BRAFA 2024 : sous le signe de Paul Delvaux et du surréalisme

10 octobre 2023

BRAFA 2024 : sous le signe de Paul Delvaux et du surréalisme

Photo Axel Vervoordt © Axel Vervoordt

Par Pierre Bessard

C’est déjà la soixante-neuvième édition de la BRAFA, le salon international d’art et d’antiquités, qui se tiendra du 28 janvier au 4 février 2024 à Bruxelles. L’un des atouts majeurs de la foire demeure son éclectisme à travers les spécialités et les époques, réunissant les propositions actuelles de 130 galeries issues d’une quinzaine de pays. De l’art et du mobilier contemporains aux objets antiques, en passant par la joaillerie, les textiles ou les livres rares, la BRAFA se distingue aussi par son exigence de qualité : quatre-vingts experts internationaux vérifient l’authenticité et l’état de conservation des pièces présentées, durant deux journées précédant l’ouverture. Le salon attire de ce fait non seulement les collectionneurs et les professionnels, mais également de nombreux amateurs qui viennent s’informer, admirer et acquérir. Les conférences et visites guidées en font l’un des rendez-vous préférés des amoureux du beau.

Les galeries genevoises Bailly, De Jonckheere et Opera participeront notamment à la BRAFA 2024. On y trouvera également la tokyoïte Taménaga, qui amène l’artiste japonais Kyosuke Tchinaï, la dubaïote Zidoun-Bossuyt avec entre autres le peintre congolais Eddy Kamuanga, ou encore la madrilène Nicolás Cortés, qui présente des œuvres de maîtres anciens d’Espagne et d’Amérique latine. La galerie bruxelloise New Hope, quant à elle, propose du mobilier en bois du concepteur américain George Nakashima.

Cette attractivité internationale de la BRAFA repose tant sur les savoir-faire traditionnels que les avant-gardes, comme l’art nouveau ou le surréalisme, qui ont fait de la Belgique une place majeure du goût et du marché de l’art. La fondation Paul Delvaux sera l’invitée d’honneur de la foire l’an prochain, marquant à la fois les trente ans de la disparation du peintre belge et le centenaire de la naissance du surréalisme avec la publication du manifeste d’André Breton. Ce mouvement semble seoir comme un gant à la Belgique, qui cultive volontiers sa réputation de singularité décalée. René Magritte en est bien sûr l’effigie. Paul Delvaux, avec ses peintures évocatrices de songes éveillés mettant en scène des figures féminines mystérieuses, des squelettes dans des décors d’architecture antique, ou des gares, qui le fascinaient, s’apparente davantage à un réalisme magique, dont l’onirisme résonne encore aujourd’hui. Après l’avoir rencontré à Bruxelles, Andy Warhol en avait d’ailleurs réalisé un tirage pop art, le considérant comme un peintre hors norme.

Mais l’esprit de la BRAFA se révèle peut-être le mieux à travers deux de ses exposants belges, deux entreprises familiales de renommée mondiale. La première, la manufacture De Wit, installée dans un écrin architectural du quinzième siècle au cœur de Malines, se consacre à l’art de la tapisserie. Ses ateliers de conservation sont une référence internationale pour les grands musées comme les collections royales et privées. L’entreprise se dédie également à l’achat et à la vente de tapisseries séculaires et modernes, dans une spécialité qui fut longtemps l’apanage de tisserands flamands, qui exportaient leur expertise dans les cours d’Europe.

La seconde, la galerie Axel Vervoordt, créée par le célèbre antiquaire, marchand d’art et designer d’intérieur éponyme, résume à elle seule l’éclectisme caractéristique de la foire. Sise sur un ancien site industriel construit dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle au bord du canal Albert à l’orée d’Anvers, elle réunit 4000 mètres carrés d’espaces d’exposition, dont huit silos ayant servi autrefois au complexe de maltage. Sa collection très diverse mélange des objets archéologiques, de la sculpture orientale, du mobilier du dix-huitième siècle, du design du vingtième siècle et de l’art Zero et Gutai. Elle représente les artistes qui vouent une passion au concept du vide et à l’exploration du sens de l’univers. L’intemporalité sert de fil conducteur.

BRAFA, du dimanche 28 janvier au dimanche 4 février 2024, Brussels Expo, www.brafa.art

Pierre Bessard (de retour de Bruxelles, de Malines et d’Anvers)

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