globe »
Les données macroéconomiques montrent un ralentissement tendanciel ces dernières semaines, mais le taux de croissance reste positif aux États-Unis comme dans la zone euro. Pour l’instant, les prévisions de croissance négative pour le début de 2023, sous l’effet combiné du choc inflationniste et de la hausse des taux en 2022, ne se sont donc pas concrétisées.
Mais en réalité, les indicateurs de confiance des entreprises manufacturières ont nettement fléchi ces derniers mois, basculant en contraction aux États-Unis et dans la zone euro et en stagnation en Chine. Outre le durcissement des politiques monétaires, ce ralentissement de l’activité reflète l’élimination des excès consécutifs au redémarrage des économies en 2021. En revanche, les indicateurs de confiance des entreprises de services, qui donnent un aperçu de l’évolution de la demande intérieure dans les différentes régions, restent en zone d’expansion, encore soutenue en zone euro et en Chine. Plusieurs facteurs y contribuent : l’incidence encore positive de la politique budgétaire, la bonne santé du marché du travail, la réactivité des consommateurs face à la baisse de l’inflation et, en Chine, le redémarrage de l’activité post-Covid.
L’ampleur du ralentissement économique retiendra tout particulièrement l’attention dans les mois à venir, d’autant que l’inflation reste supérieure aux objectifs des banques centrales qui, par conséquent, poursuivront le resserrement monétaire. Aux États-Unis, la baisse de l’inflation transparait clairement dans le chiffre global qui, en variation annuelle, est passé de 9,1 % en juin 2022 à 5 % en mars. Par ailleurs, l’inflation totale est revenue en-dessous de l’inflation sous-jacente, qui ressort encore à 5,6 % et dont la décrue s’avère très lente, en raison d’une demande finale toujours soutenue.
En zone euro, le cycle d’inflation accuse quelques mois de retard par rapport aux États- Unis, mais le retournement de l’inflation totale y est tout aussi évident en variation annuelle : après avoir culminé à 10,6 % en octobre 2022, elle est tombée à 6,9 % en mars. Cependant, l’inflation sous-jacente n’a pas encore officiellement atteint son pic en zone euro, s’inscrivant en hausse de 5,7 % en glissement annuel en mars. À terme, on scrutera l’évolution aux États-Unis des composantes liées aux coûts du logement qui, le mois dernier, ont montré les premiers signes de ralentissement. S’ils se confirment, l’inflation sous-jacente pourrait baisser plus sensiblement.
Dans la zone euro, l’inflation sous-jacente ne devrait pas tarder à atteindre un pic, étant donné que l’inflation totale recule depuis près de six mois. Il est toutefois peu probable que les banques centrales anticipent l’assouplissement de leur politique avant d’observer une consolidation de la baisse de l’inflation, d’autant qu’elles ont montré leur efficacité en évitant une contagion systémique des turbulences bancaires.
Lorsque les tensions sur le secteur bancaires sont apparues, à la mi-mars, les anticipations du marché concernant le cycle économique sont devenues moins pessimistes, ce qui a permis de relever le niveau terminal des taux directeurs et de reporter le début de la phase de baisse des taux. La Fed devrait relever ses taux de 25 points de base supplémentaires, à 5-5,25 %, puis marquer une pause jusqu’à l’automne. Pour la BCE, le marché prévoit une hausse de 75 points de base d’ici juillet, avec un taux cible pour la facilité de dépôt de 3,75 %. En effet, après avoir pris acte de la stabilisation du secteur bancaire, les marchés ont privilégié l’hypothèse d’un atterrissage en douceur de l’économie, plutôt que le scénario d’un ralentissement brutal.
Les courbes de rendement obligataires sont remontées, bien qu’elles restent en dessous des plus hauts de mars et conservent une pente négative. Les parties courte et intermédiaire offrent des taux de coupons attractifs (portage), tandis que les échéances plus longues assurent une marge de protection importante en cas de ralentissement économique brutal.
Profitant de l’atténuation des inquiétudes liées au secteur bancaire et de la robustesse de la croissance économique, les actifs risqués se sont redressés, sans toutefois enregistrer de nouveaux points culminants annuels pour les actions ou de nouveaux plus bas pour les spreads.
La volatilité des marchés actions a en revanche atteint un nouveau plancher relatif, tombant à son niveau de la fin 2021, avant le tournant restrictif de la Fed. C’est une indication importante qui semblerait montrer que les investisseurs en actions anticipent un ralentissement modéré de l’économie mondiale.
Cette tendance pourrait être quelque peu prématurée dès lors que le ralentissement des bénéfices ne semble pas encore terminé, tandis que les signes de fléchissement macroéconomique pourraient s’intensifier dans les mois à venir sous l’effet de la restriction du crédit, notamment aux États-Unis, après les tensions bancaires de mars.
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