La crise des crèches à Genève : un problème prévisible non anticipé

21 avril 2024

La crise des crèches à Genève : un problème prévisible non anticipé

La situation actuelle des crèches dans le canton de Genève est le résultat d’une anticipation manquée de l’Etat face à une réalité qui s’annonçait pourtant évidente : l’augmentation constante de la population. Cette croissance démographique aurait dû conduire à une prévision et à une adaptation des infrastructures d’accueil pour les enfants en âge préscolaire, mais les mesures prises ont été insuffisantes.

En juin 2012, la population genevoise a clairement exprimé son désir de voir ce besoin fondamental couvert, en acceptant une initiative qui inscrit dans la constitution le droit à une place d’accueil de jour pour chaque enfant. Malgré cela, environ 2000 places de crèche manquent à l’appel dans le canton, laissant une demande sur deux insatisfaites. Cette pénurie a des conséquences directes sur l’organisation des familles, notamment en ce qui concerne la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée, poussant trop souvent les femmes à revoir leurs ambitions professionnelles.

Le rôle complémentaire des crèches privées

Dans ce contexte, les crèches privées jouent un rôle crucial. Elles offrent une alternative précieuse aux structures publiques, contribuant à pallier, bien que partiellement, le manque de places. Ces crèches, fonctionnant souvent sans subventions, étaient en parfaite harmonie avec les crèches publiques, jusqu’à ce que de nouvelles règlementations en 2022 viennent perturber cet équilibre. Imposées de se conformer à une convention collective de travail (CCT) ou de s’aligner sur les pratiques salariales dictées majoritairement par la Ville de Genève, ces nouvelles charges financières sont devenues insupportables pour les crèches privées, dénuées des subventions publiques conséquentes. Or, l’exemple du canton de Vaud démontre qu’une collaboration efficace entre les crèches publiques subventionnées et les crèches privées est non seulement possible mais bénéfique.

Pour surmonter la crise des crèches à Genève, un modèle similaire devrait être envisagé. Il est essentiel de mettre en place des mesures qui permettront à ces deux types d’établissements de travailler conjointement, dans l’intérêt des familles genevoises. Pour Kristina Babina, fondatrice des crèches TotUP : « Nous ne demandons pas l’aumône, ni des conditions aux rabais mais juste une révision des règlementations imposées aux crèches privées, afin de nous permettre de jouer pleinement notre rôle complémentaire sans être écrasées par des charges financières inadaptées à notre situation ».

Il est donc urgent de reconnaître que la réponse à la pénurie de places en crèche réside dans une approche intégrée, incluant tant les ressources publiques que privées. Une politique prévoyante, qui anticipe les besoins croissants en accueil de jour découlant de l’évolution démographique, et qui facilite la collaboration entre tous les acteurs concernés, est indispensable. Les autorités doivent ainsi prendre des mesures concrètes pour que Genève puisse honorer son engagement constitutionnel : garantir une place d’accueil pour chaque enfant en âge préscolaire.

La crise actuelle des crèches est plus qu’une question de logistique ; elle touche au cœur même de la capacité des familles à organiser leur vie quotidienne et de la société à soutenir l’égalité des chances pour tous ses membres.

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