L’urbanisme utilitaire, une constance dans l’histoire et le développement des villes

10 décembre 2017

L’urbanisme utilitaire, une constance dans l’histoire et le développement des villes

Qu’est-ce qu’une ville si ce n’est une zone, permettant de regrouper en un lieu unique toute une société ? Les contraintes matérielles, les exigences matérielles ont conduit la ville à s’organiser en quartiers clairement définis dans un premier temps. L’urbanisme s’est inscrit dans ce développement naturel. Le quartier des tisserands et des artisans du cuir se situait toujours le long d’une rivière, à proximité, le plus souvent, de celui des métiers de bouche. Le développement de la ville s’effectuait alors en réponse à des besoins concrets. L’urbanisme d’aujourd’hui s’en ressent et s’en inspire toujours.

Ne doit-on pas voir une même réponse urbanistique, en constatant que les grands centres commerciaux, les parcs de loisirs sont eux-aussi édifiés en périphérie des centres-villes, comme les Romains bâtirent leur théâtre en retrait du forum. Ce dernier, censé représenter le croisement des axes principaux de la cité, ne rappelle-t-il pas les cœurs des villes d’aujourd’hui, où se concentrent les commerces ?

La mixité, un enjeu pour renforcer l’attractivité et soutenir le développement des villes

Cette vocation utilitaire de l’urbanisme (en répondant à des attentes concrètes et pragmatiques) a longtemps représenté le schéma directeur des cités, jusqu’à ce que l’on en pointe aussi une des dérives les plus dangereuses : la ségrégation. L’habitat, et donc l’architecture, doit-il être pensé uniquement en fonction de la profession ou de l’appartenance à une certaine classe sociale ?

Pourtant, la ville a besoin de la mixité pour continuer à se développer. Les échanges doivent être permanents entre les différentes strates sociales ou professionnelles, nécessitant ainsi d’accentuer cette mixité dans tous les quartiers de la ville. Opposer le dynamisme des centres des cités au cadre de vie stressant des villes dortoirs de périphérie, n’est-ce pas prendre le risque de voir ces cœurs animés se désertifier et ainsi se déplacer vers ces banlieues ?

La mixité, un besoin passant aussi par une réflexion ambitieuse sur l’urbanisme des villes modernes

Si la mixité est nécessaire au développement des villes mais aussi de la communauté, elle implique d’être pensée et organisée notamment sur un plan urbanistique. La création d’espaces de loisirs, d’espaces publics, de commerces doit s’étendre sur tout le territoire de la cité. Il ne s’agit pas alors d’une urbanisation uniforme, mais de s’adapter à chaque quartier, à chaque arrondissement.

Ce sont les garanties d’une parfaite cohésion sociale, qui seront à l’origine du « vivre ensemble ». La diversité en matière d’urbanisme ne se lit pas sur les styles d’architecture retenus mais sur le plan de constructions choisi et validé par les autorités. Permettre à toutes les classes sociales, à toutes les professions de trouver leur place au cœur de la ville, voilà l’enjeu des urbanistes d’aujourd’hui. Et cet enjeu implique de maintenir (voire de créer) des surfaces suffisantes consacrées à des activités variées, condition indispensable à la cohésion sociale.

Jérôme Collin

 

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