Comment faire cristalliser notre priorité principale au travail?

30 novembre 2014

Comment faire cristalliser notre priorité principale au travail?

Notre modernité très pressée, très centrée sur la croissance, hyper- performante et hyper- connectée, use et abuse d’un terme qu’elle a elle même forgé – la « priorité » plurielle. En effet, on parle aujourd’hui de deux ou plusieurs, et non pas d’une seule priorité. Alors que ce terme revendique clairement le singulier puisqu’il désigne une chose qui se détache de l’ensemble d’autres choses comme étant la plus importante entre elles, voilà qu’en effet, depuis récemment, il s’est retrouvé au pluriel, en compagnie d’autres « semblables », soit d’autres « priorités ».

Ainsi, dans l’univers du travail, plusieurs tâches s’avèrent être prioritaires et toutes, également, elles exigent une attention et une application maximales de la part de l’employé qui est censé les accomplir. Pour ce dernier, contraint d’agir dans les conditions d’une telle concurrence de tâches, la question se pose de savoir : par où commencer ? Ce qui est rassurant, c’est que même mis au pluriel, le terme de « priorité » voit sa vocation originellement et fondamentalement singulière finir par ré-émerger et imposer qu’un choix soit opéré au sein même des objectifs traités comme également importants.

Autrement dit, la priorité finit par redevenir une seule, puisque tôt ou tard on est obligé d’identifier la plus importante parmi les tâches importantes, soit de dégager une « priorité des priorités ». Cela, c’est déjà une bonne nouvelle… mais pas tout à fait. Car en effet, c’est à ce moment que les vraies difficultés commencent. Parmi tant de buts définis comme prioritaires, comment choisir le plus prioritaire sans encourir le risque de se tromper grossièrement et de se discréditer ? Ou tout simplement de perdre du temps et de l’énergie en accomplissant une tâche parfaitement secondaire ?

Il faut commencer par identifier la combinaison des deux paramètres – « importance » et « urgence » – dans un but à réaliser. C’est cette association qui justifierait un intérêt porté préférentiellement à l’accomplissement d’un objectif plutôt qu’à celui d’un autre. Une tâche doit en effet être à la fois importante et urgente pour devenir une priorité absolue et pour permettre qu’on s’y attaque de préférence.

Comment faire cristalliser notre priorité principale au travail?Dans certains cas, il arrive que ces indicateurs, n’étant pas très clairs, soient difficiles à identifier et que pour déterminer la « priorité des priorités », il faudrait mobiliser tout son discernement et subtilité d’esprit. Or, pour disposer pleinement de cette dernière, il faudrait d’abord avoir une certaine clarté d’esprit, il faut s’assurer une « vue » dégagée sur l’ensemble des problèmes traités et seulement ensuite opérer des choix. Un tel éclaircissement du champ de vision ne peut être atteint qu’à la suite d’un désencombrement radical tant de l’espace de travail que de l’espace mental, un acte consistant dans le premier cas à se débarrasser, très concrètement, de tout ce qui encombre notre bureau ou qui congestionne notre ordinateur d’informations superflues et dans le deuxième cas – de se libérer de toutes ces pensées distrayantes et intrusives qui, n’ayant le plus souvent aucun rapport avec la tâche à accomplir, brouillent la lucidité et empêchent d’aboutir aux conclusions justes.

Ce double désencombrement est préconisé par Greg McKeown qui dans son article « How to prioritize when everything is priority ? », met également en garde contre un certain « esprit » de routine également nuisible à l’acuité du discernement. Sur le lieu habituel du travail, on est pris comme dans un « stratus » uniforme de pensées et de réactions habituelles, on est couvert comme d’une couche duveteuse de routine confortable devenue trop dense pour permettre d’accéder à la clarté. Pour retrouver la clarté de vision et la capacité d’analyser subtilement, il est impératif de s’extirper de ce stratus.

A ce sujet, G. McKeown préconise qu’une fois tous les 3 mois, on passe un jour loin de son lieu de travail, avec tout ce que cela suppose comme déconnexion tant de son ordinateur professionnel que de l’environnement global de son entreprise. Cela va revitaliser le cerveau et amener un éclaircissement des idées.

Et plus nous émergeons du stratus de la routine et retrouvons un air clair et cristallin (tant au figuré que dans un sens propre – surtout si nous avons choisi de nous exiler au sein de la nature), plus nous pouvons être sûrs de voir cristalliser, sans équivoque aucun cette fois, ce qui serait la priorité principale dans notre travail.

Dessy Damianova – Rédactrice pour le magazine Le Monde Economique

 

Recommandé pour vous