VERS UN URBANISME ET UNE ARCHITECTURE QUI CONSACRENT LA DIVERSITE

5 février 2018

VERS UN URBANISME ET UNE ARCHITECTURE QUI CONSACRENT LA DIVERSITE

A partir des années 2000, à la faveur de l’afflux massif de migrants consécutif aux accords de la libre circulation des personnes, les grandes villes suisses ont vu leur population s’accroître considérablement (3,6% pour Zuerich, de 2,8% pour Lausanne et de 2,1% pour Genève).

Différents aspects de la mixité urbaine.

Dès lors, la question de la mixité s’est posée avec toute son acuité sur le plan urbain. Les défis liés à la gestion d’une diversité ethnique et culturelle de plus en plus prononcée ont de leur côté contribué à actualiser d’autres aspects du vaste problème de la mixité urbaine. La ville est désormais pensée comme un espace de vie partagé où il s’agit de faire cohabiter, et le plus harmonieusement possible, des personnes non seulement de différentes ethnies et cultures mais aussi et de catégories sociales différentes et de générations variées. La question de la diversification des activités dans le cadre d’un même quartier se pose aussi, rendant quelque peu obsolète l’ancienne conception corbusienne du zonage urbain (la répartition de la ville en zones distinctes d’habitation, d’activité professionnelle et de commerce ; nous nous référons à J. Zaugg et son étude « La nouvelle mixité urbaine »).

La mixité est promue même au niveau des trois secteurs économiques, une loi spéciale adoptée en 2012 permettant d’intégrer un grand pourcentage d’activités tertiaires dans les espaces jusqu’ici réservés au secondaire.

Dans un avenir proche, la mixité et la diversité seront caractéristiques non seulement des zones et des quartiers de la ville mais aussi des bâtiments d’habitation eux-mêmes. L’encadrement urbanistique et architectural de la mixité passera par la construction plus intense de grands complexes qui feront coexister et interagir des personnes de différents groupes ethniques- culturels, sociaux et générationnels. D’autre part, jusqu’alors réservés presque exclusivement à l’habitat, les immeubles du futur abriteront – et pas seulement à leur premier étage – des commerces, des bureaux, des services publics.

Des tours futuristes pour abriter et consacrer la diversité.

La tendance est effectivement à la construction de « tours » qui, intégrant à la fois des logements et des centres d’activités diverses, proposeront des espaces de vie au sens plénier du terme et permettront un côtoiement bénéfique de personnes d’origine et d’appartenance sociale différentes. Les tours et les « barres » du futur seront en même temps – c’est ce qu’on souhaite et ce qui transparaît dans plusieurs projets – à l’opposé de celles que nous connaissons aujourd’hui et qui ont acquis la triste connotation de ségrégation et d’une ghettoïsation assimilée par sociologues et urbanistes à une flagrante « injustice spatiale ». A la place des tours actuelles qui entassent, dans l’indifférence et le mépris, des milliers de vies humaines, il y aura de hauts immeubles qui combineront en effet des surfaces d’habitat avec des espaces d’activités professionnelles et même des zones de détente et de loisirs. Loin de l’aspect grisâtre et maussade de la plupart des tours existant actuellement, l’avenir verra s’élever de grands espaces verticaux qui, spacieux et aériens, donneront l’impression d’un envol léger vers le ciel.

On est émerveillé de voir dans certains projets architecturaux pour les années 2050- 2060, une version ultra- moderne de fantasmes architecturaux anciens voire mythiques et qui, transposés dans un contexte quasi -futuriste, prennent une nouvelle vie et une nouvelle signification. Ainsi par exemple, dans « 2050 Paris Smart City », projet créé par l’architecte Vincent Callebeaut et soutenu par la Ville de Paris, on peut avoir une lecture moderne des jardins suspendus de Sémiramis, la fabuleuse création de l’antiquité qui a de tout temps captivé l’imagination des artistes et dont des éléments emblématiques réapparaîtraient désormais dans des bâtiments destinés à l’habitation collective. V. Callebaut propose en effet la construction de grandes tours qui feraient alterner béton et verdure et qui donneraient l’impression d’intégrer d’exubérants jardins suspendus.

Ce qui dans les temps anciens avait été considéré comme une réalisation royale et somptueuse, l’une des sept merveilles du monde, fera bientôt partie de l’architecture de nos futurs immeubles, y compris de ceux du type « HLM ». L’esthétique et l’originalité de ces grands ensembles architecturaux contribueront ainsi, elles aussi, à combattre l’impression de ségrégation et à consacrer l’idée de la diversité urbaine, de la mixité et de l’intégration heureuse.

 

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