Le Monde Economique La précédente édition de « Carrefour des Créateurs » qui s’est tenue à Lausanne a réuni près de 1000 participants. Un record de visites jamais enregistré auparavant. Comment expliquez-vous ce succès ?

Philippe Gaemperle Il y a différentes raisons qui expliquent le franc succès du « Carrefour des Créateurs » : tout d’abord, nous concentrons tous nos efforts pour que la manifestation réponde aux besoins des créateurs d’entreprise. L’entrepreneur est au centre de nos préoccupations. En ces temps de crise, chacun d’entre nous est amené à se poser des questions sur son parcours professionnel, ses ambitions, etc. Dans ce contexte de réflexion, créer sa propre entreprise peut devenir une option clairement envisageable; il est donc nécessaire de mettre à disposition des intéressés une plateforme d’échange d’expériences, ainsi qu’une boîte à outils personnalisée selon ses problématiques ou ses intérêts.

A cela s’ajoute la richesse de notre programme et la qualité de nos intervenants. Entre tables rondes, ateliers, rendez-vous spécialistes et stands, de nombreux points de contacts avec des professionnels sont prévus pour permettre un échange privilégié sur des thématiques qui touchent directement la création d’entreprise.

Le Monde Economique Comment s’annonce cette 6ème édition qui pour la première fois va se tenir au Bâtiment des Forces Motrices ?

Philippe Gaemperle Cette édition s’annonce extrêmement bien. Le Bâtiment des Forces Motrices de Genève est un lieu magnifique, hautement emblématique du Canton et nous nous réjouissons d’y accueillir tous nos visiteurs.

Comme les années précédentes, nous retrouvons au programme des tables rondes, des rendez-vous spécialistes gratuits et de nombreux stands. Le cru 2012 réserve également son lot de nouveautés : une variété d’exposants plus riche, la remise des « Prix GENILEM HES Vaud et Genève », douze ateliers organisés sur des thématiques liées à l’entrepreneuriat et une surprise musicale en fin d’après-midi. Par ailleurs, la manifestation s’inscrit dans la semaine mondiale de l’entrepreneuriat.

Le Monde Economique Des tables rondes, ateliers et rendez-vous gratuits avec des spécialistes sont au programme de cette journée. En proposant des éclairages pratiques sur des thématiques entrepreneuriales, pensez-vous que « Carrefour des créateurs » peut favoriser l’avènement d’une relève entrepreneuriale ?

Philippe Gaemperle Je ne parlerai pas particulièrement d’avènement, mais plutôt de continuité d’une relève entrepreneuriale. Depuis 17 ans déjà, GENILEM s’implique dans la création d’entreprise innovante en proposant un accompagnement personnalisé aux nouveaux entrepreneurs, dans le but d’augmenter leurs chances de succès au démarrage. Nous cherchons également à promouvoir l’esprit d’entrepreneuriat auprès des jeunes au travers du « Prix GENILEM HES », organisé depuis 2009 en partenariat avec les HES des cantons de Vaud et Genève.

Le « Carrefour des Créateurs » œuvre clairement dans ce sens. Grâce au soutien de tous les partenaires et exposants qui s’engagent dans cette même démarche et sans qui notre manifestation ne serait pas un tel succès, nous pouvons ainsi offrir aux nouveaux entrepreneurs un lieu de partage d’expériences sur des thématiques pertinentes et leur permettre de repartir avec des réponses à leurs questions.

Le Monde Economique En faisant la promotion de valeurs telles que la créativité, la responsabilité, la confiance en soi et l’initiative, GENILEM contribue incontestablement à l’enrichissement de l’individu et de la collectivité. Cela peut-il aider les jeunes entrepreneurs à orienter efficacement leurs décisions pour démarrer et développer leur projet ?

Philippe Gaemperle Oui, clairement. La possibilité de pouvoir solliciter un rendez-vous avec un de nos spécialistes en création d’entreprise permet à tous les jeunes entrepreneurs de se sentir écoutés et valorisés en tant que porteur d’une idée. Cet entretien permet surtout d’obtenir un regard extérieur et neutre sur le projet, et de devoir répondre à toute une série de questions qui peuvent faire avancer le projet et ouvrir des pistes.

Le rôle d’un coach en création d’entreprise n’est en effet pas de « faire à la place » du porteur de projet, mais bien de le guider et de le faire progresser par lui-même dans son projet. Grâce à des outils remis lors de ces entretiens (par ex. liste d’organismes d’aide à la création d’entreprise, guide du business plan, exemples de tableaux financiers, etc.), les nouveaux entrepreneurs – nous préférons parler de nouvel entrepreneur plutôt que jeune entrepreneur, puisque l’on peut évidemment se lancer à n’importe quel âge – repartent avec un bagage plus solide, des conseils pratiques et des informations utiles.

Dans le cadre du « Carrefour des Créateurs », les porteurs de projets pourront justement solliciter des spécialistes actifs dans différents domaines. Il s’agit des rendez-vous spécialistes d’une durée de 15 minutes qui ont pour objectif de répondre précisément à une problématique entrepreneuriale.

Le Monde Economique GENILEM est l’un des acteurs importants en Suisse romande pour tout ce qui touche la création d’entreprises. Pensez-vous que les conditions sont remplies pour faire de l’arc lémanique, une « Sillicon Valley » made in Suisse ?

Philippe Gaemperle Oui… et non.

Oui, car tous les ingrédients sont réunis pour faire de l’arc lémanique une région très dynamique au niveau de la création d’entreprise dans divers domaines, tels que les sciences de la vie, le medtech, les cleantech: une éducation supérieure de très haut niveau, un cadre de vie attirant des gens du monde entier, un multiculturalisme stimulant, des réseaux de transports performants et une très grande liberté de commerce.

Toutefois, la culture d’entreprise en Suisse n’est pas particulièrement orientée vers la prise de risque et c’est un frein qu’il faut considérer. Difficile d’être un pays à la pointe des assurances et, parallèlement preneur de risques par nature. Ensuite, un manque de valorisation de l’échec n’encourage pas les entrepreneurs à oser se lancer. En effet, dans les mentalités suisses, l’échec d’une entreprise est vécu/perçu encore très négativement, au lieu de le valoriser comme une expérience.

Enfin, et à cela nous n’y pouvons rien: en raison de la taille de la Suisse, les start-ups sont rapidement limitées dans leur développement organique et doivent rapidement franchir une frontière étatique ou linguistique. C’est un obstacle clair au développement, surtout au début de l’aventure. Par contre, une fois surmonté, les nouveaux entrepreneurs sont avantagés : ils seront plus vite prêts à s’internationaliser.

En bref, la région lémanique a d’immenses avantages, à chacun de savoir comment en profiter à bon escient pour atteindre ses objectifs !

Interview réalisée par Thierry Dime