La crise des crèches à Genève met en lumière une inégalité croissante entre les établissements privés et publics. Les règles strictes imposées par l’État de Genève aux crèches privées sont complexes à mettre en œuvre sans le renfort financier des subventions, qui sont pourtant destinées uniquement aux établissements publics.
Un exemple frappant est celui de la crèche privée Totup. Elle envisage de saisir le Tribunal Fédéral afin de garantir la disponibilité des places en crèche à Genève et assister les 230 familles qu’elle sert. Cette démarche met en évidence une réalité incontournable : sans subventions, les crèches privées, bien qu’elles respectent les Conventions Collectives de Travail (CCT), sont confrontées à d’importants déficits financiers, compromettant leur pérennité. Pour Totup, cela signifierait une perte annuelle excédant les 300 000 CHF, conduisant à une augmentation drastique des frais de garde, potentiellement jusqu’à 4500 CHF mensuels par enfant. L’État de Genève, interpellé sur cette question, reste pour l’instant silencieux. Plutôt que d’adopter une démarche collaborative comme dans d’autres cantons suisses, Genève semble privilégier une position inflexible, exacerbant ainsi la pénurie de places en crèche dans le canton.
Un rapport de la cour des comptes a mis en évidence que le système actuel est sur le point de s’effondrer. En l’espace de 25 ans, la demande de places en crèche a explosé en raison de changements démographiques. Le nombre d’enfants dans les structures subventionnées a augmenté de près de 70%, passant de 4028 en 1995 à 6702 en 2019. Parallèlement, les subventions ont connu une croissance de 270% en deux décennies. Pourtant, selon certaines estimations, Genève aurait besoin d’au moins 1100 places supplémentaires. Kristina Babina, à la tête de plusieurs crèches en Suisse romande, souligne l’unicité de la situation genevoise, s’interrogeant sur l’absence de collaboration entre l’État et les crèches privées, comme cela se pratique ailleurs.
Il est crucial de souligner que le dilemme ne se limite pas à Totup. Toutes les crèches privées de Genève sont touchées. Le référendum à venir en mars offrira aux citoyens l’opportunité de s’exprimer à ce sujet. Un vote contre serait un pas vers la sauvegarde des crèches privées de Genève et vers une plus grande équité entre les établissements privés et publics.
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