Photo © textocrativ
Par Eugenie Rousak
Indépendamment de la taille, du secteur et de la localisation, le besoin de communiquer est le même au sein de toutes les entreprises. Que cela soit pour les annonces internes ou pour transmettre des informations aux partenaires externes, les textes doivent véhiculer des messages clairs, tout en étant adaptés aux spécificités culturelles et aux habitudes linguistiques. Dans le domaine depuis près de 30 ans, textocreativ se spécialise justement dans le maniement des mots à la carte, aussi bien pour la traduction de textes en quatre langues, français, allemand, italien et anglais, que pour des relectures de supports existants. Dans un esprit d’entreprise familiale, cette pépite helvétique a installé ses agences à Sion, Epalinges et Zurich. A l’heure des bouleversements, échange avec Guy Constantin, fondateur et directeur de textocreativ.
Monde Économique : Traduction technique, adaptation publicitaire, correction et même création de textes, votre offre est vaste. Concrètement, quelles sont les demandes de vos clients ?
Guy Constantin : La traduction occupe près de 95% de notre temps, tout en spécifiant que l’ensemble de ces textes sont ensuite relus par nos correcteurs professionnels. Quelques clients nous demandent uniquement des relectures de leurs communications ou de bons à tirer, mais ces prestations sont plus rares. Au niveau des types de textes, l’ensemble de supports, allant des brochures haut de gamme aux petits postes Facebook de quelques mots, en passant par les annonces dans les journaux et les spots TV, est couvert par nos équipes. Depuis quelques années, nous proposons également la création de textes simplifiés, destinés à des personnes en situation de handicap mental ou issues de l’immigration. Par exemple, nous avons collaboré avec la chancellerie durant les élections à Genève pour préparer des brochures et des films simplifiés. Avec un système de facturation à la ligne, notre offre peut vraiment s’adapter aux besoins aussi précis que diversifiés de nos clients.
Monde Économique : En parlant justement de vos clients, la palette est très large. Vous travaillez aussi bien avec des agences de publicité, des concessions automobiles que des entreprises dans les secteurs du tourisme, du commerce, de l’éducation, etc. Quel est leur point de convergence ?
Guy Constantin : En 30 ans, je n’ai jamais prospecté ou fait de campagne de publicité, tous mes clients sont venus uniquement grâce au réseau de l’entreprise, par le bouche à oreille. Les sociétés qui viennent chez textocreativ connaissent et reconnaissent la qualité de notre travail. Actuellement, l’ensemble du secteur est impacté par une pression sur les prix. J’essaie toujours de trouver le bon équilibre entre qualité, créativité et tarif. Je refuse de faire des compromis à n’importe quel prix ! Nos textes doivent garder leur haut niveau de qualité – et je pense que mes clients se reconnaissent dans ces efforts, c’est leur point de convergence.
Monde Économique : Vous avez construit votre entreprise dans une optique très familiale entre les collaborateurs. Pourquoi est-ce important pour vous ?
Guy Constantin : Je viens d’une famille de commerçants. Chacun dans sa société, nous sommes tous restés dans l’optique artisanale, et non industrielle. Mon credo est donc de créer une atmosphère familiale avec mes quatre employés et une quarantaine d’indépendants. Sans eux, l’entreprise n’existerait tout simplement pas ! Bien avant la pandémie, nous étions déjà à 50% en télétravail, sans horaires fixes. Aujourd’hui ce temps est passé à 80%, la productivité a augmenté et l’absentéisme est inexistant. De plus, je trouve juste de partager notre bénéfice à parts égales entre les collaboratrices et collaborateurs, l’entreprise et moi-même. C’est également pour rester dans cette optique d’entreprise à taille humaine, que je ne vise pas le développement à l’international ou à l’élargissement du nombre de langues que nous proposons !
Monde Économique : Vous êtes dans le milieu de la traduction depuis plus de 30 ans. Quelles évolutions du secteur constatez-vous ?
Guy Constantin : Les formats, les délais, les prix, les demandes, tout a changé ! Il y a 30 ans, il fallait envoyer les disquettes par courrier, aujourd’hui nous devons adapter l’écriture en fonction du support de son utilisation. Je constate également que les clients donnent rarement du feedback et rediscutent moins souvent des formulations, ce qui est une conséquence directe de l’accélération du rythme et de ce besoin constant de communiquer. D’ailleurs, aux débuts de la société nous proposions un supplément express pour les travaux rapides. Il n’existe plus, car toutes les demandes sont devenues urgentes. Un traducteur traduit au maximum entre 10 000 et 15 000 caractères par jour, donc pour répondre aux délais toujours plus courts la solution des grandes entreprises est de « saucissonner » le travail entre différentes personnes. Certes, la vitesse augmente, mais le style n’est pas uniforme. Étant plus artisans que grossistes, chez textocreativ nous avons au maximum deux traducteurs sur le même texte – pour un résultat ciselé et fluide. De l’artisanat, justement!
Monde Économique : A l’heure de l’apparition de l’intelligence artificielle, comment voyez-vous l’avenir de votre secteur ?
Guy Constantin : Le métier a déjà évolué et va indéniablement continuer de changer. Certains acteurs vont peut-être disparaître. Je pense que pour perdurer, il faudra savoir utiliser l’IA à bon escient, tout en maintenant un niveau de qualité élevé. Nous traduirons certes plus vite grâce à l’AI, mais je suis convaincu que l’intervention humaine restera indispensable..
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