La notion de projet nous invite à nous replonger dans nos souvenirs d’enfance. Par exemple, lorsque nous étions décidés à construire notre propre cabane, pour ensuite tout faire pour transformer cette idée en projet, ou encore, de rechercher des solutions pour récolter des fonds, afin que la classe puisse financer sa course d’école. Cela révèle cette volonté de se fixer des objectifs et tout mettre en œuvre pour les accomplir dans les meilleures conditions.
Bien que ces jours lointains nous rappellent d’heureux souvenirs, ils matérialisent surtout des compétences acquises, peut-être restées implicites, mais présentes dès le tout jeune âge. Nous pourrions en déduire que toute personne possède déjà certains éléments de la gestion de projets. Ces mêmes personnes qui participent, au sein de leur entreprise, à son développement.
Le monde globalisé actuel, à travers de nombreux facteurs (complexité croissante des situations, l’augmentation des connaissances, des cycles d’innovation raccourcis, etc.) sollicite et influence les entreprises. Le management de projets devient ainsi un enjeu, une méthode incontournable pour leur évolution et développement. Les projets stratégiques, comme des projets plus simples représentent dès lors des investissements importants. La maîtrise de ces derniers nécessite autant une vision d’ensemble, une méthodologie, ainsi que des ressources adéquates. Au niveau des ressources humaines, posséder les compétences nécessaires au bon moment est une clé du succès, ceci tout en leur conférant les moyens et pouvoirs appropriés pour les placer dans des conditions de réussite.
Dans la réalité, combien d’idées se transformeront en projets, ceci sans aucune réflexion approfondie ? Combien de temps sera-t-il utilisé pour la création d’une équipe compétente, pour le développement d’une planification et de sa mise en place ? Combien de projets vous feront payer relativement cher l’insuffisance de préparation ?
Dernièrement, je lisais dans le journal « Le Temps » du 13.06.2012, un article faisant référence à deux projets publics situés dans le canton de Fribourg. Ce dernier mettait en évidence le surcoût de 31,6 millions d’un projet en cours de réalisation, celui du pont de la Poya. Il mentionnait également le surcoût de 80 millions de la route de contournement de Bulle. Dans cette optique, quels sont les enseignements à en tirer ? La réussite d’un projet se jouerait-elle déjà avant le projet ?
Dès lors, il paraît important, qu’au vu des investissements, une culture de la gestion de projets soit développée au sein de l’ensemble de nos diverses institutions. Nous avons certes tous des connaissances de la gestion de projets, mais sont-elles suffisantes ? J’ai moi-même en tant que Chef de projet acquis du savoir faire de mes prédécesseurs, était-il suffisant ? De nombreux collaborateurs apprennent les rudiments de la gestion de projets en s’inspirant de collègues plus expérimentés ? Quelles sont leurs références théoriques ?
La mise en place d’une telle culture se construit notamment à partir de la direction, jusqu’aux collaborateurs. Elle se traduit par une vision globale. Elle donne du sens. Elle permet d’anticiper. Elle utilise les méthodes de la gestion de projets. Elle améliore la coordination et la communication. Elle amplifie l’esprit d’équipe et l’approche transversale.
Dans ce sens, il semble opportun que chaque collaborateur, tous secteurs confondus, suive par exemple une formation de base sur la thématique, ceci avant toute participation à un projet. Former dès le départ ses collaborateurs au management de projets favoriserait la vue d’ensemble, la maîtrise des objectifs, des délais et des coûts, ainsi que leur satisfaction dans le travail, tout en renforçant la confiance du client. Pour l’entreprise, elle renforcerait sa flexibilité, sa capacité à s’adapter et à répondre aux nombreux défis que nous réserve l’avenir, tout en gagnant du temps et de l’argent.
Bruno Morchetti, Consultant pour le magazine Le Monde Economique et Directeur deImpulse Management