75 % des filles se sentent déprimées après avoir regardé un magazine de mode. Sommées de correspondre à des critères virtuels et inatteignables, toutes celles qui ne sont pas dans le moule, et donc la majorité des femmes quand même, et ce depuis le plus jeune âge, développent une haine de leur corps, ont recours aux potions magiques, crèmes, onguents multiples et coûteux vantés par les marques, « parce qu’elles le valent bien ». Et s’offrent, à grand prix et non sans dangers, aux bistouris de la chirurgie esthétique dont les avantages sont détaillés par le menu et jusqu’aux parties du corps les plus intimes par les magazines.
Ainsi, on trouve sur le marché une gamme de soins et de maquillage antioxydants et antirides pour des fillettes de 8 à 12 ans ; les gouvernements doivent prendre des mesures pour endiguer un fléau tel que l’hypersexualisation des petites filles ; un magazine tel que Vogue doit s’engager à ne plus utiliser que des mannequins en bonne santé et encourager les couturiers à ne plus créer de modèles de vêtements aux tailles irréellement petites ; la plus grande association de médecins américains, l’American Medical Association (AMA) a lancé une campagne visant à limiter le recours aux logiciels de retouche-photo afin de protéger les adolescentes. A ce rythme, l’économie de la mode et de la beauté basée su la triade «impact visuel + rêve + désir d’achat» et centrée sur les femmes, cibles privilégiées de la consommation de masse depuis le début des 30 glorieuses, se porte à merveille, alors que se développent chez les filles et les femmes l’anxiété, l’anorexie, l’aversion du corps… avec des hospitalisations se démultipliant, et phénomène nouveau, et souvent méconnu, l’anorexie masculine ne cesse de se développer à tel point qu’aujourd’hui trois anorexiques sur dix sont des hommes.
Le passage délicat de l’adolescence
Passage obligé entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence ouvre vers de larges horizons inconnus, parsemés d’embûches : affirmation de soi, choix d’une orientation professionnelle, découverte de la sexualité, etc. En même temps, elle s’accompagne du renoncement à l’enfance et d’un détachement envers les parents. Qui contrarierait le fait que l’adolescence est un moment délicat… une période charnière – fragile.
Les adolescentes sont brusquement confrontées à une série de changements : ces changements sont d’une part physiques : forme du corps, acné, etc. et d’autre part comportementaux : changements d’humeur, peur, insécurité d’entrer en relation avec le sexe opposé. Autrement dit, la puberté inquiète, taraude et questionne le garçon et la fille.
Les adolescents sont donc sensibles au jugement et aux critiques que les autres portent sur eux et sur leur apparence ; sans compter qu’au même moment… s’exerce une forte pression et et une manipulation visuelle des médias et de la société.
Le rôle des medias
Outre l’invasion des medias et la pression qu’ils exercent par les retouches (photoshop, air-brush, etc.), les émissions de «relooking » recherchant souvent le même “moule » de beauté sans respect pour la variété de styles et de personnalités, les chaînes de télévision comme “Fashion TV » où les mannequins sont en sous poids et dont les vies sont idéalisées, les publicités avec des mannequins irréels invitant à consommer des produits hypocaloriques parsemant nos trottoirs, les marques de vêtement faisant de plus en plus des tailles uniques – et dès l’enfance une poupée Barbie dont on sait que les mensurations et proportions sont totalement irréelles !
Des corps parfaits, présentés comme un idéal…www.youtube.com
Plus cette pression est forte, plus cela encourage les jeunes à recourir, en circuit fermé, à n’importe quel moyen, même dangereux, pour s’approcher de l’image de la femme parfaite – et souvent au détriment des parents.
Quelles en sont les conséquences ?
Des formes de dépression, un mal-être, des anorexies, des boulimie, des addictions en tout genre, l’obésité, une dépendance à la chirurgie esthétique, dans tous les cas… une perte de l’estime de soi
Quelle est la mission de la Beauté Responsable ?
Il s’agit de redonner à ces jeunes gens, jeunes filles, femmes, jeunes hommes une plus grande confiance au niveau physique, social et émotionnel. Le but est de parvenir à leur faire comprendre que la beauté est la projection du bien-être avec soi-même et qu’il ne s’agit pas seulement d’un concept externe. Cela passe aussi par le fait de s’aimer tel que l’on est et de se respecter, afin d’être préparé pour aimer et respecter les autres. Participez au changement, pour une nouvelle beauté réelle et saine.
Myriam Hoffmann, Chroniqueuse pour le magazine Le Monde Economique – Consultante en image et Directrice du cabinet Première Impression