Photo © Totup
Une étude menée par l’Université de Saint-Gall a mis en lumière une réalité préoccupante : les familles suisses consacrent une part disproportionnée de leurs revenus pour obtenir une place en crèche. En effet, plus de 30% du revenu familial est alloué à cet aspect, représentant ainsi un fardeau financier considérable pour de nombreuses familles. Comparativement, la moyenne pour le reste de l’Europe se situe autour de 16%, soulignant ainsi une disparité significative.
Cette situation met en évidence les défis auxquels sont confrontées les familles suisses en matière d’accès à des services de garde abordables et de qualité, ce qui peut avoir un impact notable sur leur bien-être financier ainsi que sur leur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.
Selon Kristina Babina, fondatrice du réseau de crèches Totup, « le coût élevé des places en crèche en Suisse ne découle pas nécessairement d’une pénurie de places, mais plutôt des normes rigoureuses imposées aux établissements de garde d’enfants ». Ces normes strictes, bien qu’ayant pour objectif de garantir la qualité et la sécurité des services de garde, peuvent également contribuer à alourdir les coûts opérationnels des crèches privées, ce qui se répercute sur les tarifs facturés aux familles. En outre, il est aussi crucial de revoir ces normes en réponse à la pénurie de personnel qualifié sur le marché. Cette pénurie, exacerbée par des exigences réglementaires élevées, limite la capacité des crèches à recruter et à retenir les talents nécessaires pour fournir des soins de qualité.
Seulement, pour Kristina Babina, « l’assouplissement des normes ne doit pas être perçu comme une compromission de la qualité, mais plutôt comme une opportunité de repenser et d’adapter les réglementations pour mieux répondre aux besoins des familles tout en garantissant des standards élevés ». D’ailleurs pour elle, un assouplissement des normes devrait aller de pair avec un renforcement des contrôles qui pourraient inciter les acteurs du secteur à l’excellence et à écarter toute pratique nuisible à la qualité des services. Ainsi, plutôt que de compromettre la qualité, un renforcement des contrôles contribuerait à améliorer les normes et la réputation globale du secteur des crèches privées en Suisse.
De manière similaire aux normes rigoureuses imposées, il y a également une autre inégalité liée aux subventions. En effet, les crèches publiques bénéficient de subventions et les salaires de leurs employés sont pris en charge par l’État, ce qui représente un avantage financier considérable par rapport aux crèches privées. Le cas de Genève est assez emblématique où, dans le cadre des conventions collectives de travail (CCT) dans le secteur public, l’Etat propose une grille salariale légèrement plus élevée, avec une indexation obligatoire chaque année et une répartition des charges sociales de 70% à la charge de l’employeur et 30% à celle de l’employé. En comparaison, dans le secteur privé, bien que les grilles salariales soient généralement un peu plus basses, il est important de souligner qu’elles demeurent supérieures au salaire minimal, avec des salaires variant entre 4500 et 6000 CHF pour les employés du secteur privé.
Cependant, bien que cette mesure parte d’un bon sentiment, elle est perçue comme une injustice par les crèches privées, car elle ne tient pas compte de critères essentiels tels que la qualification, la compétence et d’autres facteurs propres à chaque employé. En conséquence, les crèches privées se retrouvent dans une situation délicate où elles doivent jongler avec différents paramètres pour assurer la viabilité de leur entreprise tout en garantissant un traitement équitable et compétitif à leur personnel. Certaines crèches privées telles que Totup mettent souvent en place des mesures incitatives pour attirer des meilleurs talents au-dela du salaire : Le personnel de Totup par exemple bénéficient d’un abonnement fitness à 20 CHF/mois, un abonnement téléphonique corporate, des conseils gratuits en taxation, des repas et snacks offerts, un rabais de 30% pour la crèche pour les employés, ainsi qu’un plan de carrière et de gestion des talents.
Ainsi, pour garantir une concurrence équitable et un traitement équitable pour tous les employés du secteur, il est nécessaire, par exemple à Genève, de revoir la convention collective, de faire asseoir tous les acteurs (publics et privés) et de penser collectivement à une solution viable qui garantisse un accès équitable aux services de garde.
Il est toutefois important de souligner que certaines crèches privées bénéficient également de subventions. Cependant, le revers de la médaille de cette situation réside dans les conséquences de la dépendance aux subventions. En effet, les crèches privées subventionnées sont souvent contraintes de suivre des protocoles et des directives imposées par les communes ou les comités de fondation. Par exemple, ces crèches doivent réserver des places aux enfants de la commune sur laquelle elles sont installées et ne doivent pas poursuivre de but lucratif, ce qui peut limiter leur liberté de gestion. En revanche, les crèches privées non subventionnées doivent supporter elles-mêmes tous les coûts.
L’impact de cette disproportion est particulièrement lourd pour les crèches privées qui ne bénéficient pas de subventions. Elles se retrouvent dans une situation difficile où elles doivent respecter les mêmes normes rigoureuses que les crèches publiques, mais sans le soutien financier correspondant, ce qui augmente considérablement leurs dépenses opérationnelles. Par conséquent, elles sont contraintes de facturer des tarifs plus élevés aux familles pour couvrir ces coûts supplémentaires.
Cependant, ni la fondatrice de Totup ni aucun autre acteur du secteur qui ne bénéficie pas de subventions, ne désirent en aucun cas de l’aumône, mais plutôt une meilleure harmonisation des normes afin que chacun puisse travailler sereinement.
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