CETTE INCONNUE DE L’EUROPE, LA BULGARIE

17 avril 2015

CETTE INCONNUE DE L’EUROPE, LA BULGARIE

Et pourtant… pourtant le fait d’être le pays le plus pauvre de l’Union Européenne ne fait pas de la Bulgarie une totale marginale au sein du club des Etats prospères. Certes, ce membre relativement nouveau de l’Union est lent à résoudre ses problèmes de corruption et à combattre une pauvreté qui s’étend à la quasi- majorité de ses habitants. En apparence, la Bulgarie semble rester au niveau de son adhésion à l’UE, sans pour l’instant accéder à une intégration proprement dite.

Mais ce n’est qu’en apparence. Car, malgré les lenteurs, une intégration effective de la Bulgarie se poursuit, y compris, dans certains domaines, d’une manière très concrète et, on peut dire, très organique. Ainsi, dans les dernières années, ce pays balkanique ambitionne une véritable incorporation dans la structure routière européenne. Consciente de sa position nodale qui la situe au carrefour géostratégique de l’Europe et du Proche Orient asiatique avec cinq des dix corridors de transport européens principaux passant par son territoire (dont trois, le corridors IV allant de l’Allemagne jusqu’à la Grèce et les routes VIII et X, se rencontrant dans la capitale Sofia elle-même), la Bulgarie a entrepris de moderniser ses routes et de permettre un trafic tant commercial que touristique fluide et dynamique. Mais le pays, longtemps tenu isolé du monde occidental par la dictature communiste, ne fait que retrouver là une vocation ancienne : celle d’être le carrefour des grandes routes, le milieu d’importants itinéraires commerciaux. D’ailleurs, dans le passé le nom de Sofia était Sredetz – mot désignant littéralement ce Milieu où se croisaient les routes traditionnelles allant de la mer du Nord à la mer Noire et de la mer Baltique à la Méditerranée.

Carrefour de grands itinéraires en même temps que frontière orientale de l’Union européenne – de cette description, la Bulgarie ressort comme le pays de transit par excellence. Pourtant, plus qu’un territoire plaisant (et ô combien pittoresque!) à traverser par des routes transeuropéennes de plus en plus modernes, ce membre relativement nouveau de l’UE se veut aussi – et le devient de plus en plus – un pays d’implantation et d’expatriation. Il s’agit d’une part de l’installation durable de personnes, avant tout de retraités occidentaux qui y trouvent une vraie Suisse balkanique à la vie pas du tout chère, comparée aux standards européens – et d’autre part, d’implantation d’entreprises. Les compagnies qui s’y sont déjà établies ont été attirées avant tout par le l’impôt particulièrement avantageux (se résumant à une « flat tax » de 10%), les salaires des employés qui gravitent autour des 350 euros ainsi que par tout un contexte spécifique qui facilite les contacts et l’accès aux figures responsables du pays. Grâce à l’émergence de sociétés de gestion de fortune – tendance nouvelle et prometteuse dans la vie économique de la Bulgarie, et qui concerne largement les entreprises étrangères – celles-ci sont bien servies et se sentent encore plus confortablement sur leur sol d’implantation balkanique. La société Expat Capital de l’ancien vice-ministre Nikolaï Vassilev gère ainsi les actifs de plusieurs clients suisses.

Bien qu’encore timidement, les hommes d’affaires helvétiques semblent s’intéresser à la Bulgarie. A côté des multinationales Nestlé et Holcim, pionnières de l’implantation, d’autres entreprises, dont plusieurs PME, y sont venues – essentiellement pour investir dans les hautes technologies ou développer une production de sous-traitance. Pour l’encouragement des contacts économiques entre les deux pays, le rôle de la Chambre de commerce bulgaro- suisse et de l’Agence bulgare des investissements est très important. Cette dernière, ensemble avec l’Ambassade bulgare à Berne, a organisé en automne 2014 à Genève un Forum où avaient été exposés les avantages concurrentiels de la Bulgarie et présentées les « success stories » de l’implantation dans le pays de plusieurs entreprises helvétiques.

La Bulgarie est aussi une destination touristique de plus en plus prisée en Europe et dans le monde. Pays aux beautés variées, combinant sur son territoire le « Balkan » (la chaîne montagneuse qui a donné son nom à toute la péninsule) et la mer Noire, sans oublier sa « part » du Danube et tant autres grâces de la nature, la Bulgarie attire aussi par les prix de ses services et de ses produits, prix que les touristes trouvent de loin plus bas comparés à ceux en Occident. Le littoral de la mer Noire qui depuis une quinzaine d’années avait tendance à s’affirmer comme un « immense quartier résidentiel russe » (nous citons le Courrier International), est de plus en plus connu et apprécié par les Occidentaux aussi. Les séjours estivaux y sont plus qu’accessibles à cette catégorie de vacanciers, et même aux plus modestes d’entre eux.

Les Suisses peuvent s’y sentir particulièrement privilégiés cet été – leur franc fort vaut presque le double de la monnaie nationale bulgare.

Dessy Damianova

Adresses email utiles : Chambre de commerce bulgaro- suisse : office@bscc.bg

 

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