L’épine dans le pied 

6 novembre 2024

L’épine dans le pied 

Photo Jack Loudoun © REYL Overseas

Par Jack Loudoun, Chief Investment Officer, REYL Overseas

Monteverdi était un constructeur de voitures de luxe suisse fondé par Peter Monteverdi en 1967. Son premier modèle, la Monteverdi High Speed 375S, associait le savoir-faire et l’ingénierie suisses à la puissance américaine d’un V8 Chrysler.  La production s’est arrêtée en 1982, les voitures de Monteverdi n’étant désormais visibles que dans les concours d’élégance. 

Aujourd’hui, les États-Unis et la Suisse sont restés proches. Les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial de la Suisse, et cette dernière est le septième investisseur étranger aux États-Unis.  Près de 500 entreprises suisses sont présentes aux États-Unis, générant environ 317 000 emplois. En Suisse, les entreprises américaines emploient environ 104 000 personnes.

Turbulences 

La Suisse offre un ensemble unique d’avantages concurrentiels dans un environnement changeant. Les bouleversements politiques et sociétaux, la volatilité économique et l’incertitude géopolitique n’ont fait qu’augmenter ces dernières années. La pandémie, la guerre entre la Russie et l’Ukraine et la crise au Moyen-Orient ont contribué à de graves problèmes budgétaires dans les économies développées, tandis que les récents changements technologiques et démographiques semblent accentuer la polarisation. Le Royaume-Uni a connu quatre Premiers ministres en quatre ans, ce qui a soulevé des questions quant à leur capacité à exploiter les marchés de la dette et à leur réputation à l’étranger, et les dépenses publiques excessives font désormais craindre des hausses d’impôts.  Des changements politiques se préparent également dans le reste de l’Europe, qui a son propre lot de problèmes, en sus du défi quotidien de réunir harmonieusement 27 pays.

Les Etats-Unis en tête

Les États-Unis offrent parmi les marchés les plus profonds et les plus liquides dans la monnaie dominante du monde. L’innovation et la technologie sont les moteurs des grandes entreprises américaines, qui ont peu de rivaux et sont solidement ancrées. Le Premier ministre italien a récemment déclaré : « L’Amérique innove, la Chine reproduit et l’Europe réglemente ». Pourtant, alors que les nouvelles négatives à court terme sur l’état de la scène politique américaine vont crescendo, il faut aussi se rappeler que l’Europe compte 744,9 millions d’habitants et que la Suisse est une porte d’entrée pour les capitaux et les investissements.

Quatre ans de plus

Contrairement au battage médiatique, à l’effervescence et à la montée en puissance des élections américaines, la scène politique suisse est beaucoup plus stable. Pour deux pays liés sur de nombreux fronts, il est intéressant de relever les différences, notamment politiques.  

Nous avons demandé à l’intelligence artificielle le nombre d’articles écrits sur les élections américaines et la réponse a été frappante par son manque de détails. Le mieux qu’elle ait pu faire a été d’indiquer que des milliers d’articles avaient été imprimés. Nous restons sceptiques quant aux sondages qui, en 2016 et lors du Brexit, ont fait un si mauvais travail. Cependant, il y a certains points à souligner.

Ce qui pourrait faire la différence cette année est la démographie. Pour la première fois depuis 30 ans, la génération des baby-boomers (1946-1964) pourrait ne plus être la génération électorale dominante, écartée par la génération Z (1997-2012) et la génération des Millenials (1981-1996).  Ce facteur, combiné à la participation électorale, pourrait s’avérer significatif. Les affaires contre M. Trump ont été très médiatisées, mais Bloomberg rapporte que les deux parties ont intenté plus de 165 actions en justice distinctes dans 37 États, ce qui donne un ton inquiétant aux procédures lorsque l’État de droit est requis.

Dépenses excessives

Il n’est pas rare que des dépenses déficitaires soient engagées lors d’une élection, mais elles sont devenues une belle épine dans le pied. Les États-Unis vivent économiquement bien au-dessus de leurs moyens. Le gouvernement fédéral dépense 1,39 dollar pour chaque dollar de recettes qu’il perçoit, ce qui n’est pas justifié si l’on considère que nous sommes toujours dans la phase d’expansion du cycle économique.  Le refinancement de la dette et les coûts d’intérêt sont d’énormes vents contraires pour les États-Unis et, en raison de la prédominance de la dette américaine par le biais des garanties, toutes les classes d’actifs mondiales sont affectées. 

L’analyse de ce que les républicains et les démocrates feront ou ne feront pas n’est pas figée. En effet, nous pouvons affirmer qu’à long terme, la bureaucratie du gouvernement se poursuit indépendamment de la personne qui siège à la Maison Blanche. Le fait est qu’aucun des deux candidats n’a manifesté d’intérêt pour la maîtrise des dépenses. Le contrôle du Congrès est donc la clé de la capacité des deux candidats à mener leur programme.  

Les relations entre la Suisse et les États-Unis continuent de se renforcer. Un changement à la Maison Blanche ne va pas modifier matériellement les relations économiques. Cependant, le monde évolue et la Suisse a un rôle unique à jouer pour continuer à attirer des capitaux et des investissements.

Retrouvez l’ensemble de nos articles Economie

 

Recommandé pour vous