Photo: Nikita Singhal, et Filiberto Fabbro © Sustainable Investment
Par Nikita Singhal, Co-Head of Sustainable Investment and ESG, et Filiberto Fabbro, Research Analyst, Lazard Asset Management
Quantifier les économies de carbone réalisées grâce aux solutions climatiques et aux investissements dans la décarbonisation reste un défi pour les entreprises et les investisseurs. Se concentrer sur les émissions évitées – les réductions en dehors du cycle de vie d’un produit ou de la chaîne de valeur qui contribuent à une économie à faible émission de carbone – est une méthode émergente pour aider à mesurer les possibilités de réduction.
Cet article analyse les différents types d’évaluation des émissions évitées définies par des organisations telles que le World Resources Institute (WRI), l’état actuel des rapports des entreprises sur les émissions évitées et la manière dont l’engagement peut aider les investisseurs à comprendre le profil carbone d’une entreprise.
La mesure de l’impact environnemental nécessite l’utilisation de la comptabilité carbone par le biais du calcul et de la déclaration des émissions. Quatre champs d’application ou catégories d’émissions servent à cette fin. Les champs d’application 1, 2 et 3 facilitent la catégorisation et la mesure des émissions en faisant la distinction entre les sources d’émissions directes et indirectes (voir tableau 1).
D’autre part, le champ d’application 4, ou émissions évitées, est utilisé pour mesurer les réductions d’émissions obtenues grâce à l’utilisation de produits ou de services à émissions nulles/faibles par rapport à des solutions de remplacement généralement plus intensives en carbone (par exemple, la production d’énergie à partir de sources renouvelables par rapport aux combustibles fossiles). Les émissions évitées, comme leur nom l’indique, impliquent que les produits d’une entreprise peuvent potentiellement réduire les émissions, l’électricité et la consommation d’énergie tout au long de leur utilisation.
Les émissions du champ d’application 4 sont de plus en plus considérées comme une mesure clé pour évaluer l’impact positif d’une entreprise sur l’environnement et ses objectifs de réduction des émissions. En tenant compte des avantages en termes de réduction des émissions de carbone fournis par les produits ou les services, les émissions du champ d’application 4 permettent une évaluation plus complète de la contribution globale d’une entreprise à la lutte contre le changement climatique. À mesure que l’attention portée au changement climatique s’intensifie, les émissions du champ d’application 4 devraient jouer un rôle de plus en plus important dans l’élaboration des stratégies d’entreprise et la prise de décision en matière d’investissement.
Source : GHG Protocol : GHG Protocol, Lazard
Des méthodologies et des cadres de déclaration normalisés sont encore en cours de développement, ce qui peut entraîner des incohérences dans les données et les comparaisons entre les entreprises et les secteurs d’activité. Il y a principalement deux méthodes identifiées utilisées pour rendre compte des émissions du champ d’application 4 :
Actuellement, plus de 2’000 entreprises déclarent les émissions évitées grâce à des produits et services à faible teneur en carbone au CDP, une organisation qui gère la divulgation d’informations sur le climat à l’échelle mondiale. En examinant les données, nous avons trouvé des exemples tels qu’une entreprise industrielle qui fabrique des ascenseurs et des portes automatiques déclarant des émissions évitées de près de 50 gigatonnes d’équivalents CO2 (CO2e) sur la durée de vie de ses produits. Ce volume d’émissions évitées représente presque la totalité des émissions mondiales actuelles de CO2e, ce qui suggère que les entreprises risquent de surestimer les impacts positifs lorsqu’elles déclarent des émissions évitées. Pour éviter ce risque, les investisseurs devraient comparer leurs résultats à des scénarios d’émissions de référence pertinents.
L’intégration de méthodes de déclaration normalisées et la compréhension du contexte des déclarations faciliteront une évaluation plus précise des émissions évitées et permettront aux investisseurs de rendre compte correctement de l’impact environnemental positif de leurs investissements.
Dans le cadre des contrôles préalables des entreprises, il faut évaluer les émissions évitées déclarées sur la base de l’impact réel des gaz à effet de serre et de la qualité de l’information fournie. La transparence et la clarté dans les hypothèses sont essentielles concernant ces aspects :
La divulgation des sources et la mise à jour des fréquences des hypothèses sont essentielles à la précision des calculs du champ d’application 4. Si le calcul des émissions évitées d’une entreprise augmente plus rapidement que les taux de croissance du chiffre d’affaires global du groupe, cela peut indiquer une exposition croissante aux solutions climatiques.
Dans l’ensemble, nous pensons que l’intégration des émissions évitées sera bénéfique à la fois pour identifier les nouvelles opportunités de décarbonisation et pour mesurer les contributions environnementales positives des investissements.
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