Inventé par une start-up française, l’« arbre à vent » est un arbre stylisé en métal, dont les feuilles tournent sur elles-mêmes pour produire de l’électricité ; à l’image d’une éolienne ! Qui n’a jamais remarqué qu’il suffisait d’un léger souffle pour faire bouger les feuilles des arbres : c’est ce phénomène naturel qui a inspiré ses concepteurs, qui ont eu l’idée de fabriquer un arbre métallique supportant des feuilles plutôt spéciales : en matière plastique, d’une taille de 700 mm, elles sont en réalité de mini-éoliennes reliées à un générateur de production électrique.
Aussitôt qu’elles se mettent en mouvement, elles produisent de l’électricité ! De conception extrêmement légère (~ 2 kg), elles n’ont besoin que d’un léger souffle d’air (v < 2 m/s) pour produire aussitôt de l’énergie…
A titre de comparaison, une éolienne « classique » nécessite une vitesse d’air 2 à 3 fois plus élevée pour démarrer. De plus, ces imposantes machines, parfois bruyantes, sont installées loin des villes pour ne pas gêner la quiétude de leurs habitants. Reliées par de longs câbles électriques au réseau, elles nécessitent des travaux d’excavation coûteux, très consommateurs d’énergie fossile ; des déperditions d’énergie en ligne sont aussi à déplorer. A contrario, l’arbre à vent est silencieux et peut donc être « planté » à proximité d’habitations. Le plus petit modèle dispose de 72 feuilles : il permet d’alimenter en électricité l’équivalent d’un foyer de 4 personnes ou d’une quinzaine de réverbères avec ampoules Led. D’autres modèles plus puissants sont en projet et/ou déjà disponibles sur le marché.
A ce jour, deux arbres à vent sont en activité dans l’ouest de la France, un troisième sera planté tout prochainement à Paris ; la capitale, aux pics de pollution récurrents, veut montrer qu’elle reste dans le vent en matière de Cleantech…
Un trottoir qui « absorbe » la pollution automobile,
Ou lorsque des dalles de béton permettent de dégrader les gaz toxiques issus des véhicules automobiles ! On connaissait les bétons alvéolés, étanches, ignifuges, isolant phoniques,… ; on découvre aujourd’hui un béton avec un effet « purifiant » sur l’air ambiant, en raison d’une composition chimique intègrant des molécules de calcaire ! Lorsque ces dernières entrent en contact avec les gaz d’échappement automobiles retombés au sol, elles se comportent comme des agents oxydants : une réaction chimique d’oxydoréduction en découle, qui transforme ces gaz en chlorure de sodium (sel)… La plus grande force de ce béton est de s’attaquer aux gaz toxiques les plus dangereux pour la santé humaine : citons les particules fines (HC) issues des émissions des moteurs Diesel – responsables de pathologies respiratoires graves – et le dioxyde d’azote (NO2), 16 fois plus toxique que le monoxyde de carbone (CO) – composant principal du brouillard rougeâtre qui plane à basse altitude…
Ce produit breveté, baptisé Eco-Granic, a demandé à son concepteur quelques années de recherche, afin d’être avalisé pour son efficacité. Récemment, des dalles expérimentales ont été posées sur un trottoir devant l’entrée d’une école publique, située dans une ville de 43’000 habitants. A l’issue d’une campagne de mesures de plusieurs mois, la pollution à hauteur d’homme (1m50) a baissé de 80% ; les résultats définitifs seront publiés prochainement mais on peut d’ores & déjà estimer qu’ils sont très encourageants…
Certes, la fabrication de ce béton « purificateur » est plus coûteuse que celle d’un béton classique. Pour autant, il ne saurait résoudre la question de la pollution des villes ; il faudrait pour cela recouvrir des milliers de kilomètres de trottoirs. Néanmoins, dans des zones passantes ou des quartiers fréquentés, ce dispositif permettrait d’améliorer localement la qualité de l’air respiré ; ce ne serait pas un luxe pour nombre de personnes âgées & enfants, aux difficultés respiratoires récurrentes. Certaines villes l’ont bien compris et n’ont pas attendu le déluge pour se lancer dans une démarche efficiente ; citons Marseille & ses arrêts de bus, Lyon & ses quais de tramway, Tarbes & ses trottoirs devant les écoles.
Autre atout de ce smart concrete (« béton intelligent ») pour villes asphyxiées : il est autonettoyant ! En l’occurrence, tout ce qui est organique est irrémédiablement dégradé à son contact. Prenez une tache d’huile ou de mazout : elle disparaîtra d’elle-même en quelques semaines ; de quoi redonner le sourire aux agents municipaux, soucieux de la propreté de nos voiries. En revanche, le fabricant ne précise pas la durée de vie de son produit, ni son degré de performance au fil du temps ; souhaitons déjà qu’il soit 100% recyclable et peu consommateur d’énergie primaire…
Ingéniosité rime aussi avec efficacité !
Vue sous cet angle, l’ingéniosité développée par l’homme pour rendre son quotidien plus sain, ne peut qu’être louée. Pour autant, penser que ces solutions viendront contrebalancer notre dépendance aux combustibles fossiles & leurs conséquences sanitaires désastreuses, est un doux rêve : elles ne sont que de micro-rustines sur une toile de montgolfière percée ! Pour rester dans la métaphore, rappelons-nous que ce n’est pas la queue qui remue le chien…
Nonobstant, à travers les âges, l’être humain aura su affronter les divers problèmes rencontrés sur son chemin de vie, démontrant des qualités de créativité, d’ingéniosité & d’adaptation. Aidé par la science & la technologie, il en aura souvent trouvé la parade, parfois à ses dépends mais au prix du temps. Souhaitons que l’hôte terrien qu’il est, ne tarde pas à enrayer l’inexorable changement climatique qu’il a induit ; car il en va de la survie de sa descendance…
Christophe Royer, Expert pour le magazine Le Monde Economique et Directeur Exécutif au sein du Bureau d’Ingénieurs-Conseils Swiss Energy Efficiency Sàrl.