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Par Clément Inbona, Fund Manager, et Olivier de Berranger, CIO, La Financière de l’Echiquier
Depuis mi-juin dernier, les actions de la zone euro semblent avoir débuté un léger mouvement de correction. Mais peut-être n’est-ce qu’une saine respiration ? L’Euro Stoxx 50 a ainsi abandonné près de 4% entre le 17 juin et le 8 juillet dont plus de 2% sur cette dernière journée. Cela signe-t-il pour autant la fin de la fête amorcée en novembre 2020 avec l’arrivée des premiers vaccins contre le Covid ?
Après un rallye de plus de 40% en quelques mois, une respiration ne serait guère surprenante. Depuis novembre dernier, l’alignement de planètes était tel qu’un autre scénario pouvait paraître difficilement envisageable. Politique monétaire extrêmement accommodante, dépenses budgétaires inédites, perspectives de rebond des profits des entreprises, réserves d’épargne prêtes à être dépensées, mais surtout retour de la confiance d’agents économiques usés par des mois de déprime : les ingrédients pour composer un cocktail haussier étaient réunis.
Mais depuis quelques semaines, certaines fausses notes ont intégré la partition. La faute à trois éléments de nature anxiogène. Aux Etats-Unis la Fed commence à préparer les marchés à la fin du torrent de liquidités. Certes, cette trajectoire n’est évoquée qu’à demi-mot, mais l’inflexion est là. Par ailleurs, il semble que l’euphorie économique de la réouverture s’étiole progressivement. Il n’est pas question de ralentissement mais les bonnes surprises économiques se font plus rares. La transition d’une reprise forte vers un cycle de croissance plus mesuré s’esquisse. Enfin, le variant delta nous rappelle tous les jours que les problématiques sanitaires ne doivent pas être écartées. Bien que les campagnes de vaccination constituent une digue solide contre une nouvelle vague, celle-ci n’est pas parfaitement étanche. La situation du Royaume-Uni l’illustre bien. Malgré un taux de vaccination parmi les plus élevés au monde, le nombre de cas ne cesse de croître. La vaccination protège relativement bien des cas les plus sérieux de Covid, mais elle permet seulement d’endiguer la diffusion d’une mutation virulente. Et dans une économie globalisée où les chaînes de production sont interdépendantes géographiquement, une poussée épidémique sévère reste de nature à gripper la reprise, provoquant délais supplémentaires et hausse des coûts. Cette hypothèse semble plus plausible pour les pays émergents où les campagnes de vaccination sont moins bien déployées que dans les pays développés.
Sous la surface des grands indices, on peut dresser un constat similaire. Alors que les investisseurs s’étaient rués vers les titres à la fois décotés et sensibles au cycle au premier trimestre, ils commencent à revenir sur les valeurs de croissance et peu dépendantes du cycle économique. C’est là aussi le signe qu’une certaine prudence anime les investisseurs pour les mois à venir.
Ainsi, plusieurs signaux de marchés invitent à davantage de prudence et de sélectivité en termes de titres ou de classes d’actifs. On ne saurait parler de gueule de bois… mais la petite ivresse qui berçait les investisseurs commence à se dissiper.
Rédaction achevée le 09.07.2021
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