Accorder ces deux éléments, culture et innovation,est un défi majeur qui se propose aux dirigeants. La complexité principale relève du fait qu’il est à la fois paradoxal et naturel.
Paradoxal, parce que ces deux notions font appel à un rapport au temps antinomique. Le passé et le futur.
Naturel, parce que c’est sur la succession de ces temps que se sont construites nos civilisations.
L’innovation revoie au futur et à son anticipation. Elle est un enjeu capital pour le développement et la prospérité de l’entreprise, ou pour le moins pour sa survie.
Elle nécessite une analyse et une compréhension des changements intervenant dans le mouvement du temps, représenté par le passage du passé au présent, ainsi que d’une projection de l’évolution de ces mêmes changements du présent vers le futur.
Ces derniers étant à l’origine des mutations technologiques et des marchés potentiels, ils définissent par conséquent les stratégies nécessaires à la performance.
Hors, l’accélération incontestable de ces transformations au cours de ces dernières années non seulement rend la projection dans le futur et son anticipation de plus en plus complexe, mais réduit de fait le temps possible pour l’analyse et l’adaptation, obligeant à plus de souplesse et à une plus grande réactivité.
Là où il y a vingt ans, les stratégies et la vision s’établissaient à dix ans, ce délai est aujourd’hui établi sur 3 ou 5 ans, voir moins suivant le domaine d’activité.
Nous pourrions croire que tout ceci n’a d’incidence que sur le présent ou le futur. Mais dans les faits, cela modifie la perception du passé.
Ces changements perpétuels, qui ne sont en fait qu’un mouvement, influencentet modifient notre perception du réel, et viennent interroger ou mettre à mal les convictions que nous avons bâties sur nos expériences, qui ne peuvent être, par définition, que passées.
Ces expériences, desquelles nous avons déduit croyances et valeurs, sont l’un des socles de notre culture, cet élément indispensable et incontournable qui a fait de nous ce que nous sommes et qui nous a permis de nous construire et de nous structurer.
C’est en cela que le mouvement et son accélération génèrent dé facto de l’incertitude et de l’insécurité, en venant toucher les identités profondes, que ce soit celle de l’individu ou celle de l’entreprise.
Vu sous cet angle, S’il est incontestable que la pérennisation et la réussite passent par une vision pertinente du futur qui autorise à mette en adéquation innovation et marché, il n’en reste pas moins vrai que cette projection permanente dans un temps qui n’existe pas encore a des effets angoissants et insécurisant pour les individus et les équipes. Effets qui sont la source de perte d’énergie, de créativité et d’efficacité néfaste à la rentabilité.
Il en ressort l’impératif pour les dirigeants de conjuguer dans le présent la vision et la culture.
Il s’agit en fait d’un travail de funambule ; s’appuyer sur des repères solides qui permettent aux personnes de se situer et se sécuriser dans le « connu », tout en permettant aux différentes cultures de se conjuguer à celle de l’entreprise pour l’enrichir et la faire évoluer.
C’est cetteréflexion qui va permettre d’apporter aux individus, et par voie de conséquence à l’entreprise, le sens tant recherché. Il faut entendre le mot sens dans deux des acceptations de ce terme.
Sens en tant que direction : Un chemin qui prend sa source dans le passé et qui va vers l’avenir
Sens en tant que signification : Le pour faire quoi ? Que ce soit l’innovation, la mission ou la tâche quotidienne, dans quel ensemble s’inscrit elle ?
Les bénéfices de la démarche pour une entreprise sont à la fois :
Economiques, en permettant un gain de temps, notamment lors des phases de changement.
Concurrentiels, en favorisant la création et l’émergence d’idées nouvelles.
Sociaux, en permettant à chacun de donner un sens à ses actions et à se sentir utile.
Sociétaux, en développant l’attractivité de l’entreprise et sa place dans son environnement.