DES LIVRES POUR LA RENTREE PROFESSIONNELLE

28 août 2016

DES LIVRES POUR LA RENTREE PROFESSIONNELLE

  • Quand on parle de livres de la rentrée, on pense toujours – rentrée littéraire oblige – « nouveautés », découverte de nouveaux titres et nouveaux auteurs. Et si pour une fois, au temps du retour au travail, on prenait un bon vieux classique comptant sur lui – plutôt que sur un tout nouveau polar – pour réintégrer en douceur son lieu de travail après les vacances ?
  • Enfin, ce sont là peut-être deux différentes conceptions des choses, la première voulant que la rentrée (littéraire ou tout autre) soit une rupture, une « nouveauté » par rapport à ce qui était avant la trêve des vacances et la seconde pensant ladite rentrée en termes de continuité, de doux retour à la même activité, au même réseau professionnel avec, comme seule nouveauté – une liste plus ou moins longue de bonnes résolutions.
  • Lire un bon classique à la fin de l’été aidera certainement à méditer ce thème de l’«éternel retour » et à prendre les choses avec philosophie. Mais pas seulement : les auteurs qu’aujourd’hui on appelle classiques, ceux qui ont su résister aux modes et s’imposer au point de durer dans le temps, d’être lus et relus pendant des décennies, n’apportent pas uniquement pure philosophie ou pure psychologie – aussi précieux que ces apports puissent être en termes de vérités éternelles ou de connaissance de l’homme. Les « grands » de la littérature parlent aussi, et cela d’une manière le plus souvent inégalée et inégalable, d’expérience humaine, de vie et de travail au quotidien, de défis à relever. Les difficultés et les épreuves que surmontent leurs personnages les rendent très proches de nous ; en découvrant ou en revisitant leur histoire, nous nous sentons comme faisant partie de la grande aventure humaine. Cela remplit d’énergie et de confiance et aide à dédramatiser certaines situations de stress et d’épreuve que l’on rencontre dans la vie réelle.
  • Or, pour beaucoup des gens actifs, la rentrée fait partie de ces situations éprouvantes que l’on peine souvent d’aborder avec la sérénité et la confiance nécessaires. La transition peut être difficile tant pour employés que pour employeurs et responsables d’entreprise. Pour qu’elle se réalise en douceur, en confiance, en sérénité et en grâce, quelques chapitres de ce qu’on peut appeler la bonne littérature, peuvent être d’un grand secours. Et tant mieux si l’action principale dans ces pages ait un rapport étroit avec les réalités du monde des affaires ou avec le monde du travail, en général.
  • Un grand classique est, dans ce sens-là, à recommander le plus vivement : la bonne « vieille » Saga des Forsyte de John Galsworthy. Certes, c’est un gros volume, impossible à lire dans les trois ou quatre semaines de la rentrée, surtout si celle-ci exige des efforts supplémentaires de rattrapage et une plus longue période de réadaptation. Mais on peut lire les Forsyte en tranches, pendant plusieurs rentrées : rappelons-nous qu’il y en a au moins deux pendant l’année. La Saga de Galsworthy, ce livre qu’on peut appeler « total », tant il mêle histoire de l’Angleterre avec chronique familiale, prose avec poésie, considérations économiques et financières avec romance et passion amoureuse, est vraiment la lecture par excellence de tous ceux qui, voulant prolonger leur évasion, préfèrent garder, en même temps, un pied ferme dans la réalité, avec tout ce qu’elle demande de « bon sens ».
  • La famille Forsyte décrite dans le célèbre roman vit (rappelons-le), quant à elle, les deux pieds bien posés sur le sol ferme de la réalité ; plus encore – cette dynastie de gros propriétaires immobiliers est l’un des piliers les plus solides de l’Angleterre. Regorgeant de bon sens (le même que, dans nos temps déjà post- modernes, David Cameron a qualifié de « great British common sense »), de flair pour les bonnes affaires, débordant de la passion de posséder toujours davantage d’argent et de biens immobiliers, les Forsyte entretiennent des rapports assez complexes avec tout ce qui, au contraire, ne relève pas du « bon sens » et de la rationalité, qui échappe à la prévoyance et au contrôle : les arts et surtout l’amour. C’est peut-être aussi pourquoi la romance qui naît entre deux des personnages et qui se poursuit sur fond de transactions, de conclusions de contrats et de nouvelles acquisitions, est l’une des plus belles en même temps que des plus bouleversantes dans toute la littérature mondiale. Ce roman qui oscille entre la « City » et les coins les plus romantiques du Regent’s Park dans un et même Londres victorien, qui tangue entre la prose et la poésie, la routine et l’envie de réinvention, peut certainement être une bonne lecture pour la rentrée.
  • Et si une autre bonne lecture était tout simplement un recueil de poèmes ? La poésie est-elle si incompatible avec l’univers des affaires et le monde professionnel ? Espérons que non – surtout pas aujourd’hui quand on parle tant de leadership inspirationnel, d’organisation visionnaire et de travail hautement motivé. Encore plus que la prose littéraire, la poésie élargit le champ de la vision, stimule l’imagination, libère la créativité, repousse les limites.
  • Comme le rapportent Les Echos, aux Etats-Unis, certains dirigeants utilisent la poésie comme une source d’inspiration. Ce serait le cas de Seth Goldman, fondateur de Honest Tea, une filiale de Coca-Cola ou de John C. Bogle, ancien CEO de Vanguard Group société de fonds commun de placement.

 

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