Ralentissement ou pas ?

16 juillet 2024

Ralentissement ou pas ?

Perspectives par « The Globe » rédigé par Eurizon Asset Management

Après un premier semestre marqué par des statistiques macroéconomiques meilleures que prévu, quelques chiffres moins reluisants ont suffi à ouvrir le débat sur la possibilité d’un ralentissement de l’économie mondiale au second semestre et, en particulier, de l’économie américaine.

Le scénario central prévoit la poursuite du cycle d’expansion, sans tendance particulière au ralentissement. Il est vrai que l’économie américaine a achevé la phase de réaccélération de 2022/2023, dernière manifestation de l’ajustement post-Covid, et se trouve désormais dans une phase de croissance stable, ayant fini d’absorber les excès du redémarrage post-pandémie.

La crise du Covid et l’après-Covid ont engendré une volatilité macroéconomique sans précédent. Après avoir frôlé une croissance nulle au début de 2022, l’économie américaine a réaccéléré tout au long de 2023 et semble avoir atteint sa vitesse de croisière (2,0/2,5 % en moyenne annuelle) et se trouver désormais dans une phase de croissance stable.

Le marché du travail montre clairement que l’économie américaine est revenue à une situation « normale ». Le redémarrage post-Covid avait créé un surplus de croissance (et de demande de main-d’œuvre de la part des entreprises) inédit. Un surplus qui explique en grande partie la poussée inflationniste de 2022.

Deux ans ont été nécessaires pour le résorber (et le processus n’est pas encore totalement achevé). Les prévisions de récession de l’économie américaine en 2023, démenties de manière retentissante, avaient confondu un ralentissement éliminant les excès antérieurs avec un passage sous la « ligne de flottaison ».

Ceci concerne la reconstruction du passé, mais la question qui se pose aujourd’hui est la suivante : l’économie américaine ralentit-elle et risque-t-elle de tomber sous la « ligne de flottaison » ? Jusqu’à présent, on ne voit aucun signe en ce sens.

Sur quatre indicateurs du marché du travail (salaires non agricoles, enquête ADP, enquête auprès des ménages, demandes d’allocations chômage), un seul (enquête auprès des ménages) montre des signes de fléchissement. Il convient toutefois de noter que l’enquête sur les ménages est très volatile et qu’elle est historiquement la moins fiable pour mesurer l’emploi.

La divergence entre cette enquête et les autres indicateurs mérite qu’on s’y attarde, mais elle ne saurait être considérée comme une preuve évidente du ralentissement de l’économie américaine.

En changeant d’angle d’observation, on constate que le consommateur américain est toujours en excellente santé. La consommation a cessé d’accélérer, ce qui est de bon augure pour la maîtrise de l’inflation, mais on ne discerne aucun signe d’inversion de tendance.

Les déterminants du revenu disponible montrent que la croissance de l’emploi s’est stabilisée après l’extraordinaire volatilité observée au moment du Covid, tandis que l’évolution des salaires réels est devenue positive après la poussée inflationniste.

Les tendances conjuguées de l’emploi et des salaires montrent que le revenu réel du travail est en mesure de soutenir l’expansion de la consommation au rythme de 2 % par an, ce qui correspond à la vitesse de croisière de l’économie américaine, déjà engagée dans le cycle pré-Covid.

D’autres indicateurs, tels que les enquêtes sur la confiance des entreprises, confirment la bonne santé de l’économie américaine.

Il convient de noter que les enquêtes de confiance – en baisse entre 2021 et 2023 – ont induit de nombreuses personnes en erreur. Bon nombre des prévisions de récession, qui se sont révélées erronées par la suite, étaient basées sur ce recul.

Les enquêtes de confiance étant des indicateurs de diffusion, elles ne montrent que la tendance et non l’ampleur du phénomène.

Et, en effet, l’économie au cours de la période 2021/23 était orientée à la baisse, mais cela correspondait à l’absorption d’une phase d’excès, et non à un véritable ralentissement.

Maintenant que les excès ont été résorbés, les indicateurs de confiance reprennent leur rôle habituel et montrent que l’économie américaine s’oriente vers une prolongation du cycle.

Plus précisément, les dernières indications font état d’une amélioration de la composante services qui, si elle se confirme, indiquerait que l’économie américaine se trouve toujours dans une phase d’expansion.

En étendant l’observation aux variables globales, le diagnostic confirme la poursuite du cycle de croissance.

La faiblesse du commerce mondial en 2022/23 avait été interprétée comme une anticipation de récession, alors qu’il s’agissait, là encore, de l’absorption des excès du redémarrage post-Covid.

Les excès ont été éliminés et le commerce mondial revient à un état d’expansion modérée.

Dans la zone euro, en particulier, où le cycle économique semble en retard sur celui des États-Unis, la croissance se redresse ces derniers mois, pour retrouver son rythme de croisière, après avoir été proche de zéro à la fin 2023.

Dans la zone euro, l’impact de la baisse de l’inflation sur les salaires réels est très fort et reflète les répercussions négatives de la flambée des prix.

La croissance des salaires réels se conjugue à une tendance de l’emploi qui reste positive, bien que modérée, après le boom post-Covid.

La combinaison de ces deux éléments, emploi et salaires réels, constitue potentiellement un puissant soutien à la consommation. Par le passé, les consommateurs européens se sont montrés plus frileux que leurs homologues américains et, cette fois encore, ils pourraient décider d’épargner une partie de leur pouvoir d’achat retrouvé.

Pour autant, les fondamentaux de l’économie accréditent l’hypothèse d’une reprise dans la zone euro.

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