Une rapide discussion en allemand avec un jeune maturiste laisse apparaître le gros point noir de l’éducation helvétique : l’apprentissage des langues. Un pays comme le nôtre, qui connaît quatre langues nationales, ne peut se contenter du piètre niveau linguistique des « Welsch ».
L’allemand est la première langue du pays et même du continent. Notre premier partenaire commercial le parle, les autorités politiques et financières du pays le pratiquent au quotidien.
Le maîtriser est un gage d’intégration économique et culturelle et constitue certainement un des plus grands défis du système éducatif suisse. Au parlement valaisan, les jeunes libéraux-radicaux valaisans tentent d’apporter des solutions concrètes par le biais de six interventions. L’immersion est à n’en pas douter le meilleur moyen d’acquérir et de perfectionner une langue. Nous avons la chance de disposer en Suisse des infrastructures permettant aux Romands de passer un séjour dans un milieu alémanique, mais trop peu se plient à l’exercice souvent fastidieux.
A l’évidence, les mesures d’encouragement qui se résument à distribuer des prospectus et à offrir des consultations individuelles ne suffisent pas. Le projet valaisan veut que toute personne qui a pour objectif de réussir une maturité gymnasiale, commerciale ou professionnelle doit, avant de pouvoir se présenter aux examens finaux, avoir accompli un stage en allemand, d’une durée à définir. Peu importe que ce stage ait lieu pendant les vacances ou durant les périodes scolaires, qu’il soit effectué en école publique, privée ou même en entreprise, l’objectif est l’immersion.
Un tel système aurait l’avantage de pousser les jeunes à organiser un voyage linguistique durant leurs études, selon leurs disponibilités et leurs envies. Plus d’autonomie, une meilleure connaissance de l’allemand, un esprit d’initiative, voilà ce que veulent développer ces trois premiers postulats déposés. Ils ne s’adressent heureusement pas aux seuls étudiants gymnasiaux. Les jeunes qui choisissent une filière commerciale ou professionnelle y seraient aussi soumis si leur objectif est l’octroi d’une maturité idoine.
Une autre proposition postule aussi la mise en place d’un programme d’évaluation des systèmes éducatifs de chaque canton. Les études PISA permettent de comparer l’efficacité de l’enseignement de la langue maternelle et des mathématiques. Il est important d’étendre ces comparaisons à l’apprentissage de l’allemand. Il sera ainsi beaucoup plus aisé de comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans nos modèles scolaires. Il est regrettable qu’actuellement les reproches faits aux systèmes éducatifs ne soient fondés que sur des a priori en l’absence de toute base comparative. Pour parvenir à nos fins, une collaboration intercantonale en la matière est essentielle.
Les examens scolaires doivent aussi être adaptés aux systèmes privés qu’exigent les milieux économiques. Plutôt que de se contenter d’un diplôme de maturité, l’obtention d’un bac sanctionnant une réussite en allemand et en anglais doit s’accompagner d’un certificat reconnu sur le plan international, comme le First ou le Goethe. Ces mesures s’appuyant sur les normes européennes permettront de mieux valoriser les diplômes délivrés et de donner à tous les jeunes une chance supplémentaire de bien s’intégrer sur le marché du travail.
Enfin, les jlrvs demandent que l’expérience des classes bilingues soit étendue à tous les cycles d’orientation, pour permettre, dès le plus jeune âge, un apprentissage plus poussé et plus efficace de l’allemand. C’est un fait notoire, plus une langue est apprise jeune, mieux elle est maîtrisée.
Ces mesures ne résoudront naturellement pas tous les problèmes d’un coup. Elles ont néanmoins l’avantage de proposer des solutions concrètes et qui ont fait leurs preuves pour améliorer sensiblement les capacités des jeunes Romands à s’exprimer dans une langue nationale qui leur est pourtant souvent trop étrangère. Si la Suisse ne peut se passer d’un débat sur les langues, il est urgent de réfléchir aussi aux réponses à ce problème qui n’est pas insoluble.
L’économie et les PME de notre pays ont tout à gagner d’une formation axée sur un marché du travail de plus en plus tourné vers l’exportation et la maîtrise des langues est, malheureusement ou heureusement, c’est selon, une des clés de la réussite. Les entreprises helvétiques ne sont d’ailleurs pas oubliées dans ce programme. En France, les apprentissages se faisaient autrefois sous la houlette de plusieurs patrons, permettant une approche globale et diversifiée de la formation. De tels échanges pour le apprentis pourraient aussi constituer un pas en direction d’une meilleure compréhension de la complexité helvétique et d’échanges renforcées entre Alémaniques et Romands. Et cela à un prix somme toute raisonnable.
Philippe Nantermod/Vice-président des jeunes libéraux-radicaux suisses