Photo C.Brunier © Jay Louvion – SIG

Par Thierry DIME

Christian Brunier est un homme dont le parcours atypique résonne comme une ode à l’indépendance. « J’étais un très bon élève qui a arrêté ses études tôt« , se souvient-il. Plutôt que de suivre le chemin tracé par l’académie, Brunier choisit l’apprentissage pour se confronter directement à la réalité du monde du travail. « J’avais envie de vivre la vie« , raconte-t-il, soulignant ainsi son désir de quitter les bancs d’école pour s’immerger dans des expériences concrètes. Cette décision, loin d’être un acte de désengagement, témoigne d’une maturité précoce et d’une soif d’autonomie qui marqueront toute sa carrière.

Un parcours atypique

Depuis son jeune âge, Christian Brunier avait une soif insatiable d’apprendre par l’expérience, préférant affronter les défis du monde réel et s’immerger dans des situations concrètes qui allaient enrichir son parcours personnel et professionnel. Ce désir de se confronter à des situations concrètes l’a conduit à abandonner prématurément les études classiques pour suivre un apprentissage. Cependant, cette décision ne marquait pas la fin de son parcours scolaire car Christian revient plus tard à l’université à son propre rythme et selon ses propres termes.

En effet et à plus de 40 ans, il décide de poursuivre un MBA, non pas pour obtenir une simple validation académique, mais pour légitimer et renforcer les compétences qu’il avait déjà développées sur le terrain. « Chaque diplôme obtenu n’était pas pour la reconnaissance académique, mais pour prouver que j’étais à la hauteur des responsabilités que j’assumais déjà« , affirme-t-il, illustrant ainsi sa volonté de toujours se surpasser pour lui-même et pour les équipes qu’il dirige.

Ses débuts aux Services Industriels de Genève date du 1er septembre 1979. Christian Brunier a franchi la porte des SIG en tant qu’apprenti, marquant le début d’un parcours extraordinaire de 45 ans au sein de la régie genevoise. En commençant au bas de l’échelle, il a gravi les échelons, démontrant ainsi qu’il est possible de progresser au sein d’une même entreprise en y apportant des contributions significatives à chaque étape de sa carrière. À 51 ans, lorsqu’il prend les rênes des SIG, la régie publique traverse une période critique, notamment à cause de deux audits qui soulignent les risques financiers des projets éoliens dans le Jura. Les SIG naviguent également à travers les tumultes de la transition énergétique et de la libéralisation des marchés. Malgré ces défis, les résultats sous sa direction sont éloquents : les SIG affichent une situation économique saine, proposent des tarifs électriques parmi les plus compétitifs de Suisse et mettent en œuvre une transition ambitieuse vers les énergies renouvelables. Grâce à ces initiatives, l’entreprise s’inscrit pleinement dans une vision durable, rendant les avancées écologiques désormais irréversibles et positionnant les SIG comme un acteur clé de la décarbonation de Genève.

Une vision saluée

Christian Brunier est souvent qualifié de visionnaire et de précurseur, des termes qui prennent tout leur sens lorsqu’on examine des projets comme « ÉquiLibre ». Initié en 2010 bien avant la pandémie de COVID-19, ce projet ambitieux a introduit le télétravail et l’abolition de la place de travail traditionnelle au sein des Services Industriels de Genève (SIG). « À l’époque, on nous regardait avec des gros yeux, en disant qu’on était un peu fous« , se souvient Brunier. Sa capacité à anticiper les évolutions du monde du travail et à mettre en place des structures flexibles et modernes a non seulement permis aux SIG de se démarquer, mais a également préparé l’entreprise à faire face aux défis imprévus avec une agilité remarquable. En réinventant la manière dont les employés pouvaient organiser leur temps et leur espace de travail, Brunier a non seulement amélioré la qualité de vie des collaborateurs, mais a aussi positionné les SIG à la pointe de l’innovation en matière de gestion des ressources humaines. Une des caractéristiques marquantes du projet « ÉquiLibre » est la possibilité offerte à toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs de choisir un horaire basé sur la confiance, permettant ainsi une flexibilité inédite dans la gestion du temps de travail. Aujourd’hui, alors que les pratiques de télétravail et de flexibilité sont devenues la norme dans de nombreuses entreprises à travers le monde, le projet « ÉquiLibre » prouve que Christian Brunier avait vu juste bien avant tout le monde. Il n’est donc pas surprenant que ce projet ait été couronné de succès en décrochant le premier prix du concours de la Société suisse des sciences administratives (SSSA).

Bien que le succès d’ÉquiLibre soit avant tout collectif, réunissant les efforts de toute l’équipe des SIG, il est indéniable qu’il porte l’empreinte personnelle de Christian Brunier. Sous son impulsion et son leadership, ce projet ambitieux a été initié, développé et mené à bien. Brunier a su mobiliser ses équipes, insuffler une vision claire et inspirante, et naviguer à travers les défis pour transformer cette vision en réalité.

Des valeurs humaines

Selon Christian Brunier, le succès d’une entreprise ne repose pas uniquement sur des chiffres et des résultats financiers, mais sur la valorisation des individus qui la composent. « Les chefs d’entreprise qui considèrent leur personnel comme une simple ressource n’émancipent pas les gens« , affirme-t-il. Brunier croit fermement que pour qu’une organisation prospère, elle doit reconnaître et respecter l’humanité de chacun de ses employés. Et la cérémonie de départ de Christian Brunier aux SIG témoigne de l’impact profond qu’il a eu sur l’organisation et sur ses collègues. Un employé, touché par l’hommage rendu ce jour, confiait : « Il ne me connaissait pas personnellement, mais nous allons tous le regretter car ce sera difficile de faire mieux, tant la barre a été haute. »

Au-delà de tout ce qui peut être dit sur Christian Brunier, ceux qui, comme moi, ont eu la chance de le côtoyer savent qu’il est avant tout une personne qui aime profondément les gens. Dans un monde où les relations authentiques se font de plus en plus rares, l’humanité de Christian Brunier transparaît dans chaque interaction, qu’il s’agisse de discussions stratégiques en salle de réunion ou de conversations informelles dans un café.

Alors que Christian Brunier tourne désormais la page d’un chapitre remarquable au sein des SIG, nous lui disons bon vent avec une gratitude immense. Ceux qui ont travaillé à ses côtés savent qu’il a encore de belles pages à écrire. Je reste personnellement convaincu que ce nouveau chapitre sera tout aussi riche et prometteur. Qu’il choisisse de s’investir dans de nouvelles initiatives professionnelles, de se consacrer à des projets personnels ou de partager son expertise à travers des engagements sociaux et communautaires, Christian apportera sans aucun doute la même passion et le même dévouement qui ont marqué ses années aux SIG. Merci, Christian, pour tout ce que tu as apporté à notre économie, et puisse ton avenir être aussi lumineux et inspirant que ton parcours jusqu’à présent.

Retrouvez l’ensemble de nos Portraits