Quoi qu’en pensent certains, on ne fixe pas le prix de vente de son entreprise à la tête du client (par exemple en fonction des moyens financiers plus ou moins importants des repreneurs !!!).
On ne fixe pas non plus le prix de vente de son entreprise en fonction de l’argent que l’on a investi dans son entreprise
ou des années de labeur peu rémunérées.
On ne fixe pas non plus le prix de vente de son entreprise en fonction du prix d’une entreprise vendue il y a quelque temps dans votre secteur. Même si l’entreprise vendue avait le même chiffre d’affaires, elle n’avait sans doute pas la même rentabilité et la même stratégie et le même potentiel de croissance.
Prendre comme référence le prix de vente des grandes entreprises cotées en bourse n’est pas plus non une bonne idée. Vous serez pris comme un farfelu par les repreneurs et les banques car il ne s’agit pas du même marché.
On ne fixe pas plus le prix de vente de son entreprise en fonction de l’offre et de la demande. Ce n’est pas parce qu’il y a peu d’entreprises à vendre que vous pouvez vendre chère votre entreprise mais l’inverse est aussi vrai : s’il y a beaucoup d’entreprises à vendre cela ne signifie pas nécessairement que votre entreprise doit être sous-valorisée.
Alors existe-t-il des critères objectifs ou des méthodes rationnelles qui permettent de fixer le prix de vente de son entreprise ?
Et bien oui et non.
J’aimerais vous dire une chose très importante et issue de mon expérience.
J’ai remarqué que le prix d’une entreprise évolue dans le temps mais en plus pas de manière linéaire.
Le prix que vous avez fixé l’an passé ne correspond plus au prix sur lequel vous pourriez-vous fixer aujourd’hui ni à celui que vous pourriez fixer l’année prochaine.
La courbe de prix d’une entreprise n’est pas comme celle d’un produit qui a la forme d’une parabole avec un point haut au stade de maturité avant d’atteindre le déclin.
Pour une entreprise la courbe de valeur est plus instable et moins régulière : elle fluctue en fonction de cycles liés à des aspects macro économiques (conjoncture, changement de réglementation, politique de crédit, politique d’investissements au niveau public et des grandes entreprises,…).
La courbe de valeur d’une entreprise fluctue aussi en fonction d’aspects micro économiques liés à la vie de l’entreprise elle-même, à la stratégie que vous avez en mis en place qui rapporte plus ou moins ses fruits.
Et ce que j’ai remarqué c’est qu’au final ce ne sont pas les aspects macro économiques qui sont les plus importants mais plutôt les aspects liés à l’entreprise.
Je vais vous expliquer pourquoi.
Vous vous rappelez je vous ai dit qu’une entreprise n’est pas un produit comme les autres. Je le confirme mais il s’agit tout de même d’un produit.
Et comme tout produit votre entreprise doit innover en permanence si vous voulez que sa valeur continue de croître.
Si je prends par exemple le cas d’une entreprise au stade maturité, vos équipes restent très motivées, vos résultats sont bons et vos ventes continuent à croître, mais vos concurrents imitent vos produits ou services de plus en plus, le niveau de qualité des produits ou services concurrents augmente tandis que la concurrence sur les prix devient de plus en plus aigu.
Vous devez donc vous renouveler en permanence :
Votre entreprise doit donc idéalement être mise sur le marché avec une fenêtre de tir favorable qui prend en compte la courbe de croissance de votre entreprise.
Et on sait que la fenêtre de tir est la bonne lorsque sa rentabilité est en croissance depuis quelques années et devrait l’être encore plusieurs années, que vos produits ou services n’ont pas encore atteint le stade de maturité ou l’ont atteint depuis peu de temps.
Si vous comprenez bien cette notion, vous partez sur de bonnes bases et même si vous êtes un mauvais vendeur vous pourrez recevoir des propositions sérieuses de reprise parce que les repreneurs seront convaincus que votre entreprise a un potentiel de croissance important.
Mais il y a autre chose que vous devez aussi savoir : un repreneur n’achète pas une entreprise ou un investisseur n’investit pas dans une entreprise en fonction de son passé, du temps et de l’argent que vous avez investi, ni en fonction de son présent de ses résultats actuels mais en fonction de son futur et de son potentiel de croissance.
C’est ce potentiel qui justifiera qu’il accepte de payer un prix élevé pour votre entreprise et rien d’autre.
Vous pouvez influer de manière positive sur cette fenêtre de tir en créant les conditions propices à sa mise en place.
Dans un instant, je vais vous révéler 6 conseils d’experts pour mettre en place cette fenêtre de tir favorable :
1er conseil : Mettez à jour les documents de l’entreprise.
Bien trop souvent, des entreprises sont mises sur le marché avec une comptabilité comprenant des erreurs parfois grossières, des documents de secrétariat juridique inexistants depuis des années.
Idéalement, obtenez une révision de votre bilan par un professionnel indépendant de votre comptable. Cela peut être coûteux mais rend toujours votre entreprise plus attrayante.
2e conseil : Protégez votre propriété industrielle
Prenez le temps de faire enregistrer le nom de votre entreprise, les marques des produits que vous vendez. Si vous avez mis au point des produits qui nécessitent des années de recherche, pensez à les protéger et pas au dernier moment avant de vendre votre entreprise !
Parfois les repreneurs découvrent qu’ils distribuent un produit qui a déjà été recopié par des concurrents !!!
3e conseil : Assurez-vous que l’entreprise ne dépend pas de vous
Une entreprise qui dépend des talents ou de l’expertise du chef d’entreprise qui est en contact direct avec tous les clients sera difficile à vendre.
Si une entreprise repose moins sur le chef d’entreprise, il est possible d’en tirer un prix plus élevé.
4e conseil : Connaissez la valeur minimale de votre entreprise
Une des premières choses que vous devez faire avant de vous engager dans un processus de transmission est de connaître la valeur minimale de votre entreprise. Pour ce faire vous devez prendre un expert en évaluation d’entreprise qui est indépendant de votre entreprise. L’une des erreurs grossières est de prendre votre comptable ou votre fiduciaire pour faire ce travail. Une expertise est par définition effectuée par une personne neutre qui n’a pas géré ou conseillé l’entreprise par le passé.
5e conseil : Faites un diagnostic économique de l’entreprise
Une expertise financière vous donne la valeur minimale de votre entreprise à un moment T. Faire réaliser un diagnostic par un professionnel indépendant vous permettra de connaître la performance de votre entreprise sur une période définie par exemple les 3 ou 5 dernières années. Pour un repreneur ou un investisseur la valeur d’une entreprise s’apprécie par rapport à une tendance positive ou négative. Il pourra proposer une valeur élevée si les perspectives sont bonnes ce que mettra en valeur le diagnostic.
6e et dernier conseil : Sortez les cadavres du placard
S’il y a une chose que déteste les investisseurs et repreneurs c’est de découvrir des mauvaises surprises pendant les audits. Quels que soient les cadavres que vous avez dans le placard, vous devez être prêt à en parler avant qu’un repreneur ou investisseur ne les découvre. Plus vous tardez à le faire plus votre contrepartie sera méfiante. Si vous êtes impliqué dans des litiges tentez de les résoudre au maximum avant l’opération, y compris par la voie amiable si elle est rapide.
Maintenant vous savez ce qu’il faut faire pour fixer le prix de vente de votre entreprise.
Par Fabrice Langeen Co-rédaction avec Actoria