Photo © BRAFA
Par Pierre Bessard
Un anniversaire qui se veut coloré, pop et festif : pour marquer sa septantième édition, la BRAFA, la foire bruxelloise d’art et d’antiquités, qui se tiendra fin janvier 2025, accueillera comme invitée d’honneur l’artiste portugaise Joana Vasconcelos. Ses sculptures monumentales et installations immersives, réalisées avec des casseroles ou des tampons hygiéniques, entre autres médiums et matériaux plus ou moins inattendus, interrogent avec humour et ironie certains traits sociétaux, comme le consumérisme ou la condition féminine.
Le parcours de l’artiste née à Paris et basée à Lisbonne, jalonné d’expositions au Château de Versailles, au Musée Guggenheim de Bilbao ou au Palazzo Pitti de Florence, en fait une figure incontournable de l’art contemporain. Sa touche exubérante et ludique soulignera ce qui fait la particularité de la BRAFA depuis sa création en 1956 : un éclectisme volontariste, avec une vingtaine de spécialités représentées, de l’Antiquité à la production actuelle en passant par les toiles de maîtres anciens, les arts classiques d’Afrique, le mobilier, l’orfèvrerie et la joaillerie, les tapis et textiles ou encore les livres rares.
Parmi les quelque 130 galeries sélectionnées provenant de quatorze pays, la foire peut se targuer de la fidélité d’exposants historiques, souvent intergénérationnels, dont l’expertise et la passion sont des moteurs importants de son attractivité. La galerie genevoise De Jonckheere, dirigée par les frères Georges et François De Jonckheere, par exemple, présente chaque année des œuvres d’artistes emblématiques de la Renaissance flamande, à l’instar de Pieter Brueghel le Jeune ou d’Abel Grimmer. La foire inclut aussi des intermédiaires relativement confidentiels. Entre les galeries actives en Suisse, on notera la présence des tessinoises Cortesi et Repetto, spécialisées en art moderne, avec des pièces de Lucio Fontana ou de Giorgio De Chirico.
L’édition 2025 s’étendra d’ailleurs à deux nouveaux pays : la Suède, avec la galerie Hoffmans Antiques, qui présente du mobilier des dix-huitième et dix-neuvième siècles, et le Portugal, avec la galerie J. Baptista, qui propose de la joaillerie et de l’argenterie anciennes. Cette sélection doit pousser encore un peu plus la diversification qui caractérise la foire. Du côté des exposantes belges, la galerie bruxelloise Patrick Derom propose des œuvres représentant les mouvements modernes, du symbolisme au pop art, avec des excursions dans l’art contemporain. Elle montrera des pièces de Léon Spilliaert, l’un des artistes les plus importants de la création belge au vingtième siècle (qui fit l’objet d’une exposition d’envergure en 2023 à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne), ainsi que de l’artiste contemporaine française Fabienne Verdier, dont la peinture expressive se confronte à d’autres systèmes de pensée et époques, comme les survivants de la répression culturelle en Chine, les primitifs flamands ou les minimalistes américains.
Nouvelle entrante l’an prochain, la jeune galerie Objects with Narratives, quant à elle, se distingue par l’offre d’art fonctionnel et décoratif contemporain : du mobilier, des luminaires, de la céramique, du verre ou des tapisseries, au design volontiers spectaculaire, à l’image de son espace palatial d’exposition bruxellois de la place du Grand Sablon. Les techniques traditionnelles sont ici réinterprétées pour le goût d’aujourd’hui par des artistes travaillant en Belgique et aux quatre coins du monde, qui peinent parfois à visibiliser et à commercialiser leurs talents. Ce que l’initiative des frères Nik and Robbe Vandewyngaerde, deux architectes, et de leur ami Oskar Eryatmaz, spécialiste en marketing et finance, entend pallier.
Enfin, la BRAFA inaugurera en 2025 une collaboration avec l’Institut royal du patrimoine artistique (IRPA), qui présentera son travail de conservation et de restauration. Des ateliers interactifs permettront aux visiteurs de découvrir les coulisses de la préservation d’œuvres et d’appréhender les techniques scientifiques actuelles qui révèlent les secrets des pièces anciennes et permettent notamment d’identifier les faux évidents. L’IRPA s’est fait connaître du grand public par son ambitieux projet d’inventaire international et de documentation macrophotographique des œuvres de Jan van Eyck.
Pour plus d’info: BRAFA
Retrouvez l’ensemble de nos articles Inside