QUAND LA VOCATION ECONOMIQUE DE L’UNION EUROPEENNE S’AVERE PLUS FORTE QUE SA VOCATION POLITIQUE

6 décembre 2017

QUAND LA VOCATION ECONOMIQUE DE L’UNION EUROPEENNE S’AVERE PLUS FORTE QUE SA VOCATION POLITIQUE

Aujourd’hui, plus que jamais, rien n’est simple et univoque dans l’Union Européenne !

Dans sa partie occidentale – des exits imminents ou déjà effectifs, dans la partie Est, au contraire – des impatiences d’adhésion. Sur le plan politique – de grandes ruptures, dans l’économie – une croissance stable et ininterrompue depuis déjà quatre ans.

Oui, la seule chose sûre pour le moment, c’est bien elle – la vigoureuse reprise économique qui, depuis 2013, se traduit de plusieurs manières et voit se redresser durablement la courbe de la création d’emplois dans l’ensemble de la zone euro. En tout, 7 millions d’emplois y ont été créés, l’Allemagne et l’Espagne ayant la plus grande part dans cette tendance – plus de la moitié, respectivement 29% et 24% (nous nous référons aux données publiées par le spécialiste économique O. Chemla).

La part des trois secteurs économiques dans la hausse de la création d’emplois.

Le redressement est en effet impressionnant. Chacun des secteurs économiques y participe, bien que de manière différente et à degrés différents. La plus grande part dans la création d’emplois – évaluée à pas moins des deux tiers de la croissance dans ce domaine – revient au secteur tertiaire défini généralement comme celui « des services ». La tertiarisation amorcée depuis les années 90 du siècle passé s’y confirme de manière éclatante et la prééminence des services sur la production en terme de poids dans l’économie mondiale, y compris européenne, est aujourd’hui plus évidente que jamais.

Quant à la part des secteurs primaire et secondaire dans l’affirmation de ces tendances, comparée à celle du tertiaire, elle est bien plus modeste. 300 000 nouveaux actifs avaient été créés dans l’industrie et encore moins (bien qu’avec une tendance à la hausse, après la stagnation), dans la branche de la construction.

Il est vraiment rassurant, il est doux et agréable de constater, à la veille des vacances et des grandes fêtes de fin d’année, des tendances et des résultats aussi encourageants. L’Union Européenne émerge de nouveau comme une zone de stabilité et de prospérité. Elle pense même à de nouveaux élargissements, avec l’adhésion des pays des Balkans occidentaux en perspective.

L’Europe de l’Est – entre sous- traitance et maltraitance.

Parlant de stabilité et de prospérité en Europe, n’oublions pourtant pas les inégalités économiques qui existent entre l’Est et l’Ouest séparés aujourd’hui non plus par un Rideau de fer mais par de nouvelles barrières, invisibles et perfides, ténues mais tenaces. A la place de l’ancien Mur, un voile est tombé qui, à force de slogans politiques et de promesses pour le futur, empêche de voir les aspects moins glorieux de l’intégration et notamment cette tendance à discriminer l’Est européen, devenu désormais, pays- membres et pays- candidats confondus, un vaste atelier de production pour les entreprises occidentales. En Serbie et en Bulgarie, on travaille souvent dans des conditions dignes du dix- neuvième siècle, dans des ateliers insalubres et incommodes, avec une mauvaise gestion du risque d’accident et de nets éléments d’exploitation.

Comme d’habitude, la palme revient à l’industrie textile, championne depuis des années dans le genre et dont la sous- traitance low cost en Europe de l’Est et en Asie est devenue symbole d’abus et d’injustice. Tout n’est donc pas rassurant, réjouissant et brillant à la veille de Noël dans l’UE. D’ailleurs, en nous pressant devant les portes des grandes enseignes de l’habillement le jour de Black Friday ou pendant les fêtes, pensons aux conditions dans lesquelles sont produits certains des habits que nous achetons. Pensons aussi à devenir des clients éthiquement plus exigeants.

Quant à l’Union Européenne qui n’est certainement pas directement responsable des abus de sous- traitance, n’est-il pas, en revanche, grand temps pour elle d’adopter des normes strictes et contraignantes en matière de sous- traitance ?

Pour le reste, remarquons, tant de décennies après la création de l’UE (initialement CEE), que la vocation économique de cette grande association de pays s’avère plus forte que sa vocation politique. En effet, l’« Europe de Bruxelles » se porte beaucoup mieux sur le plan de l’économie que sur le plan institutionnel- politique. L’esprit des débuts, celui de la Communauté économique européenne, n’est-il pas en train de l’emporter sur l’esprit d’une l’Union politique de plus en plus élargie mais de plus en plus lourde de bureaucratie, de contradictions et de tensions ?

 

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