Par Prof. Monica Wagen

La famille et l’entreprise familiale se distinguent par des systèmes de valeurs et des objectifs sensiblement divergents.  La famille représente la stabilité, la sollicitude, la fidélité, et le travail collectif, alors que l’entreprise se concentre davantage sur les changements, le développement, la concurrence et l’efficacité.  C’est pourquoi les familles qui ont une vision à long terme, doivent trouver le moyen de minimiser les conflits qui surgissent immanquablement entre ces deux sphères d’influence.  Dans ce contexte, le Conseil de Famille, qui rassemble des membres choisis dans la parenté de l’entrepreneur se rencontrant régulièrement, apparaît comme une bonne solution.  Il peut devenir un forum au sein duquel on cherchera un consensus sur des aspects tels que le rôle de la famille ou sa responsabilité vis à vis de la société comme du monde extérieur.  Voici cinq bonnes raisons de créer un Conseil de Famille.

L’amélioration des rapports entre famille et entreprise

Un Conseil de Famille peut renforcer le flux d’informations en provenance de l’entreprise vers les actionnaires, héritiers potentiels, époux et autres membres de la parenté afin de faciliter la résolution de problèmes, tels que la succession au sein du management ou le manque de liquidités.  Il permet de développer une culture d’entreprise claire et précise basée sur la culture de la famille. Une ressource qui sera par la suite élaborée par les publicistes et qui permettra de se différencier de la concurrence. Ce qui facilite l’identification des employés à la société et les relations de l’entreprise avec l’extérieur. Un conseil de famille représente un moyen institutionnel d’entretenir un dialogue utile entre l’entreprise et la famille

La définition d’une philosophie de famille

Ce type de conseil voue une attention particulière à la personnalité des fondateurs de la société et à leurs successeurs, pour perpétuer la tradition.  La famille peut ainsi se forger un système de valeurs, qui se transmettra aux générations futures et à l’entreprise familiale.  Il permet par exemple des réflexions sur la possibilité d’avoir des buts philanthropiques, d’utiliser une partie du bénéfice de l’entreprise pour des manifestations culturelles, d’améliorer l’image en sponsorisant des activités sociales ou sportives.  Cette attitude au sein du conseil renforcera le sentiment de responsabilité patrimonial vis-à-vis de la famille, de la compagnie et de la communauté.

Planification de la succession

L’impossibilité d’assurer le passage de témoin entre les générations, tant au niveau du contrôle que du management de la société, représente certainement la raison essentielle à la mortalité élevée des entreprises familiales.  Pour éviter cette instabilité et ces frustrations, on discutera ouvertement au sein du conseil de famille des ambitions des descendants, des attentes de la génération montante ou des perspectives de revente de l’entreprise.

Choix des critères de nomination

Les critères de sélection (comme l’âge, la formation et l’expérience) devraient être codifiés avec précision par le Conseil de Famille, de manière à ouvrir certains postes aux membres de la parenté.  Grâce à ces «règles du jeu», on évitera des divergences d’opinion, tout en améliorant la qualité de la formation professionnelle des membres de la famille.

Par tradition, bien des entreprises familiales ont un conseil d’administration composé d’un trop grand nombre de membres de la famille

Améliorer le fonctionnement du conseil d’administration

Par tradition, bien des entreprises familiales ont un conseil d’administration composé d’un trop grand nombre de membres de la famille.  Leur présence, souvent honorifique, vise à satisfaire les différents groupes d’intérêts familiaux, et empêche la nomination de personnalités externes dont les connaissances et les compétences pourraient être vitales pour l’expansion de la société.  L’efficacité du conseil d’administration se voit ainsi compromise par des problèmes familiaux, qui auraient pu être résolus dans le cadre d’un conseil de famille. L’instauration de cette institution permettrait ainsi de fixer le nombre idéal de membres du conseil d’administration et par là augmenter son professionnalisme et son efficacité.

Les résistances et les erreurs

Il existe des résistances à la création d’un Conseil de Famille qui proviennent très souvent de ceux qui possèdent les rênes du pouvoir dans l’entreprise.  Ils s’opposent au partage de l’information, parce qu’ils appréhendent les critiques à l’égard de leurs décisions.  Certains craignent que la gestion de l’entreprise ne se transforme en une réunion démocratique et que le processus de décision ne s’en trouve alourdi. Or ces inquiétudes sont dépassées par les avantages que présente un Conseil de Famille pour l’ensemble des membres de la famille et pour l’avenir de l’entreprise.  Afin de conserver cet idéal, les erreurs suivantes devraient être évitées : 

• Un Conseil de Famille ne devrait pas être utilisé pour résoudre des problèmes qui touchent directement la conduite de l’entreprise.  De plus, il ne sera pleinement efficace que si la génération qui détient les rênes du pouvoir est désireuse de voir la prochaine génération prendre part aux discussions.  Enfin, un Conseil de Famille ne devrait pas être utilisé pour influencer, voire manipuler certains membres de la famille et les gagner à une cause visant des intérêts particuliers.  Une méthode efficace serait celle de codifier la philosophie et les buts de la famille, en établissant un document, une sorte de constitution de la famille, mentionnant ses valeurs et ses visions par rapport à l’entreprise et à ses objectifs.

Les Conseils de Famille ne sont pas la panacée.  Ils doivent s’adapter à l’environnement de chaque entreprise familiale.  En aucun cas, ils ne doivent remplacer le rôle du conseil d’administration ou celui de la direction.  Mais ils représentent un moyen institutionnel d’entretenir un dialogue utile entre l’entreprise et la famille.  Comme le montre l’expérience, chaque fois qu’un tel conseil a été créé, la société en a ressenti les bénéfices.

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