Argentine : la situation actuelle est particulière

12 octobre 2023

Argentine : la situation actuelle est particulière

Photo: Yasmine Ravai © Eurizo SLJ Capital

Par Yasmine Ravai  Gestionnaire senior en obligations émergentes, chez Eurizon SLJ Capital 

L’environnement économique de l’Argentine devient de plus en plus difficile : le PIB se contracte, l’inflation est à trois chiffres, les réserves nettes sont négatives et la situation budgétaire est fragile. L’incertitude liée aux élections est un facteur de risque supplémentaire pour l’Argentine. Dans le pire des scénarios, comme l’absence de majorité claire au Congrès, une dollarisation désordonnée ou une explosion de l’inflation, certains pays moins impactés comme l’Équateur ou l’Angola pourraient bénéficier d’un exode de l’Argentine. 

Toutefois, compte tenu de l’isolement de l’Argentine ces dernières années et de la très faible exposition des investisseurs étrangers au pays, depuis l’élection de Fernandez, nous ne voyons pas de risque de contagion aux autres pays émergents. L’Argentine est devenue une région périphérique pour les investissements mondiaux, tandis que les marchés émergents traditionnels continuent d’être alimentés par une combinaison de facteurs locaux (fondamentaux spécifiques au pays) et mondiaux (politique monétaire de la Fed, Chine, matières premières).  

Les marchés obligataires émergents continuent d’offrir des rendements prometteurs

Malgré un environnement externe difficile, l’année a été remarquable pour les marchés émergents en termes de performance : les obligations d’État émergent en monnaie locale et les obligations d’État émergent libellées en USD ayant progressé respectivement de 5,12 % et de 3,04 % (en euros, au 29 septembre). Face aux turbulences liées aux taux d’intérêt américains élevés, à la force du dollar et aux risques relatifs aux prix des matières premières, les marchés obligataires émergents ont récemment évolué dans une fourchette étroite, digérant l’impact de taux d’intérêt plus élevés et prolongés qui se profilaient. 

Cependant, des valorisations favorables, un positionnement modéré et un portage attractif devraient continuer à soutenir les marchés obligataires locaux des pays émergents avec des rendements prometteurs. Un positionnement modéré signifie que les investisseurs étrangers ne sont investis qu’à un faible pourcentage sur le marché et peuvent par conséquent augmenter leur part. De plus, en cas de sentiment de risque, le mouvement de vente ne pourra être trop important. 

Concernant les obligations étrangères, nous restons positifs sur les obligations asiatiques, qui sont soutenues par de solides facteurs macroéconomiques structurels et cycliques. Nous anticipons un rendement global plus élevé pour les deux segments, sous l’effet de la baisse des taux d’intérêt pour les obligations locales et du resserrement des spreads pour les obligations étrangères.

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