Dans un monde marqué par des crises successives et une incertitude croissante, les dirigeants d’entreprise doivent repenser leurs modèles de gouvernance. Olivier Hamant, chercheur à l’INRAE, met en garde : « l’excès de contrôle nous a fait perdre le contrôle« .
Ce constat, renforcé par d’autres chercheurs comme Patricia Crifo, professeure à l’Ecole Polytechnique, souligne que les approches traditionnelles axées sur la performance pure et le contrôle rigide sont devenues inadaptées.
1. Une vision réductrice de la performance
Pour Olivier Hamant, la performance, c’est la somme de l’efficacité (atteindre son objectif) et de l’efficience (avec le moins de moyens possible). Une vision étriquée du monde. Choisir LA performance, c’est choisir LA solution optimale, donc une voie unique. Une destination unique par la compétition, parfois en flux tendu. Vaincre ou mourir. Cependant, cette approche ignore les externalités négatives (environnementales, sociales) burnout, fraude et dérives. Patricia Crifo explique que cette vision étroite peut conduire à des conflits d’intérêts internes et à une perte de cohésion stratégique.
2. L’illusion du contrôle absolu
Hamant souligne que l’hypercentralisation du pouvoir et le micromanagement freinent l’innovation et l’adaptabilité. En cherchant à tout contrôler, les dirigeants rigidifient leurs organisations, les rendant incapables de répondre efficacement aux fluctuations imprévues. Les modèles linéaires basés sur la prédictibilité sont obsolètes. Les entreprises doivent désormais naviguer dans un monde où les variables sont multiples et interdépendantes.
Une gouvernance moderne doit intégrer des principes de flexibilité et de résilience pour permettre aux organisations de prospérer dans un contexte incertain. Comme le souligne une étude publiée par Ad Valoris, une bonne gouvernance ne se limite pas à la gestion des risques ; elle favorise également l’innovation et la collaboration en période de crise.
Quelles solutions pour s’adapter ?
1. Adopter une gouvernance participative
Encouragez vos collaborateurs à prendre part aux décisions stratégiques. Par exemple, des entreprises comme Target impliquent leurs employés via des sondages réguliers pour capter des idées innovantes issues du terrain. Cette approche renforce non seulement l’engagement mais aussi la pertinence des décisions.
2. Investir dans la formation collaborative & les Soft Skills
Formez vos équipes aux compétences comportementales comme l’écoute active, la gestion des conflits ou le travail en réseau. Ces compétences sont essentielles pour renforcer la coopération entre départements ou partenaires externes, tout en réduisant les silos organisationnels.
3. Favoriser la robustesse plutôt que l’efficience
Olivier Hamant prône un modèle inspiré des écosystèmes naturels : privilégiez la redondance (plusieurs solutions pour un même problème), l’hétérogénéité (diversité des profils) et l’expérimentation. Par exemple, autorisez vos équipes à tester différentes approches sans craindre l’échec.
Les temps qui viennent exigent une rupture avec les modèles traditionnels basés sur le contrôle rigide et la compétition interne. En adoptant une gouvernance flexible et collaborative, les dirigeants peuvent transformer l’incertitude en opportunité. Bâtir des organisations résilientes, capables non seulement de survivre mais aussi de prospérer dans un monde en mutation.
Pour en savoir plus : Outils collaboratifs | Soft Skills | Nouveaux modèles de Gouvernance
Retrouvez l’ensemble de nos articles Inside