La conduite du changement s’est imposée comme un concept clef dans le monde de l’entreprise. Et pour aborder ce sujet, nous avons rencontré Pascal Buyck, CEO d’Audyva afin de savoir si le changement est plus que jamais nécessaire pour repartir du bon pied.
J’aimerais bien répondre deux fois OUI et passer à la question suivante me dit-il car dans ce que vous ditesil y a une affirmation et une question. Et si vous me permettez, j’aimerais inverser les deux car la réalité veut que le changement soit incontournable dans l’entreprise que cela soit pour repartir du bon pied comme vous le dîtes, ou par obligation – loi de la concurrence, loi sur les taxes, systèmes informatiques plus pointus, rotation dans la direction générale, fusion ou acquisition, délocalisation, etc.
Malheureusement, le mot « changement », l’expression « conduite du changement » sont devenus galvaudés et tant les institutions que les consultants en parlent en espérant y trouver pour les uns une excuse aux dysfonctionnements de l’entreprise, pour les autres un moyen de gagner de l’argent en appliquant des modèles classiques de résolution de problèmes. C’est pourquoi, aborder ce sujet exige de clarifier quelques points : Le changement peut être une affaire de forme et / ou de fond.
La plupart des changements organisationnels sont des changements sur la forme, c’est pourquoi peu de dirigeants estiment nécessaire de les accompagner. Par exemple, lors d’un changement de système informatique, les chefs de projets se mettent en relation avec les RH et la communication interne afin que chacun soit « juste » informé des changements en cours et des possibilités de se former aux nouveaux outils.
Lorsque le changement touche une question de fond, par exemple, appliquer la règle qu’après une fusion ou acquisition 1+1=3, c’est à dire que chacun conserve des particularités propres et qu’ensemble une nouvelle culture commune émerge, alors la réussite passe inéluctablement par un accompagnement organisé du changement. Sur cette base votre affirmation devient pour moi une question : Pourquoi la conduite du changement ne s’est-elle pas imposée comme un concept clef dans le monde de l’entreprise ? Pourquoi si peu de dirigeants accordent de l’importance à la dimension de fond lors d’un changement organisationnel ?
La réponse est malheureusement comptable de plus, le processus de changement est géré par des chefs de projets qui n’ont pas appris à intégrer la dimension de l’accompagnement dans leurs coûts global lors de leurs projets ? En effet, la formation qu’ils reçoivent est essentiellement basée sur la gestion des risques et la résolution de problèmes. Ils sont formés à tout faire, tout calculer pour le changement passe. Je pense qu’il y a une alternative à cette approche et cela passe par un changement d’état d’esprit.
La psychologie positive (et non pas le positivisme ou la méthode Coué) nous enseigne à rechercher ce qui fonctionne d’abord, de conduire les personnes de la base à se dire ce qui va bien dans le nouveau système. C’est que nous appelons « Apprécier ce qui va ! » alors la réponse à votre question est : oui, sur cette nouvelle base nous partons du bon pied dans n’importe quel changement.
Propos recueillis par Thierry Dime