DEBUTS AFRICAINS DE LA NOUVELLE PRESIDENCE DE LA COMMISSION EUROPENNE

16 janvier 2020

DEBUTS AFRICAINS DE LA NOUVELLE PRESIDENCE DE LA COMMISSION EUROPENNE

Par Dessy Damianova

2019 était une année d’élections pour l’Union Européenne. Un nouveau Parlement et une nouvelle Commission ont été élus à la suite du scrutin qui s’était tenu en mai dernier dans chacun des pays membres de l’UE. Proposée lors d’un sommet extraordinaire, la candidature d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne a été validée en juillet par le Parlement à Strasbourg et quelques mois plus tard, le 1 décembre, prenant officiellement ses fonctions, l’Allemande devenait la première femme dirigeante de l’UE.

Mais les « premières » ne se sont pas arrêtées là. Moins d’une semaine après son investiture, Madame von der Leyen s’embarquait vers une destination jusqu’alors inhabituelle pour un premier déplacement hors UE de chef/fe de la Commission européenne : l’Afrique. A Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie et siège de l’Union Africaine, la dirigeante de l’UE a voulu donner un signal fort de l’importance du Continent noir pour les Européens du 21 siècle.

Quand l’Union Européenne se rapproche de l’Union africaine. 

La présidence Juncker avait déjà cherché à renforcer la coopération avec l’Afrique. Par la promotion d’un vaste plan d’investissement et d’un « nouveau partenariat » à travers l’Alliance Afrique- Europe, l’UE visait la création de 10 millions nouveaux emplois dans différents pays du Continent noir. La nécessité de voir comment ce partenariat fonctionne sur place et quelles seraient la raisons de sa relative stagnation a fourni à d’Ursula von der Leyen le prétexte concret de sa visite à Addis Abeba, le cœur de l’Union Africaine (UA) : « Je souhaite savoir quels sont les projets qui fonctionnent. Quels sont ceux qui ne marchent pas. Autrement dit : séparer les vrais succès des tigres de papier. », a déclaré la présidente de la Commission Européenne.

Opposée tant à une prolifération des « tigres de papier » qu’à la profusion des rhétoriques grandiloquentes auxquelles ont souvent recours d’autres responsables européens, femme efficace, déterminée et centrée sur l’essentiel, Mme von der Leyen veut que le partenariat avec l’Afrique fonctionne vraiment et qu’il donne de vrais fruits.

Ex-ministre allemande de la défense, Mme von der Leyen a placé son mandat sous le double signe de la géopolitique et de la lutte contre le changement climatique. Or, l’Afrique est le continent qui, plus que tous les autres, incarne et réunit ces deux impératifs. Subissant de plein fouet les conséquences du réchauffement alors qu’ils ne produisent que 3,8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les Etats africains sont parmi les pays les plus déterminés à combattre les causes du dérèglement climatique.

L’Afrique devient de plus en plus importante également de point de vue géopolitique. Courtisée de toutes parts et avant tout par la Chine, l’Afrique entretient des liens très étroits avec l’Europe et l’UE qui, son principal partenaire commercial (36% du commerce de marchandises) est également sa première source d’investissement (283 milliards d’euros) et d’aide au développement.

50 nuances du blanc : que symbolisait la couleur ivoire du tailleur porté par Ursula von der Leyen lors de sa visite en Ethiopie ?

Cela n’a échappé à personne : pour sa visite en Afrique, la Présidente de la Commission européenne avait choisi un tailleur blanc ivoire qui, au-delà de son exquise élégance, semblait porteur de signification. Dans ce message vestimentaire, certains ont cru lire un hommage à l’Afrique, terre de l’ivoire : c’était là probablement la première signification du blanc crémeux porté par Ursula von der Leyen. D’autres commentateurs ont préféré interpréter cette nuance comme du blanc cassé laissant entendre par là que l’attitude de l’Europe envers le Continent noir n’a jamais été d’une blancheur parfaite, jamais totalement exempte de l’ombre du profit économique et commercial. Les pratiques déloyales vont- elles cesser ou, au moins, vont- elles être plus strictement surveillées et encadrées, sous la présidence von der Leyen ? C’est ce qu’on espère. Au-delà des nuances, la couleur blanche affichée par la première femme à prendre la tête de l’UE symbolisait peut-être justement cela : un nouveau début.

Un tout nouveau départ – à la veille de la nouvelle décennie.

 

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