Difficile de reprendre les activités après ce hiatus prolongé que représentent les fêtes de fin d’année et les vacances d’été. Il n’y a qu’aux « workaholics » que le retour au travail après le doux intermède festif (ou, respectivement, estival), ne poserait pas de problème. Pour l’écrasante majorité des autres salariés, fussent-ils des cadres d’entreprise, ce retour est quelque peu problématique.
Quelque peu brutal aussi. Car il ne s’agit pas seulement de la contrainte, déjà très éprouvante en soi, de changer le farniente contre les grandes responsabilités : c’est tout un ensemble de petits chocs qui s’impose, pas toujours faciles à identifier et à formuler mais dont chacun agit sur la perception globale qu’on peut avoir de ce phénomène si dur à affronter qu’est la rentrée. Ces petites mais très sensibles ébranlements sont le plus souvent liés à l’ambiance générale, au milieu et au « décor » où nous évoluons – des paramètres qui changent d’une manière dramatique quand nous quittons les vacances et réintégrons le lieu de travail.
Ainsi, de l’atmosphère amicale de cordialité et de bienveillance qui était encore celle des journées passées au pied du sapin de Noël ou à la plage (s’il s’agit des vacances d’été), nous sommes obligés de nous replonger dans le climat de stress, de concurrence et souvent même d’hostilité qui est souvent celui qui règne au bureau. Quant au malaise qu’engendrent non seulement les rapports entre collègues et entre différents niveaux hiérarchiques mais aussi et surtout l’exigence d’un travail rapide et d’une rentabilité toujours accrue, alors là, quelle différence d’avec la vie quiète et non- chronométrée que nous avons connue pendant le long congé et qui nous faisait oublier jusqu’à la notion de temps !
Il y a aussi cet autre choc, dont les origines sont en apparence moins immédiatement identifiables pour notre conscience, mais qui, lié en effet au degré de l’éclairage, nous fait douloureusement ressentir la différence entre d’un côté, la pleine lumière des fêtes et des vacances et, de l’autre – le fléchissement de cet éclat au moment où l’on retourne au régime « ouvrable ». En effet, qu’elle soit purement artificielle ou 100 % naturelle, la lumière est l’une des caractéristiques les plus marquantes des périodes, respectivement, des fêtes de fin d’année et des vacances d’été. Que ce soit le scintillement des guirlandes et des boules à Noël ou le grand soleil en été, nos journées de fête et de vacances ont une brillance qui est condamnée à disparaître une fois où, la Nouvelle année déjà entamée, on enlève les décorations féériques ou quand, à la rentrée d’automne, on voit la lumière décliner et les ombres s’épaissir et s’allonger. Comment amortir la violence d’une telle rupture ?
Quelques astuces pour bien réussir son retour aux activités.
Pour conjurer le malaise et recommencer le travail dans un état d’esprit confiant et positif, il faut écarter tout ce qui relève, notamment, de l’idée de « rupture » et essayer d’assouplir le passage au travail en gardant quelques douceurs des vacances et quelques éclats des fêtes. Le premier jour de la rentrée, venez au bureau avec le vêtement avec lequel vous vous êtes le plus affichés pendant la « belle période » : comme cela, accompagnés des bons et encore tout frais souvenirs, vous pouvez réconcilier symboliquement le temps bienheureux avec une réalité désormais faite de tâches, de devoirs, de responsabilités.
D’autre part, malgré toutes les bonnes résolutions que vous ayez pu prendre – liées souvent à un supplément d’exigences envers vous- mêmes pour la Nouvelle année ou, respectivement, pour la période post- estivale – restez indulgents et faites que le tout début de votre travail s’accomplisse de la manière la plus détendue et la plus proche de vos matins de vacances. N’attaquez pas tout de suite les tâches mais prolongez un peu plus, un café devant vous, votre « escale » sur l’Internet et plus particulièrement sur YouTube : un peu de musique vous ferait le plus grand bien.
Certains conseillent d’organiser, à la rentrée, des soirées d’amis en programmant celles-ci dès matin et cela depuis votre bureau même (d’une manière très rapide et discrète, évidemment). En envoyant les invitations à vos amis, vous savourerez d’avance le plaisir qui vous attend à la fin de cette première (ou deuxième, troisième) journée de travail et allégerez ainsi tout ce qu’elle était supposée avoir de pesant et de contraignant. Dans l’intérêt d’une rentrée souple et indolore, il est en effet essentiel de bien soigner ses matins et ses soirées, de tenter de les rendre les plus agréables et attrayants possible. Cela permet de dédramatiser la fameuse rentrée mais aussi de travailler d’une manière sereine, motivée et très efficace dans toutes ces heures qui s’intercalent entre les plaisirs ainsi programmés du début et la fin de la journée de travail.
Dessy Damianova – Rédactrice pour le magazine Le Monde Economique