Dans mon article du mois de mai, j’avais raconté la « Success story » d’un processus de changement au sein d’une entreprise, et j’avais annoncé que le prochain article traiterait du changement sur le plan personnel. Comment se déroulent donc les changements au niveau des individus ?

La théorie de l’évolution nous apprend que tout développement s’effectue par des cycles en spirale. Ces cycles comportent des « points d’inflexion », des « nœuds », où des choses nouvelles apparaissent. Au niveau des particules élémentaires, la Nature procède par des sauts quantiques, c’est-à-dire que le changement n’est pas continu, mais s’effectue par bonds. On peut dire que ces sauts quantiques correspondent au passage d’un état à un autre. L’état « naturel » de l’Univers est la transformation permanente.

Les changements précèdent les crises, et ces dernières portent en elles les défis qui sont au cœur de l’évolution.

Lorsque survient une crise que l’on ne sait pas résoudre, on peut bien opposer l’inertie au mouvement et chercher à maintenir l’ancien ordre des choses. Il n’en reste pas moins que dans ces situations-là, les maîtres-mots sont « Innovation » et « Transformation ».

Si nous acceptons d’appliquer cette approche à la société, à l’économie, au développement du marché, à l’entreprise, aux familles et aux individus, nous traverserons tous ces cycles, mais bien sûr à notre façon, avec notre propre personnalité.

De façon générale, on peut dire que l’être humain se réfugie dans ses habitudes et dans sa « zone de confort ». Il lui est dès lors d’autant plus difficile d’abandonner ce qui, selon lui, a fait ses preuves. Faire le premier pas dans cette direction réclame beaucoup de courage et une bonne dose de confiance en soi. Après coup, on réalisera que la démarche en valait la peine, car elle aura permis de mettre à jour des ressources qui étaient restées en friche.

Nous constituons souvent nous-mêmes les obstacles à notre propre changement, parce que nous n’avons pas assez d’audace, et parce que la peur de « ne pas être capable » nous paralyse. Le Rinpoche Sogyal illustre ce point de façon éclairante :

« Combien de temps me faudra-t-il pour commencer à changer ? »

1. Je marche sur une route. Il y a un trou profond au milieu de la chaussée. Je tombe dedans. Je suis perdu … Désespéré. Ce n’est pas de ma faute, je ne suis pas responsable … Cela me prend énormément de temps pour arriver à sortir du trou …

2. Je marche sur la même route. Il y a un trou profond au milieu de la chaussée. Je fais comme si je ne l’avais pas vu, et je tombe de nouveau dedans. Je ne peux pas croire que je me retrouve à la même place que précédemment … Mais ce n’est toujours pas de ma faute … Je ne suis toujours pas responsable. Cela me prend de nouveau beaucoup de temps pour sortir du trou.

3. Je marche sur la même route. Il y a un trou profond au milieu de la chaussée. Cette fois, je le vois … mais je tombe quand même dedans. Cependant, j’ai ouvert les yeux et je sais où je suis. C’est de ma faute … c’est moi qui suis responsable. Je sors aussitôt du trou. 1

4. Je marche sur la même route. Il y a un trou profond au milieu de la chaussée. Cette fois, je l’évite …

5. Je choisis de marcher sur une autre route …

C’est en nous-même que réside la disposition au changement.

Le changement est un processus, et en règle générale, ce processus est initié par un ou plusieurs facteurs extérieurs. Par exemple un coup du sort, la perte d’un poste de travail, une maladie, mais aussi une nouvelle rencontre peuvent nous pousser à explorer des voies nouvelles. On pourrait dire pour résumer que l’être humain change à travers l’amour et la souffrance.

Comment transformer des circonstances pénibles en perspectives positives ?

– En s’exerçant à la sérénité. En discernant les chances et les risques. En prenant également en considération les exigences et les défis d’autres perspectives (il faut pour cela se débarrasser de ses œillères).

– Ne pas prendre de décisions hâtives ou trop tranchées. Recueillir le plus d’informations possible, les analyser et se laisser conseiller.

– Surmonter la tendance à résister au changement et à la nouveauté – apprendre à « lâcher prise ».

– Apprendre à gérer les émotions négatives, tout en travaillant sur nos peurs, nos incertitudes, le stress négatif, pour les transformer en une puissante énergie positive.

– Trouver le courage et la force de se lancer sur de nouveaux chemins.

– Et enfin – ce n’est pas le moins important ! – la conviction personnelle : « J’ai pleinement confiance en moi-même, et je vais atteindre mon but ! ».

Vous vous dites peut-être : « C’est très facile de rédiger quelques lignes sur ce sujet. Mais comment est-ce que je fais quand je suis plongé dans les difficultés ? » Je vous comprends parfaitement.

C’est par ma propre expérience de vie que j’ai appris qu’il est possible de transformer des épisodes douloureux en force et en confiance en soi. C’est cette conviction profonde qui me permet de vous encourager à passer à travers les doutes et les incertitudes, et de vous assurer qu’au bout de chaque tunnel, même le plus sombre, il y une lumière qui brille pour vous …

« Et soudain, tu en es sûr au plus profond de toi : l’heure est venue de faire quelque chose de nouveau et d’avoir foi en la magie des commencements ». Jochen Mariss

Susanne Zimmermann, Consultante chez Le Monde Economique et Directrice du cabinet CTC