Figurez-vous qu’il serait le tout premier textile développé par l’homme : étonnant, non ?

Des fibres de lin utilisées dans la composition d’un chausson, datant de 36’000 ans avant J.-C., ont été retrouvées dans une grotte du Caucase. En Turquie, on a recensé son utilisation en l’an 10’000 avant J.-C. 2’000 ans plus tard, c’est en Suisse que l’on y a découvert du lin textile dans les vestiges de cités lacustres. En Egypte, vers l’an 6’000 avant J.-C, il servait à confectionner des vêtements mais aussi les célèbres momies funéraires…

Depuis, le lin s’est imposé dans notre quotidien de citoyens consommateurs, grâce à ses fibres vertes & innovantes qui en font sa richesse. L’Europe ne s’y est pas trompée : elle en est le premier producteur mondial ; on le retrouve planté en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Très utilisé dans les applications textiles relatives à la mode, à l’art de vivre ainsi qu’à la décoration intérieure, le lin est devenu un choix marketing par nombre de grandes marques. Récemment, il a séduit des secteurs manufacturiers où on ne l’attendait pas : l’industrie du design, les sports & loisirs, l’automobile et même l’aéronautique…

Le regard tourné vers l’industrie

C’est pour se libérer de sa dépendance au marché textile chinois que la filière du lin s’est orientée vers l’industrie. Au cours des siècles, l’homme a fait usage de cette fibre mais pas toujours dans le domaine textile : on rapporte qu’Alexandre le Grand s’était confectionné une armure en fibre de lin, plus légère, plus résistante, plus hermétique aux flèches ennemies… Aujourd’hui, nous l’exploitons par exemple pour ses propriétés acoustiques et thermiques.

Tous les industriels s’accordent à reconnaître à la fibre de lin des propriétés remarquables : souplesse, solidité & résistance à la fois. Ajoutez-y le côté recyclable et vous obtiendrez une matière parfaitement intégrée à une démarche de développement durable ! Rien d’étonnant que nous la retrouvions désormais dans des secteurs historiquement consommateurs d’énergie fossiles, comme le bâtiment, le nautisme, la plasturgie, la papeterie-cartonnerie… A l’unanimité, ils se sont laissé séduire & convaincre par son pédigrée écolomique. Voyez plutôt :

. 20% de vibrations absorbées,

. 30% de poids réduit à volume égal,

. 100% de résistances mécaniques conservées, pour une énergie primaire (fossile) fortement réduite….

La « chasse aux kilos » est devenue une préoccupation récurrente des secteurs technologiques de pointe, fortement impactés par la légèreté de leurs produits, tout en conservant de fortes propriétés mécaniques. Un des meilleurs exemples est l’aviation civile, qui garnit aujourd’hui ses avions de sièges en fibre de lin. Le saviez-vous ?!

Des utilisations très écolomiques…

Le lin est omniprésent dans tous nos usages techniques (sacs, bâches…), apprécié pour sa solidité & sa rigidité ; ainsi que dans la fabrication de tuyaux d’incendie, pour sa résistance & son imperméabilité ! Citons cette entreprise française (Techni-lin) qui produit des non-tissés aiguilletés à base de lin : ce matériau composite est utilisé dans l’industrie automobile pour fabriquer des panneaux de portes, des planches de bord, des pavillons & tablettes arrière. Tous ces produits ne pèseraient pas lourd sans leur Passeport CO₂, si chers à notre société devenue écoresponsable par « obligation climatique ». Pour autant, le processus de fabrication du lin a fait un effort considérable en faveur du respect de l’environnement, tant au niveau de sa culture que de sa transformation ! Selon les premiers bilans écologiques, comparé à d’autres fibres concurrentes, le lin serait en moyenne 50 fois moins polluant à volume identique produit !? C’est ce qui lui vaut cet engouement actuel, mais pas que…

En Suisse, il y a un homme qui a su détecter très tôt son potentiel : c’est Jean-Philippe Naef, fondateur-président-pilote de l’Association Human’Air (www.human-air.net), installée à Genève, et dont la vocation est d’effectuer des missions de soutien aérien à but humanitaire. Elle a réalisé la sélection d’un avion léger écologique (ULM), peu coûteux, à partir de matériaux « propres », qui se substituent aux matières dites « fossiles » (fibres de verre, de carbone & de kevlar, car on les utilise]. L’objectif visé sera une première Européenne pour un appareil léger : fabriquer un carénage d’ULM entièrement en fibre de lin, aussi rigide, aussi résistant, deux fois plus léger que la fibre de verre, aux propriétés d’absorption des chocs & d’amortissement éprouvées ! C’est la société fribourgeoise Bcomp [www.bcomp.ch] qui assurera la fabrication de ce carénage en fibres naturelles, apportant à cet engin volant une forte connotation écologique ; en plus de celle humanitaire pour laquelle il est dédié.

Un « plan de carrière » tout tracé !

Le lin n’a pas fini de nous surprendre par son utilisation croissante & toujours plus vaste dans notre quotidien : les plus critiques diront qu’il est une matière textile qui se froisse aisément ; les plus réalistes, une fibre à l’immense potentiel encore inexploité ! En réalité, il est l’avenir du composite moderne tel qu’on le définit au XXI^ème siècle : naturel, écologique, non polluant, totalement recyclable, économique ; bref, à l’image du gendre idéal, voyez-vous ? A l’heure oú économies d’énergie riment avec respect de l’environnement, on serait bien inspiré de promouvoir ce matériau plutôt tendance et bien dans le vent ! C’est par ailleurs ce que va réaliser concrètement l’Association Human-Air, qui prendra désormais de l’altitude aux commandes d’un « oiseau mécanique » propre, sobre, fiable & entièrement recyclable ; à des fins d’assistance à son prochain…

Avouez que ça sonne plutôt juste, n’est-ce pas ? Ou simplement suisse, en définitive.